Culture, Patrimoine, Arts, Traditions, Folklore en Provence   




Art, culture et traditions

Vincent Van Gogh étouffe à Paris. Il part chercher le soleil à Arles. C'est là, dans cette ancienne cité de la Gaule romaine, ancrée aujourd'hui dans le delta du Rhône, que le peintre trouve la lumière qui va transformer son art. Il y réalisera, en quelques mois, deux cents tableaux et y invitera son ami Gauguin. Pour le peintre français, la rencontre de la Provence provoquera le même éblouissement. Au confins d'Arles, il peint le fameux tableau des Alyscamps : au fond de l'allée, le clocher de Saint-Honorat trempe dans un ciel finement rayé de jaune et de bleu. La nature est violente et colorée, les peupliers s'enflamment, les buissons s'empourprent.
Un peu plus tard, Van Gogh s'aventure dans le delta et découvre le village de Saintes-Maries-de-la-Mer et la Méditerranée. « La mer a une couleur comme les maquereaux, c'est-à-dire changeante, écrit-il à son frère Théo, on ne sait pas toujours si c'est vert ou violet, on ne sait pas toujours si c'est bleu car la seconde d'après, le reflet changeant a pris une teinte rose ou grise. » Au bord des plages de Saintes-Maries-de-la-Mer, lieux de pèlerinage et rendez-vous des gitans, ce peintre dessine la violence des flots et le reflet des voiles des bateaux.

Loin des vagues, la Provence devient bourgeoise. Aix-en- Provence, ville d'eau, ville d'art, a vu grandir Paul Cézanne au début du siècle. Plus tard, l'enfant du pays criera à ses amis peintres parisiens : « Vive le soleil qui donne une si belle lumière. » Successivement installé au nord-est de la ville ou au château noir, sur la route champêtre qui mène au petit village du Tholonet, Paul Cézanne peint les couleurs, les yeux rivés sur la montagne Sainte-Victoire. Même dégarni de sa couronne d'arbres, ce bloc de calcaire est lumière. La montagne se dresse, grise, bleue ou beige mais toujours majestueuse comme au bout du ciel.

Amoureux de sa terre natale, comme irrémédiablement attiré par elle, Paul Cézanne succombe aux charmes de l'Estaque, quartier de Marseille encore sauvage et industriel. « C'est comme des cartes à jouer, des toits rouges sur la mer bleue. » Dans ce quartier marseillais, où les usines parlent aux rochers, Paul Cézanne loue une petite chambre, à l'hôtel du château Bovis,au pied de la colline. C'est de là qu'il découvre le large panorama du golfe de Marseille et de ses îles. L'office de tourisme de Marseille et celui d'Aix ont suivi l'itinéraire du peintre. Ils ont tracé, dans chaque ville, un circuit des plus belles lumières. A Aix, un guide vous emmène peindre les paysages qui illuminent les toiles de Paul Cézanne.

Aux frontières des Bouches-du-Rhône, la Provence se fait plus verte mais plus discrète. Les peintres ont rejoint le Var et sont descendus au coeur de sa capitale : Toulon. Détruite durant la Seconde Guerre mondiale, puis reconstruite dans les années 50, la ville, où la Marine s'est installée, est devenue un lieu de transit des convois militaires. C'est, aujourd'hui, l'un des deux plus importants ports militaires français, avec Brest. Halte sur le quai Cronstadt, où l'on dispose de la plus belle vue sur la rade de Toulon. C'est là que le peintre naturaliste local du début du siècle, Louis Naterro, séduit par l'animation colorée du port posa ses « couteaux ». Comme dans sa toile Port de Toulon, on voit le mur de l'hôtel de ville, des personnages gais et bavards, les bâches des cafés et les voiles des bateaux.

La Provence longe la Méditerranée jusqu'à Saint-Tropez, aux portes de la Côte d'Azur. La lumière du midi fait ici évoluer l'école divisionniste (qui juxtapose des touches de ton pur sur la toile) vers une technique qui aboutira au fauvisme. La maison du peintre Paul Signac à Saint-Tropez devient l'escale des artistes tels que Henri Matisse et Francis Picabia, qui oseront toutes les extravagances.

