AVIGNON et ses

PROMENADES

Avignon n’est pas une simple ville, c’est une œuvre, un spectacle permanent qui s’offre aux passants. De nombreuses promenades permettent de découvrir l’âme de la ville en sillonnant des quartiers chargés d’histoire. Vous pourrez apprécier la rue des Teinturiers et ses fameuses roues, le Palais des Papes et les jardins du Rocher des Doms ainsi que le cœur de la ville classé monument historique.
En partantsur les traces de Joseph Vernet vous pourrez également remarquer la plupart des musées alors que la promenade de la Carreterie vous mènera jusqu'à l’ancien séminaire de Sainte-Garde.


PROMENADE DES DOMS
PROMENADE JOSEPH VERNET
PROMENADE DE LA CARRETERIE




Promenade des Doms

De la place du Palais au Palais de la Commune
La promenade des Doms offre un circuit des principaux monuments de la ville. Elle ceinture le vieux cœur historique inscrit par l’Unesco sur la liste du Patrimoine de l’humanité lors de la convention de Berlin en décembre 1995. En l’empruntant vous partez à la découverte d’un des plus beaux sites du monde, désigné il y a quelques années par un architecte en chef des Monuments historiques comme l’ " Acropole avignonnaise ".

Place du Palais

La place du palais s’impose comme l’ensemble architectural le plus remarquable de la ville. Son caractère d’exception, dû davantage au hasard qu’à une volonté urbanistique, l’a rendu digne de figurer parmi les sites classés par l’Unesco. Elle est dominée par la longue façade du Palais des Papes et la cathédrale Notre-Dame-des-Doms. A l’ouest, l’imposante façade à l’ornementation démesurée de l’hôtel des Monnaies (construit sous la légation du cardinal Borghese en 1619), voisine avec des maisons dans lesquelles s’enchâssent parfois quelques traces architecturales de l’activité passée, telle la tour de l’Officialité. Au nord, la place se clôt sur l’élégante façade Renaissance du Petit Palais. Une promenade au jardin des Domsqui surplombe la place s’impose pour apprécier cet ensemble.


Hôtel des Monnaies

Conservatoire de musique Olivier Messiaen L’Hôtel des Monnaies constitue le premier monument baroque civil d’Avignon. Une large inscription nous apprend qu’il a été édifié en 1619 par le vice-légat Jean-François de Bagni (1614-1621) et qu’il est dédié au pape régnant Paul V.
Le rez-de-chaussée, en bossages, est percé d’une porte centrale et de quatre fenêtres. Le reste de la façade, totalement aveugle, présente un décor sculpté démesuré. Au-dessus de la dédicace, portées par des anges, figurent les armoiries de Paul V surmontées de la tiare pontificale. Ce sont celles de la famille Borghese, dont les meubles, l’aigle et le dragon se trouvent déclinés de part et d’autre sur d’énormes guirlandes de fruits ou juchés sur la balustre sommitale. Il est probable que le vice-légat voulait également honorer le légat d’Avignon en titre, Scipion Caffarelli (1607-1621), neveu du pape, désigné communément sous le nom de cardinal Borghese. Les archives de la vice-légation ayant été détruites, on ne sait rien de l’auteur de " la plus italienne des façades d’Avignon " (J. Girard) qui transpose Rome sur les rives du Rhône. Depuis 1860, il abrite le conservatoire de musique auquel on a donné le nom d’Olivier Messiaen (1908-1992) pour rendre hommage à cet avignonnais, l’un des plus célèbres du XXe siècle.

Hôtel Calvet de la Palun
Cet hôtel ferme la place du Palais au sud. Sa date de construction, 1789, en fait l’un des derniers hôtels construits dans l’Avignon propriété pontificale. Dessiné par Jean-Pierre Franque, il "constitue une excellente réminiscence du château du Petit Trianon" (A. Breton). En empruntant soit les escaliers, soit les rampes goudronnées, nous parvenons devant le Palais Vieux, en retrait. Une petite porte donne accès aux archives départementales.

