Les Allobroges

PUISSANCE ET RICHESSE DES GAULOIS ALLOBROGES

Vers 300 av. J.-C., la tribu celte des Allobroges occupe un vaste territoire qui s'étend de Vienne à Genève, limité à la rive gauche du Rhône en amont de Lyon.
Leur origine est encore incertaine mais, vraisemblablement, ils sont issus de la tribu des Gesates, connus en Italie dès le début du IV e siècle av. J.-C., eux-mêmes originaires du Bassin des Carpates.
L'oppidum de Genève constitue donc la tête de pont orientale de cette prestigieuse tribu gauloise, face aux Helvètes établis plus à l'est. Dès 123 av. J.-C. au moins, les Allobroges aménagent le premier port du bout du lac, que protège une imposante statue en chêne de plus de trois mètres de haut. Cette statue, datée par la dendrochronologie des environs de 80 av. J.-C., représente une divinité tutélaire ou, plutôt, une figure de héros protecteur.
Les restes d'une riche demeure construite au I er siècle av. J.-C. ont été retrouvés dans le Parc de La Grange, sous les fondations de ce qui allait devenir dès le début du I er siècle ap. J.-C., une imposante villa romaine à atrium, avec ses bâtiments ruraux descendant en pente douce vers le lac.
La première mention relative à la tribu gauloise des Allobroges est donnée par l'historien grec Polybe qui, entre 150 et 130 av. J.-C., a raconté la traversée des Alpes par le général carthaginois Hannibal en 218 av. J.-C.
Les Allobroges tentèrent de lui interdire le passage lorsqu'il s'engagea dans les premiers défilés, mais ils furent vaincus.
Tous les témoignages antiques tiennent ce peuple pour l'un des plus puissants et des plus riches de la Gaule. Grâce à leur territoire qui comptait parmi les plus vastes de la Gaule du sud-est, ils contrôlaient une partie de la vallée du Rhône et se trouvaient au débouché de toutes les voies qui traversaient les Alpes.
L'emprise de leur territoire, semble avoir été, à peu de chose près celle que les romains donneront plus tard à la Cité de Vienne.
La population était nombreuse. Les Allobroges qui étaient d'abord des guerriers disposaient aussi de vastes terres arables (leur blé était réputé à l'époque romaine). Leur vignoble existait peut-être déjà. Comme toutes les populations alpines, ils pratiquaient l'élevage, exploitaient la forêt et probablement les minerais. Contrôlant plusieurs axes commerciaux de niveau "international", ils tiraient certainement des revenus substantiels des péages.

Il est probable que la première occupation du site de Vienne, dès la fin du Ve s. av. J.-C., sur un promontoire au confluent de la Gère et du Rhône, soit à mettre au compte des Allobroges.
Ils en firent leur "métropole", bien qu'elle n'ait que la taille d'un village, si l'on en croit Strabon. Dominant le Rhône d'une quinzaine de mètres, ce site portuaire occupait une place forte naturelle facile à protéger au nord et sud grâce à deux vallons encaissés.
L'éminence de Pipet à l'est pouvait, si besoin en était, servir un solide système de défense. De cette période ancienne, nous ne connaissons aujourd'hui (par trois sondages !) que quelques niveaux très profonds (entre -5m et -9m sous le terrain actuel) datés par une poignée de fragments de céramiques importées de la Méditerranée (coupe attique à figures rouges), et plus particulièrement sans doute via le port grec de Marseille qui exportait du vin et de l'huile d'olive (amphores).

Aucune construction antérieure au IIe s. av. J.-C., n'a pu être dégagée à ce jour. Les témoins archéologiques sont un peu plus fournis à partir du IIe s. av. J.-C. Un sanctuaire très important se développe à cette date sur la colline de Sainte-Blandine. Une grande quantité d'objets, en particulier métalliques, en témoignent : certains semblent avoir été détruits volontairement à des fins sacrificielles. Les maisons commencent à coloniser la berge du Rhône au pied du promontoire.
Cette extension de l'agglomération est probablement induite par le retrait progressif du Rhône et par le développement de l'activité portuaire dont l'intensité est sensible, là encore, au travers de fragments de céramiques d'origine méditerranéenne (céramiques campaniennes).

LA ROMANISATION DES ALLOBROGES

Les peuples soumis par Rome et réduits au statut provincial eurent à subir tributs, impôts divers, redevances sur les terres qui, sauf exception, appartenaient désormais à l'Etat romain, péages, fourniture de vivres et de troupes auxiliaires aux armées, corvées de toutes sortes. Les limites de la province n'étaient pas précises et on pense que l'administration romaine resta assez distante, au moins au début de la colonisation, laissant la place à des marchands, des exploitants privés, des banquiers et aux chevaliers-publicains qui collectaient les impôts et qui avaient pour eux-mêmes le soucis de faire le plus de profit possible. Cette pression financière eut pour conséquence d'endetter sérieusement les provinciaux.
Face aux abus des magistrats romains et faute d'être entendus, tout le peuple allobroge se soulève, en 62-61, sous le commandement de Catugnat. Cette grande révolte fut sévèrement matée par le gouverneur de la Province, Caius Pomptinus.
Pendant la conquête de la Gaule chevelue, entre 58 et 52 av. J.-C., alors que Jules César exprimait sa méfiance vis à vis des Allobroges, ils restèrent finalement fidèles aux romains. Lorsque en 58 avant J-C , le général Romain Jules César eut passé les Alpes au Petit Saint-bernard, les Allobroges lui laissèrent traverser leur pays pour aller refouler dans leurs montagnes les Helvètes, peuple Suisse, qui menaçait la Gaule d'une invasion.A l'issue de la guerre des Gaules, il semble que César s'appuyant sur cette fidélité fonda en (46-45 ?) une colonie de droit romain à Vienne pour des vétérans de l'armée, confisquant de fait des terres aux Allobroges. Après l'assassinat de César en 44, les Allobroges expulsèrent ces colons qui se réfugièrent à 30 km au nord, au confluent du Rhône et de la Saône. En Mars 43, L. Munatius Plancus, gouverneur de la Gaule chevelue, fonda, pour ces citoyens sans terre, la colonie de Lyon qui devint capitale des Gaules.
Le territoire allobroge prend le nom de territoire de la Cité de Vienne après la défaite de 61 av. J.C. A partir de cette date le nom Allobroges disparaît pour être remplacé par Viennenses
Sous l'influence de la civilisation romaine, la langue celtique disparut et fut remplacée par le latin populaire que parlaient les marchands et les soldats romains. C'est de là qu'est venu notre patois.

Echec de César et destin manqué pour Vienne ?

Vers la fin de l'occupation romaine, le pays des Allobroges, qui commençait à s'appeler Sapaudia (pays des sapins ); d'ou sont venues Sabaudia, Savogia, puis Savoie, subit, comme le reste de la Gaule, l'invasion des Barbares. Les Burgondes, peuple germanique de moeurs douces, s'établirent sans la vallée de la Saône et du Rhône, ou ils se mêlèrent aux Gallo-Romains. en 443, ils formèrent un royaume dont la Savoie faisait partie et qui avait Genève pour capitale.



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