La muse de Pagnol, Giono et Peter Mayle

Les couleurs de la lumière se sont ainsi promenées sur les pinceaux des plus grands peintres, servant aussi bien l'impressionnisme que le fauvisme. Mais elles ont aussi su se glisser entre les lignes de Marcel Pagnol, Jean Giono ou, plus près de nous, Peter Mayle. Leurs mots racontent le parfum de la garrigue, les Provençaux au parler franc et imagé, les troupeaux en transhumance Marcel Pagnol est né à Aubagne, ville de la céramique et de l'argile à l'est de Marseille, sur le cours Barthélemy, à l'époque où y passaient encore les ânes. Plus grand, il grimpe sur le dos du Garlaban, point culminant de la petite ville. Dans le quartier marseillais de la Treille, il écrit son enfance.
L'office de tourisme d'Aubagne a aménagé des sentiers sur les traces de l'enfant du pays. A travers la garrigue et le vol des grives, l'effroyable grotte « du vieux hibou », refuge du petit Marcel par temps d'orage, se devine dans la roche calcaire. Les sentiers sont parfumés de thym ; la bastide Blanche, maison de vacances de la famille Pagnol, trône, figée par le temps, sur sa colline de cailloux. Aujourd'hui, Marcel Pagnol se repose dans le cimetière paisible de la Treille.
A l'intérieur des terres, là où le Midi est plus courtisé et plus élégant, le Vaucluse se découvre comme une truffe noire cachée sous un chêne. Depuis l'immense succès d'Une année en Provence de Peter Mayle, sorti en 1990, les touristes du monde entier se baladent sur la trace des héros du journaliste britannique, grâce aux circuits élaborés par les agences de voyage de Cavaillon et le comité départemental du tourisme. Le livre décrit les personnages réels des petits villages du Lubéron : Cabrières, Bonnieux ou Bioux. Les hommes jouent volontiers aux boules, les pieds « tanqués »1 dans la poussière du midi.

« La pétanque possède son rythme personnel, même s'il est lent, explique Peter Mayle. On boit d'un air songeur une gorgée de pastis2, on fléchit les genoux, la boule décrit dans l'air une longue trajectoire, vient s'écraser à terre et roule dans un doux crissement jusqu'à l'endroit où elle s'immobilise. » Au milieu des étals des marchés de Cavaillon, capitale du melon, ou sur le marché d'Isle-sur-la-Sorgue, patrie du poète René Char, les Provençaux, sur fond de chant de cigales, s'appellent encore par des surnoms, plus taquins que méchants : «  mange-limaces » ou « suce-hareng ». Ici, les tomates se font appeler « pommes d'amour ».

Quant la Provence s'éloigne de la Méditerranée, elle part à l'est rejoindre le pays de Jean Giono, l'enfant du pays de Manosque. A peine franchie la Durance, cette eau qui donne aux arbres des vergers pleins d'abricots, de pêches ou de cerises, voici les plateaux de la haute Provence. C'est ici, entre Albion et Valensole, que court la lavande, véritable or bleu du Sud. Sur les terres des Alpes de Haute-Provence, l'air est plus rude. Dans la solitude des hauts plateaux, parfois même dans la neige insolente des hauteurs, Jean Giono cache ses héros et ses assassins.

Le comité départemental du tourisme des Alpes- deHaute-Provence a monté un circuit, des gorges du Verdon aux alpages de la rivière Haute-Bléone. Au cours de cette transhumance avec les bergers, qui a lieu cette année pour la première fois, du 10 au 18 juillet, vous rencontrerez peut-être un vieux pâtre, semblable à celui du Grand Troupeau. « Ses bêtes le suivaient lentement. Il y avait de l'herbe toute verte entrelacée aux jambes. Il y avait un gros rat qui marchait en trébuchant sur le dos des moutons. » Et vous pourrez chevaucher les routes de Manosque comme le bel Angelo du Hussard sur le toit, récemment porté à l'écran par le cinéaste français Jean-Paul Rappeneau.



  • 1. Du provençal tanco, « pieu pour fixer quelque chose », qui associé à pé, « pied » donna naissance à la « pétanque ».
  • 2. Boisson alcoolisée à l'anis, qui se boit avec de l'eau.

    Pour tout renseignement (hébergement, restauration, réservations,musées, festivals, guides, routes touristiques), s'adresser au :
    Comité régional du tourisme Provence-AlpesCôte d'Azur
    Espace Colbert, 14, rue Sainte-Barbe,
    13231 Marseille CEDEX 01.
    Tél : (33) 91 39 38 00.


    Où voir les peintres de la lumière ?

  • Fondation Van Gogh : 24 bis, rond-point des Arènes, 13 200Arles.
    Tél. : (33) 90 49 94 04.
  • Musée Granet : Place Saint-Jean- deMalte, 13100 Aix-en-Provence.
    Tél. : (33) 42 38 14 70. Pour les toiles de Cézanne.
    A voir également l'atelier de Cézanne : 9, avenue Paul-Cézanne, à Aix.
    Tél. : (33) 42 21 06 53.
  • Musée des Beaux Arts de Toulon : 113, bd du général Leclerc, 83100 Toulon.
    Tél. : (33) 94 93 15 54.
    Tableaux des XIXe et XXe siècles et importante collection de peintres locaux.
  • Musée de l'Annonciade : place Gramont, 83 990 Saint-Tropez.
    Tél. : (33) 94 97 04 01.
    Oeuvres des peintres néoimpressionnistes Signac et Seurat et toiles signées Rouault, Bonnard, Derain, Matisse et Braque.