Archives départementales
A l’origine des archives départementales, se trouve la volonté révolutionnaire de rassembler au siège des administrations départementales nouvellement créées l’ensemble des documents nécessaires à leur bon fonctionnement et à l’application uniforme des lois sur le territoire français.
Nées le 26 octobre 1796, les archives départementales furent constituées des fonds des établissements supprimés, administratifs, judiciaires ou religieux, ainsi que des papiers confisqués sur les émigrés et des archives des nouvelles institutions départementales. C’est ainsi qu’en Vaucluse, on conserve les chartes de l’évêché d’Avignon, les archives de l’université d’Avignon, le fonds de la famille Galéans-Gadagne comme le Journal officiel, les registres d’état civil comme les archives des services du conseil général et du préfet.
Installées au Palais des Papes en 1882, sur le site de l’ancienne prison restauré par l’architecte en chef Révoil, les archives de Vaucluse se développent au nord et à l’ouest du cloître de Benoît XII et dans les deux tours de la Campane et de Trouillas. Bien que refermant d’intéressants vestiges du Palais Vieux, tels les peintures décoratives couvrant les murs de la galerie septentrionale – occupée par des bureaux – ou une curieuse cheminée dans la tour de la Campane, elles ne se visitent pas pour des raisons de sécurité due à ces documents. Elles ne sont partiellement accessibles qu’aux chercheurs fréquentant la salle de lecture, située dans la galerie accolée à l’aile des Familiers, ou encore aux classes scolaires reçues par le service éducatif. Toutefois, lors des journées du Patrimoine, un circuit est organisé qui permet aux curieux de pénétrer dans deux salles de conservation et surtout dans la première chapelle du palais, dite de Benoît XII. Celle-ci était autrefois charpentée en vaisseau renversé, mais elle fut dotée d’une voûte au XIXe siècle qui constitue une composition particulièrement spectaculaire par ses vastes dimensions et son aménagement accueillant 2,5 kilomètres linéaires d’archives anciennes. Dans la salle d’entrée, des expositions temporaires d’archives sont régulièrement proposées, ouvertes à tous les publics.

Par quelques degrés supplémentaires, nous atteignons la cathédrale dont le parvis est en grande partie occupé par le calvaire dû à Baussan, érigé en 1819.

Cathédrale Notre-Dame-des-Doms
Aujourd’hui basilique métropolitaine, occupe une position privilégiée sur le rocher qui surplombe la boucle du Rhône. Sa silhouette se détache nettement de la masse voisine du Palais des Papes, tout en s’harmonisant bien avec elle grâce aux proportions de son clocher carré. Implanté à l’ouest, celui-ci tient lieu de façade, d’autant mieux que l’édifice est d’une étroitesse renforcée par l’absence de transept. Erigée en 1859, au sommet du clocher, et tout récemment redorée, une statue en plomb de la Vierge est visible des différents points de la ville qu’elle protège de ses bras étendus. La première mention de Notre-Dame-des-Doms remonte à 1037 ; un chapitre de chanoinesse attesté en 1096. Cependant on considère que l’édifice actuel n’a été construit qu’au XIIe siècle, en trois phases successives. Des premières années du siècle dateraient le clocher et la nef ; quelques décennies plus tard, on aurait ajouté une coupole à lanternon à l’avant du chœur ; dans la seconde moitié du siècle le porche aurait été plaqué contre la façade. Par son dessin comme par sa décoration (chapiteaux, frise), ce porche montre à quel point l’architecture antique, très présente encore dans la région, a influencé le roman provençal. Au cours des deux derniers siècles du Moyen-Age, la cathédrale est agrandie par l’ouverture de chapelles latérales sur son flanc nord et les parties hautes du clocher reconstruites. Ultérieurement, la seule modification importante a été apportée en 1671-1672 à la demande du chapitre trop à l’étroit dans le chœur : l’architecte Royers de la Valfenière fils construisit une nouvelle abside et François Delbène fit courir des deux côtés de la nef une étroite tribune ; les formes arrondies de ses balcons se marient au plein cintre des arcs romans. Il subsiste trois pièces du mobilier primitif roman : deux autels, l’un parallélépipédique, orné d’une frise sculptée (dans le chœur), l’autre tabulaire (première chapelle nord) et une rare chaire épiscopale en marbre blanc ; le lion de saint Marc et le taureau de saint Luc, taillés en bas relief, occupent tout le champ des côtés du siège. La fin du Moyen Age est représentée par différentes peintures murales, situées dans le porche (dessins préparatoires, directement sur la pierre, par Simone Martini v. 1340 : Christ bénissant et Vierge d’humilité), dans le narthex (Allégorie de la mort, v. 1320 ; Baptême du Christ, v. 1425), dans le local adjacent (Travaux des saisons) et dans le tambour de la coupole (Vierge assise, v. 1410). Du XVIe siècle on retiendra surtout deux sculptures : un Christ aux outrages en pierre polychrome et un Christ bénissant en pied.

Peintre en vue dans l’Avignon du milieu du XVIIe siècle, Nicolas Mignard a signé cinq des tableaux de la cathédrale ; la dynastie des Parrocel, active au siècle suivant, est également présente. Le XIXe siècle a légué le décor de la chapelle du Saint-Sacrement dû à Devéria : commencé selon la technique de la peinture murale à la cire, il fut terminé – à la suite de la maladie de l’artiste – par de grandes toiles réalisées en atelier.

