SAVOIE (Thollon les Mémises)


Le grenier au Nouy

Le grenier ou "chelo"en patois.

Dans le temps, souvent, le feu ravageait les maisons, hameaux, voire des villes! comme Sallanches par exemple...dont celui de 1840 qui marque un tournant dans son histoire. Sallanches est presque entièrement détruite et son passé architectural anéanti.
Las, les habitants des montagnes ont construits ces petits chalets pour y placer les biens les plus précieux. Habits, draps, papiers officiels, semences...On y trouve aussi stocké à part, les sacs de toile contenant la farine. Aux patères de bois fixés aux parois, le propriétaire y accroche ses plus beaux vêtements. Le pain y est entreposé sur une étagère mobile, suspendu au plafond.

Petit, massif, compact, résistant, le mazot savoyard - vient du Valais Suisse (ou raccard) - est un chalet miniature qui sert de grenier.

Une petite construction placée à une distance assez éloignée de l'habitation principale pour éviter qu'en cas d'incendie, le feu ne puisse atteindre ce bâtiment et ainsi sauvegarder ces biens si précieux placés dedans et les maigres richesses ménagères : confitures, salaisons, céréales, linge, trousseau de la mariée, papiers de la maison, habits du dimanche. Véritable coffre-fort savoyard, le grenier semble être un héritage de l'architecture germanique. Il est le seul édifice à recevoir une disposition horizontale des pièces de bois. Le grenier est assemblé par queues d'aronde, il est également démontable, souvent il possède un étage ou bien est bâti sur une cave contenant le cellier, les alcools et les tonneaux de cerises, prunes...en fermentations.

Il ne comporte qu'une seule et unique pièce. La porte, généralement cloutée, est fermée par une grosse serrure munie d'une clef en fer forgé. Remarquez la forme de la porte permettant de rentrer avec un sac sur les épaules.
Cette porte s'ouvre sur une allée centrale bordée de chaque côté par sept casiers ou "alous" destinés à contenir les céréales. Les alousAu-dessus de ces coffres et au long des parois, courent une ou deux rangées de rayons.
À l'origine le mazot était posé sur 4 grosses pierres surmontée chacune par une une large pierre plate. Ceci afin d'empêcher les rongeurs de pénètrer dans le grenier. Le mazot du Valais suisse est assemblé lui aussi par queues d'aronde. Il est surélevé sur de hautes pierres formant pilotis pour le préserver de la neige.

Et le raccard du Valais suisse? : Il ne faut pas le confondre avec " le grenier " qui lui ressemble étrangement mais qui n'a pas la même fonction. Le raccard s'apparente au fenil et au séchoir de céréales sur pied en attendant que celles-ci soient battues et dépossédées de leurs graines. L'intérieur du raccard s'organise par une aire de battage centrale entourée de chaque côté de compartiments destinés à la conservation des gerbes de seigle. Aujourd'hui le seigle à disparu et est remplacé par le foin récolté dans les prairies des alentours. Elles attendent leur maturation et surtout la baisse de leur hygrométrie. Le raccard est devenu un fenil. De même, on utilise le mot " mazot ", quand on n'arrive pas à le différencier de son petit frère "le raccard".

Ici, les mazots de la vallée font environ 3,50 mètres sur 4 mètres et sont surmontés de toits en ardoises ou tavaillons...
Beaucoup de ces mazots ont été longtemps délaissé depuis le début du siècle dernier alors qu'on connaissait moins d'incendies, mais depuis quelques années, les mazots retrouvent la côte auprès de beaucoup de monde...

   A l'ORIGINE

Très bien conservé, le grenier familial faisait à l'origine, parti intégrante de la miche (ou la remise) où l'on range les ustensiles, les outils de travail, parfois un petit atelier ou le tas de bois à sécher et à fendre.
Son ossature, constituée de colonnes et mantelée de planches disposées verticalement pour permettre à l'humidité de s'écouler dans le fil du bois. Ce grenier comme on peut le voir sur la photo disposait d'une partie inférieure en pierre servant de cave à légumes, où pommes de terre et carottes étaient couchées sur un lit de terreau et à l'abri de la lumière.

N'oublions pas les " cacatires " comme leur nom l'indique, situées au fond de la remise, plus "étanches" qu'au fond du jardin, à une ou deux places !