    La Provence des saveurs

    « L'huile sert ici de beurre et j'appréhendais bien ce changement. Mais j'en ai goûté aujourd'hui dans les sauces et, sans mentir, il n'y a rien de meilleur », écrivait, au XVIIe siècle, Jean Racine à Jean de La Fontaine.
    La terre de Provence nourrit bien ses enfants : ici, il n'est pas rare de vivre plus de cent ans. Des études scientifiques révèlent les bienfaits de l'alimentation méditerranéenne, qui, de l'huile d'olive au poisson, protégerait ceux qui la pratiquent de certaines maladies cardio-vasculaires. Les produits du Midi - poisson, mouton ou agneau, tomates, courgettes ou aubergines - ne se laissent apprivoiser qu'avec des herbes aromatiques, sèches ou fraîches, comme le romarin, le basilic, le laurier, la ciboulette, le serpolet, le fenouil, la menthe, la marjolaine, le thym, le safran, la sariette et l'ail, plante aux nombreuses vertus venue d'Asie centrale. Les vieilles dames provençales disent de cette gousse qu'elle revigore, guérit le rhume, l'arthrite, l'excès de cholestérol et même la mélancolie ! On dit aussi que l'ail prolonge la vie tout comme l'huile d'olive.

    C'est pourquoi les grands classiques de la cuisine méditerranéenne restent l'aïoli (une mayonnaise à l'ail et à l'huile d'olive qui, agrémentée de piment rouge, donne la rouille) idéale avec des légumes crus, de la morue ou des oeufs durs, la bouillabaisse d'origine marseillaise (poissons coupés en morceaux cuits au court-bouillon avec des oignons, des tomates, de l'ail, de l'huile d'olive, parfumés au safran et servis dans son bouillon sur des tranches de pain grillé accompagnées de rouille), la soupe au pistou (composée de haricots blancs, de pâtes et de légumes parfumés à l'ail, au basilic et à l'huile d'olive) ou la tapenade (purée de câpres, d'olives noires et d'anchois, additionnés d'huile d'olive) qui se déguste avec le pastis de l'apéritif.


    Camargue, le plat pays du Midi

    En Camargue, les plus anciens racontent encore autour du feu les histoires de cette terre exceptionnelle, qui s'étire jusqu'à la mer, encerclée par quatre-vingts kilomètres de fleuve, le petit et le grand bras du Rhône. Dans ce plat pays - fait de 140 000 hectares de marais, de pâturages, de dunes et de salins -, les taureaux sont vénérés. En période d'« abrivados », ils sont lâchés dans les arènes et les rues où ils courent, accompagnés à cheval par les gardians, sorte de « cow-boys » camarguais.

    La Camargue, c'est aussi le pays de la « saladelle », minuscule fleur, appelée aussi fleur du gardian, qui pousse dans les marais à la fin du mois d'août et donne une couleur violine aux terres mouillées du delta. Ce delta magique, terre des flamants roses et des petits chevaux blancs élevés en liberté, accueille des oiseaux migrateurs et les gitans qui vénèrent Sainte Sara, la vierge noire. Il ne ressemble à aucune autre terre de Provence et, en Camargue, même le parler provençal a ses propres règles et son propre accent. Si la Camargue préserve son côté sauvage avec, sur plus de 80 000 hectares, le Parc naturel régional de la Camargue, qui abrite une flore (narcisses, tamaris) et une faune variées (hérons, chouettes, martins-pêcheurs et des espèces rares comme les ibis ou les aigrettes), elle cultive dans ses terres du nord, irriguées et drainées, le blé, la vigne et le riz, les fruits et les légumes.


    Souvenirs antiques

    Les Provençaux ont su conserver l'héritage de leurs ancêtres les Romains. Amphithéâtres, arcs de triomphe, nécropoles, objets votifs. Les vestiges et trésors archéologiques du passé gallo-romain de la Provence se retrouvent ainsi dans chaque cité Orange - l'unique cité provençale fondée par les Romains -, possède deux des plus prestigieux monuments romains d'Europe : l'arc de triomphe (érigé au Ier siècle avant J-C) et le théâtre antique (Ier siècle après J-C) parfaitement conservé, sert l'été de cadre aux concerts des fameuses « chorégies ». A Vaison-la-Romaine, les vestiges visibles datent des Ier et IIe siècles après J.-C. On peut visiter les restes de la cité romaine, qui y prospéra pendant cinq siècles, avec sa villa et son théâtre. A Arles, capitale de la Camargue, le magnifique amphithéâtre romain accueille jusqu'à 20 000 spectateurs pour les corridas de la Féria (trois jours et trois nuits de fête à Pâques). Aujourd'hui, les cités du Vaucluse sont devenues des terres de tradition et de fête : du célèbre festival de théâtre d'Avignon à la fête de la cerise à Malemort du Comtat, en passant par les fêtes vigneronnes de Séguret. Durant les quatre saisons de l'année, la Provence célèbre le chant, le théâtre, la danse, la gastronomie et l'histoire.