Trésor de la cathédrale
La chapelle construite par le pape Jean XXII pour y placer son tombeau, abrite un trésor riche de nombreux ornements liturgiques et de vases sacrés. Les orfèvres avignonnais et provençaux des XVIIe et XVIIIe siècles, parisiens et lyonnais du XIXe siècle, sont bien représentés, tandis qu’un rare ensemble d’orfévrerie espagnole du XVe au XVIIIe siècle provient d’une donation récente. A l’occasion de cet aménagement, le tombeau à baldaquin de Jean XXII, exécuté par un lapicide anglais vers 1320, a été nettoyé et remis à son emplacement d’origine. Dans la sacristie contiguë, de nombreux reliquaires surmontent les placards. Ces derniers sont l’œuvre d’un menuisier, puis homme politique comtadin, Agricol Perdiguier, rendu célèbre par ses Mémoires d’un compagnon (1854), de même que le grand chapier (armoire où l’on renferme les chapes) articulé, encore en fonction. Sur l’esplanade, à l’entrée du jardin du Rocher des Doms, se trouve le monument aux morts de la ville, réalisé par le dignois Louis Bottinelli en 1924. Nous redescendons sur la place par les allées du jardin pour nous rendre au Petit Palais. Devant le Petit Palais, en contrebas de la place du Palais, la rue Vieille-Juiverie évoque le souvenir de l’ancienne " Carrière des Juifs "transférée en 1221 dans la paroisse Saint-Pierre. Nous revenons à la pittoresque rue Pente-Rapide au bas de laquelle, à l’angle de la rue du Puits-de-la-Reille, se situe la maison de Jean Sudre édifiée par François de Royers de la Valfenière et Jean d’Elbène en 1661. Au sortir du passage couvert, la Maison du Pagadour, mot provençal désignant le payeur de la légation d’Avignon, occupe l’angle de la rue du Vieux-Sextier et de la rue du Pont. Après avoir traversé la rue du Limas et emprunté la rue Courte-Limas nous sortons des remparts par la poterne Georges Pompidou située à notre gauche. Nous longeons ces remparts vers la droite jusqu’à la porte du Rhône, nous pénétrons en ville et par la rue Ferruce, en tournant à gauche, nous regagnons l’entrée du pont.
De la salle d’accueil du pont nous montons au Rocher des Doms en passant sur les remparts et en traversant la tour des Chiens ainsi nommée pour avoir accueilli la fourrière. A mi-parcours, de grandes baies vitrées signalent la présence des salles Jeanne Laurent, salles de réceptions et de congrès aménagées dans les anciens réservoirs d’eau de la ville. Nous accédons ainsi aux belvédères qui offrent un large panorama sur le pont, le Rhône, Villeneuve-lès-Avignon, ainsi que sur les Cévennes et les Préalpes du Sud lorsque le temps est favorable. Villeneuve-lès-Avignon, sœur médiévale d’Avignon, est née du puissant fort Saint-André qui abritait l’abbaye bénédictine du même nom et de sa position de tête de pont à la frontière du royaume. Sur le Rhône, l’île de la Barthelasse étale un tapis de verdure sur plus de 700 hectares constituant en cela la plus grande île fluviale de France.

Rocher des Doms
Le Rocher des Doms, berceau de la ville d’Avignon, a été occupé de manière régulière depuis la fin du néolithique – sur ses pentes, a été mise au jour une exceptionnelle stèle anthropomorphe (musée Calvet). Abri et refuge pour les Avignonnais, dotée d’une forteresse à l’époque romaine et durant le haut Moyen Age, la plate-forme du Rocher verra s’ériger par la suite, cimetières, chapelles, croix et moulins. Au XVIIIe siècle de grandes rampes permirent d’y accéder. En 1831, ont débuté les premiers travaux d’aménagement du Rocher en jardin, poursuivis tout au long du XIXe siècle. C’est durant le Second Empire que le jardin prendra véritablement un nouveau visage avec la création d’un bassin et de nouvelles plantations issues notamment de l’ancien jardin des Plantes. Promenade agréable et très recherchée, jardin soigné et orné de nombreuses statues au début du XXe siècle (Jean Althen, La Vénus aux hirondelles, les bustes de Félix Gras, Paul Saïn et Paul Vayson…), le Rocher des Doms remplit également des fonctions essentielles comme en témoigne l’implantation des réservoirs d’eau de la ville sur ses espaces latéraux. En 1924 fut inauguré le Monument aux Morts du sculpteur Bottinelli et, cinquante ans plus tard, est créée la grande esplanade couvrant les nouveaux réservoirs, glacis d’où l’on a un point de vue unique sur le Rhône et sa vallée. Lieu très venté, d’agrément, de recueillement et de souvenir, le Rocher des Doms a toujours été un lieu apprécié des Avignonnais - notamment lorsque avait sévi la peste – en raison de l’air pur qu’on peut y respirer. Après avoir traversé le jardin et nous être arrêté au chevet de la cathédrale pour admirer les vieux toits d’Avignon, nous redescendons vers la ville par les escaliers Sainte-Anne. Au bas des dernières marches, nous prenons à droite pour aller rejoindre le verger d’Urbain V par l’ancienne Manutention militaire aujourd’hui consacrée au cinéma, au jazz, à la danse et à des ateliers d’art. Les jardins du Palais, le jardin de Benoît XII surplombant le verger d’Urbain V, s’étendent au pied de la façade orientale dont on peut admirer ici le plein développement. Cette façade, avec ses puissantes tours, est sans doute la plus majestueuse du palais pontifical. De droite à gauche on découvre la tour de Trouillas, la plus haute, la tour des Latrines, la tour des Cuisines avec son immense cheminée pyramidale, la tour Saint-Jean, la tour des Etudes, la tour du Pape ou des Anges et la tour de la Garde-Robe. Au sortir du jardin nous prenons à droite la rue du Vice-Légat qui nous améne sur la place de la Mirande.

Hôtel de Vervins
2, place de la Mirande
Sur cet emplacement s’élevait la livrée cardinalice de Saint-Martial. Elle passa vers la fin du XVIIe siècle dans les mains de Pierre de Vervins, auditeur général de la légation d’Avignon, qui décida de faire bâtir l’hôtel actuel. Le prix-fait date de 1687 sur des plans dessinés par Pierre II Mignard. Le bâtiment constitue en cela le jumeau de l’hôtel de Madon de Châteaublanc voisin. Les mêmes éléments y sont employés, mais organisés de telle sorte que les deux façades apparaissent comme différentes.
Celle de Vervins présente une porte en avant-corps encadrée de chaînes de refends, utilisées également pour les angles. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont en arc segmentaire, celles de l’étage noble sont rectangulaires et surmontées de tables comportant des médaillons encadrés de palmes. Au-dessus de la baie centrale, dont la corniche est en arc surbaissé, figure une tête d’Apollon radié. L’hôtel de luxe qui l’occupe aujourd’hui, après restauration et transformation, a pris le nom de la place publique où il se situe, ainsi que celui d’une ancienne salle d’apparat du palais des légats : la Miranda (1518).

Palais de la Commune
Avec la construction du pont et celle des remparts, l’érection d’un Palais de la Commune, au début du XIIIe siècle, symbolisait la puissance et l’indépendance de la ville. A l’époque de sa construction, un donjon, au sud du palais épiscopal, abritait les activités des consuls ou des podestats ; le juge communal y rendait justice. De cette époque date le tympan de pierre représentant un chevalier précédé d’un chien et suivi d’un homme à pied. Trouvé dans les vestiges du palais communal, il est actuellement conservé au musée du Petit Palais.
Le Palais communal devint palais comtal après la chute de la Commune en 1251 et jusqu’à l’achat de la ville par le pape, en 1348. Transformé, au XIVe siècle, en palais du maréchal de la cour romaine, puis en maison du camérier du pape au siècle suivant, l’édifice devint ensuite le siège de la vice-gérence, tribunal de la cour apostolique, qui y demeura jusqu’à la Révolution. Il est actuellement propriété privée.
Au pied de l’imposante tour Saint-Laurent qui occupe l’angle méridional du Palais des Papes, nous nous engageons dans la rue Peyrolerie, les peyroliers désignant autrefois dans le parler local les chaudronniers. Taillée dans le rocher, dominée de chaque côté par des murs impressionnants, enjambée par un puissant contrefort, c’est une des plus curieuses rues de la ville.

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Promenade Joseph Vernet

De la place de l’Horloge à la maison Jean Vilar
La promenade Joseph Vernet, tracée dans la partie occidentale de la ville, tient son nom du peintre le plus célèbre d’Avignon connu pour ses marines, sa série des Ports de France, et qui réalisa presque toute sa carrière au service du roi. Elle s’équilibre autour de l’artère qui lui est dédiée et qu’elle emprunte dans sa plus grande longueur. Placé sous le signe de l’art, ce parcours s’attache à relier la plupart des musées.

Place de l’Horloge
Sous la place actuelle, le théâtre et l’hôtel de ville s’étendaient à l’époque romaine, le forum antique. Simple carrefour durant le haut Moyen Age, c’est néanmoins là que se tenait le marché principal de la ville avec sa boucherie et son herberie. Lorsqu’en 1447 les consuls installèrent la maison commune dans les anciens bâtiments de la livrée d’Albane, le besoin se fit très vite sentir d’élargir la place. Le chantier qui débuta alors allait durer jusqu’à la fin du XIXe siècle. Le dégagement des abords de la maison commune dans la deuxième moitié du XVe siècle commença à structurer plus lisiblement la place. A la fin du XVIIe siècle, la vieille boucherie était remplacée par un nouvel édifice dû à Pierre Mignard, mais détruit soixante ans plus tard.
C’est sur un projet d’embellissement de Jean-Baptiste Franque, qui reçut alors un début d’exécution, que la place s’élargit encore au XVIIIe siècle. De 1791 à 1793, quelques maisons étaient abattues au sud, et la place fut baptisée " Place de la Révolution ". En 1823, on détruisit l’ancien couvent Saint-Laurent pour construire à cet endroit le nouveau théâtre ; trente ans plus tard, le nouvel hôtel de ville fut élevé à ses côtés. Le second Empire et la Troisième République donnèrent à la place son aspect définitif par l’alignement des immeubles au sud – aboutissement de la nouvelle percée haussmannienne –, la plantation de platanes en 1860 et l’érection en 1891, du monument commémoratif du rattachement d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France, dû au sculpteur Félix Charpentier (aujourd’hui aux allées de l’Oulle). Le déplacement de ce monument et la destruction de l’îlot au nord de la place, ont altéré cependant son harmonie générale.

L’Hôtel de ville
C’est en 1447 que les consuls d’Avignon rattachèrent aux bénédictines de Saint-Laurent le bâtiment gothique de l’ancienne livrée d’Albane pour en faire la maison commune et transformer la tour de cette livrée en beffroi ; mais ce n’est qu’au XIXe siècle que le conseil municipal décide de doter la cité d’un véritable hôtel de ville. C’est l’architecte de la ville, Joseph-Auguste Joffroy, qui en dessina les plans. Pour rehausser la façade qui manquait de relief, l’architecte Feuchères y ajouta un balcon porté par des colonnes corinthiennes et augmenta le nombre de colonnes à l’intérieur du péristyle. Ce projet fut au cœur d’une vive polémique qui opposa la municipalité à l’un des grands défenseurs du patrimoine local, Esprit Requien, soutenu par Prosper Mérimée. La première pierre fut posée le 29 mars 1845 et, durant les travaux, les services municipaux furent installés dans l’ancien Hôtel des Monnaies. La construction ne fut totalement achevée que dix ans plus tard, en 1856. L’édifice fut cependant inauguré le 24 septembre 1851 par le président de la République, le prince Louis Napoléon Bonaparte, Paul Poncet étant alors maire de la Ville. Le style étant composite et change selon les niveaux : arc en plein cintre surmonté de tympans de deux volutes au rez-de-chaussée ; série de fenêtres carrées à l’entresol ; fenêtres de styles classique surmontées de frontons triangulaires et séparées par des pilastres au premier étage. Le coût total de la construction s’éleva à 628 000 francs. De l’ancienne livrée cardinalice, il ne reste donc que la tour sur laquelle fut installée un campanile en 1471, une horloge qui donna son nom à la place et les statues de jacquerie et de son épouse qui sonnent les heures (les statues actuelles furent placées en 1856).
La municipalité Pourquery de Boisserin décida l’embellissement de l’hôtel de ville par la décoration de la salle des fêtes confiée à un ornemaniste de Montpellier, Edouard Lefèvre, et à des peintres locaux (Meisonnier, Jules Flour, Lina Bill, Clément-Brun). Les quatre groupes de personnages entourant les portes d’honneur et celui des Lutteuses sont dus au ciseau de Félix Charpentier – le dernier surmonte la cheminée monumentale de cette immense pièce de plus de quatre-vingt mètres de long. En 1978, l’annexe de l’hôtel de ville était aménagée rue Racine, derrière l’immeuble. Elle a été construite sur l’emplacement de ce qui avait été au début du XIXe siècle, le local des Amis du roi et, à partir de 1840, l’ancienne gendarmerie d’Avignon.


Tour du Jacquemart

Seul vestige de la livrée du XIVe siècle, devenue hôtel de ville dès 1447, la tour du jacquemart est englobée dans les bâtiments du XIXe siècle. Ce parti fut critiqué par Prosper Mérimée : " On conserve la tour, écrivit-il, comme on conserve les perdrix à Pithiviers, en les mettant dans un pâté dont seul le cou passe dehors".
Les armoiries sculptées et peintes à une clef de voûte attestent de l’identité du constructeur, le cardinal Audoin Aubert, neveu du pape Innocent VI. Elevée après 1352 (et avant 1363), la tour du jacquerie conserve sur deux niveaux des restes de décor peint (fausses tentures, rinceaux). Des culots sculptés et deux carrelages vernissés remontent également à l’origine de la construction. L’installation de l’horloge (qui a donné à la tour l’un de ses vocables, et son nom à la place) et d’un premier jacquemart (remplacé par les actuelles statues de bois peint) remonte à 1471.

Théâtre municipal
Avignon entretient avec le théâtre et l’opéra des rapports très particuliers. Le goût de la musique y est répandu depuis au moins le XIVe siècle et les activités du théâtre municipal, au XIXe siècle, ont joué un rôle essentiel dans la vie locale. N’utilisant que des salles de fortune, des jeux de paume souvent transformés pour la circonstance, ce n’est qu’en 1732, à l’aide de fonds privés, qu’une société fit édifier la première comédie (place Crillon). Au XIXe siècle, cette salle étant jugée trop petite et inadaptée, la ville décida la construction d’un nouvel édifice sur l’emplacement de l’ancien couvent des dames de Saint-Laurent. Cette première construction achevée en 1825, présentait une façade plate de style gréco-romain formée de deux colonnades superposées et surmontées de huit statues allégoriques ; elle était l’œuvre de deux architectes d’Avignon, Bondon et Frary. Elle fut détruite par un incendie en 1846 – Franz Liszt y avait donné un concert quelques mois plus tôt. Une nouvelle construction fut alors immédiatement entreprise et confiée à deux architectes : Théodore Charpentier, de Lyon, et Léon Feuchères de Nîmes. Terminé en 1847, cet édifice possède une grâce certaine et participe fort bien au dessin général de la place de l’Horloge. Une grande arcade occupe le premier étage, surmontée d’un tympan décoré en son centre d’une tête d’Apollon. Elle domine toute la façade et s’appuie sur l’avant-corps du péristyle rythmé par une série de colonnes séparant trois arcs en plein cintre. Sous l’arc, deux enfants couchés entourent les armes de la ville. Au-dessus des deux portes latérales qui donnent sur la loggia, des médaillons représentent Pétrarque et le roi René. Au pied de l’édifice, de part et d’autre du grand escalier, deux grandes statues figurant Molière et Corneille assis dans un fauteuil sont les seules œuvres dues à des sculpteurs locaux, les frères Brian. Les originaux (aujourd’hui au Thor) ont été remplacés au début du XXe siècle par des copies réalisées par le sculpteur avignonnais Jean-Pierre Gras. A l’intérieur la salle est à l’italienne avec un parterre et quatre séries de galeries. Le plafond, très soigneusement décoré par des artistes parisiens spécialistes réputés des opéras (Diéterles, Séchan, Desplechin), évoque par une suite de tableaux les principaux poètes et musiciens du XVIIIe siècle et du début XIXe. En juillet, durant le Festival, il est un des lieux de représentation les plus prisés. En contournant l'Hôtel de ville, nous rejoignons le chevet de l'église Saint-Agricol. Les vestiges en contrebas sont les soubassements d'importants édifices romains, bordant le forum, mis au jour en 1977 lors des terrassements nécessaires à la construction de l'annexe de la mairie. Nous revenons sur la place de l'Horloge. Au bas, à droite, s'ouvre la rue Saint-Agricol au début de laquelle nous empruntons la petite rue Emile-Espérandieu pour nous rendre au Palais du Roure. Nous rejoignons la place de la Préfecture par la rue Collège-du-Roure.

Hôtel Forbin de Sainte-Croix et Hôtel Desmarets de Montdevergues
Depuis 1822, la préfecture de Vaucluse est installée dans l’hôtel de Forbin de Sainte-Croix. Sur cet emplacement, à la fin du XVe s., le cardinal Julien de la Rovere, futur Jules II, avait fondé dans l’ancienne livrée de Poitiers, le collège du Roure réuni en 1709 au collège d’Annecy. L’hôtel est élevé à partir de 1718 par l’architecte J.-B. Franque. On remarque la belle porte à double vantaux réalisée par Thomas Lainée et les ferronneries d’origine à l’étage noble. En vis à vis se trouve l’hôtel Desmarets de Montdevergues qui abrite depuis la fin du XIXe s. le conseil général de Vaucluse. L’immeuble, édifié en 1710 par F. et J.-B. Franque, a vu sa façade refaite en 1755 par François II Franque. Le décor du grand fronton triangulaire présente des oiseaux des marais, armes parlantes des Desmarets de Montdevergues, propriétaires en 1785. Une incursion dans la rue Dorée, à gauche de l'hôtel du Département, nous permet d'aller voir l'hôtel de Sade.

Hôtel de Sade
L’hôtel de Sade, du nom de ses premiers propriétaires, est rebâti par Thomas de Gadagne en 1536 et 1537. Il revient à la famille de Sade entre 1741 et 1766. Abusivement restauré au XIXe s. et au XXe s., il abrite divers services municipaux avant d’être remplacés par ceux du Conseil général. En face, le Département a fait réaliser en 2000, par Agnès Saint-Gal de Pons, un décor peint monumental évoquant les papes d’Avignon d’après des tableaux d’Henri Serrur exécutés en 1839. Clément V s’installe à Avignon en 1309. Jean XXII réaménage le palais épiscopal. Benoît XII édifie le Palais Vieux et Clément VI, qui achète la ville à la reine Jeanne de Naples en 1348, le Palais Neuf. Innocent VI et Urbain V élèvent les remparts. Grégoire XI ramène la papauté à Rome en 1376. Clément VII et Benoît XIII se succèdent encore à Avignon lors du Grand Schisme.
Revenu sur la place de la Préfecture nous prenons au bas, à gauche, la rue Bouquerie pour parvenir au Plan de Lunel. Au n°1 nous rouvons le très bel hôtel de Laurens dont la modernisation de la façade et le magnifique escalier furent réalisés entre 1678 et 1683, vraisemblablement par Louis-François de la Valfenière ; au n°4, l'hôtel d'Ancezune, fondatrice du Noviciat des Jésuites. La rue Petite Calade où nous nous engageons porte encore le nom du pavage en galets du Rhône, la calade, employé depuis le XIIIe siècle à Avignon. Notre parcours se poursuit en prenant, à droite, la rue Félix-Gras. Nous longeons bientôt le mur de la chapelle des religieuses dominicaines de Sainte-Praxède édifiée en 1430. Au bout de la rue, nous parvenons à l'église Saint-Agricol.

Collégiale Saint-Agricol
Agricol, fils de saint Magne, évêque d’Avignon entre 650 et 660, lui succéde sur le trône épiscopal de 660 à 700. Ce saint évêque, qui aurait donné sa maison pour établir une église en ce lieu, est élu comme l’un des patrons de la ville en 1647. Le pape Jean XXII fait reconstruire l’édifice et l’érige, en 1322, en collégiale. A la fin du XVe s., une importante campagne de travaux voit la reprise des voûtes et l’adjonction d’une travée. La nouvelle façade, ornée d’un gable en accolade typique du gothique provençal, est agrémentée d’une Visitation, statues réalisées par le sculpteur lorrain Ferrier Bernard. L’intérieur abrite un grand retable de style renaissant sculpté par Imbert Boachon en 1525 pour les Doni, une belle chapelle réalisée par J.-B. Péru en 1703 pour les Brantes et divers tableaux des meilleurs peintres d’Avignon.


Chapelle des Templiers

A deux pas de l’ancienne librairie Roumanille, fondée par le félibre Joseph Roumanille, se trouve la chapelle des Templiers, seul vestige de la commanderie des chevaliers de l’Ordre du Temple qui se sont établis à Avignon à la fin du XIIe s. Cette chapelle, édifiée en 1273, est composée d’une nef unique sur quatre travées d’ogives. Elle est considérée comme le plus ancien édifice gothique du Midi de la France. Après la dissolution de l’Ordre par Clément V, en 1312, l’ensemble des bâtiments est attribué aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Au XIXe siècle, l’ancienne commanderie, devenue l’hôtel du Louvre, appartient au félibre Anselme Mathieu. Le Félibrige, fondé en 1854 par un groupe de poètes provençaux ralliés autour de Frédéric Mistral pour le maintien de la langue et des traditions du pays d’Oc, y organise de mémorables banquets. La rue Petite-Fusterie où nous pénétrons possède de nombreux hôtels particuliers. Au n°3, l’hôtel Isnard ; au n°2, l’hôtel de Brantes, de la fin des années 1680, et qui pourrait être de Pierre II Mignard. Aux n°17-19, l’hôtel de Tonduty-Lescarène et, au n°21, l’hôtel de Saint-Priest, édifié après 1760 par Jean-Baptiste II Péru. Dans la Rue Saint Etienne où nous arrivons, se dresse face à nous la maison du notaire Cairanne, réalisée en 1748 par Jean-Baptiste et Jean-Pierre Franque. De l’autre côté de la Rue, au n°17, s’élève l’hôtel de Pertuis de Montfaucon érigé en 1784. Le n°18 est occupé par l’originale maison aux ballons dans laquelle Joseph de Montgolfier aurait conçu l’idée de l’aérostat en faisant sécher sa chemise sur un feu. Quelques mètres plus loin une façade gothique, signale la maison des Forli édifiée dans la seconde moitié du XVIème s. Nous prenons, à droite, la rue de la Grande Fusterie. Aux n°8-10, l’hôtel de Tertulle, bâti au XVème s. par un ami du roi René, fut reconstruit en partie par Jean-Baptiste Franque en 1740. Au n°29, nous remarquons la façade gothique de l’ancienne hôtellerie du Chapeau-Rouge connue au XIVème s. Nous tournons deux fois à gauche en prenant la rue Limasset, puis la rue du Limas (lat. Limaceus, boueux). Ce quartier s’est édifié dans l’ancien lit du Rhône au pied des remparts ; très tôt s’y installèrent les fustiers qui y débitaient le bois de construction et de charpente arrivant à Avignon par flottaison.
La place Crillon où nous arrivons est dédiée à un héros avignonnais, le brave Crillon. Elle a également porté le nom de Place de la Comédie. Elle s’ouvre sur le Rhône par une brèche qui a remplacé, en 1900, la porte de l’Oulle réédifiée par Jean-Baptiste Franque en 1785. C’est dans l’hôtel du Palais-Royal, actuel n°21, que fut assassiné en 1815 le maréchal Brune.

Comédie, place Crillon
Jusqu’au XVIIIe s, Avignon n’a pas de théâtre et les représentations sont habituellement données dans des jeux de paume. Celui qui a appartenu au peintre Nicolas Mignard s’effondre en 1732. Aussitôt une société par actions se forme afin de construire une véritable salle de spectacle. Elle acquiert l’ancien jeu du Mail, fréquenté par Louis XIV lors de sa venue à Avignon en 1660, et confie à Thomas Lainée le soin d’en établir les plans. La façade seule subsiste. Elle se compose de deux avant-corps, à l’origine aveugles et décorés de grands tableaux sculptés, campés de puissants pilastres, qui soutiennent un fronton sans base. La porte est surmontée d’un entablement ondé et d’une gloire rayonnante. Première salle « à l’italienne » d’Avignon, elle est utilisée jusqu’à l’édification d’un nouveau théâtre, place de l’Horloge, en 1825.
Par la rue Folco-de-Baroncelli nous rejoignons la rue Joseph-Vernet. L’angle est marqué par une demi-tour ronde portant un œil-de-bœuf de style Renaissance. Cette rue des XVIIème et XVIIIème s. épouse le tracé de l’enceinte des XIIème et XIIème et occupe les lices ménagées entre deux lignes de remparts. Elle présente un nombre considérable de demeure aristocratiques. Aux n°7-9 et 11 nous admirons la seconde façade, toute d’équilibre, de l’hôtel de Tonduty-Lescarène. Datée des années 1680, elle peut être attribuée à Pierre II Mignard. Nous nous arrêtons ensuite aux n°21-23, à la maison Bouchet. Bonaparte y résida en 1793 et y écrivit le célèbre Souper de Beaucaire pour servir la propagande jacobine.

Chapelle de l’Oratoire
32, rue Joseph Vernet
On ignore tout du concepteur de la nouvelle chapelle des Oratoriens dont les travaux commencés en 1713, s’arrêtent en 1718. Par la suite plusieurs architectes se succédent : F. Delamonce, J.-A. Brun, J.-B. Péru père et fils. Le chantier est achevé par le père Léonard et l’église consacrée en 1750. La nef, elliptique, est couverte d’une immense coupole de même plan dont les pénétrations sont percées alternativement de fenêtres et d’oculi. L’entablement repose sur des pilastres corinthiens décorés de faux marbre. Autour, entre les contreforts, rayonnent le chœur, le vestibule et des chapelles.
Après avoir été club patriotique pendant la Révolution, dépôt de poudre, propriété du ministère de la Guerre, l’église est rendue au culte en 1825. Elle est aujourd’hui la chapelle de l’aumônerie du lycée Frédéric-Mistral.
Au n°34, de la rue Joseph-Vernet, se trouve l’hôtel de Suarez d’Aulan, transformé en collège. Les n°33 et 35, édifiés pour le comte de Rochefort en 1774, portent l’empreinte de Jean-Pierre Franque. La rue Victor-Hugo dans laquelle nous nous engageons, sur la gauche, occupe avec les rues adjacentes l’emplacement de l’ancien couvent des Dominicains. Cette rue abrite le musée Louis-Vouland. Au bout de la rue nous tournons à gauche afin de retourner par la rue d’Annanelle dans la rue Joseph-Vernet où sont établis, côte à côte, le musée Calvet et le musée Requien.

Musée Louis-Vouland - Hôtel de Villeneuve-Esclapon
La Révolution et les années qui suivent ont raison du vaste couvent des Dominicains qui occupait tout ce quartier. A partir de 1840, sur les terrains dégagés, nobles et bourgeois édifient de spacieux hôtels particuliers.
Le musée Vouland occupe pour sa part l’hôtel de Villeneuve d’Esclapon, édifié vers 1885, dont la plus élégante façade domine un agréable jardin au midi.
En 1927, l’hôtel est acheté par un riche industriel de l’alimentation, Louis Vouland, pour en faire sa résidence principale. Cet amateur éclairé rassemble une riche collection de meubles et d’objets, privilégiant les XVIIe et XVIIIe s. A sa mort, en 1973, suivant ses volontés un musée, géré par une fondation portant son nom, est installé dans sa demeure afin de rendre ses collections accessibles au public, rare ensemble d’arts décoratifs dans le sud de la France.

Musée Calvet - Hôtel de Villeneuve-Martignan
En 1741, Joseph-Ignace de Villeneuve-Martignan confie à J.-B. Franque et à son fils François le soin de rebâtir la demeure familiale, souhaitant en faire le plus bel hôtel seigneurial d’Avignon. La construction est presque achevée en 1753 et le résultat grandiose : une cour d’entrée, une galerie, puis un jardin sur lequel se développe la somptueuse façade du bâtiment principal, toute d’harmonie.
En 1833, l’hôtel, acheté par la ville, est affecté au Musée Calvet. Cet établissement public, fondé par testament sur les collections et la fortune d’Esprit Calvet (1728-1810), auquel on a réuni en 1826 le premier musée de la ville formé par les saisies révolutionnaires, constitue aujourd’hui l’un des principaux musées de province français. En cours de réhabilitation, on peut voir actuellement l’ensemble des peintures et les exceptionnelles donations de Marcel Puech.

Musée Requien - Hôtel Raphaëlis de Soissans
Le Musée d’histoire naturelle d’Avignon est installé depuis 1940 dans l’hôtel de Raphaëlis de Soissans dont seule la façade présente encore quelque intérêt patrimonial. Esprit Requien (1788-1851), mécène actif, doté d’un esprit universel, est considéré comme le second fondateur du Musée Calvet. Cet éminent savant botaniste et paléontologue, en rapport avec le monde entier, constitue des collections de référence qui composent la base du musée. Constamment enrichi par de nouveaux apports, il forme aujourd’hui un véritable établissement scientifique. Aux galeries permanentes, présentant la géologie, l’évolution de la vie et la faune du département, s’ajoutent de fréquentes expositions temporaires à thème. Une bibliothèque, riche de dix-huit mille volumes, et une équipe compétente sont à la disposition des chercheurs et des curieux.
En face des musées Calvet et Requien nous remarquons, au n°58, l’hôtel de Bassinet dont la façade présente des panoplies d’armes, puis, au n°64, l’élégante maison du chanoine Rougier datant de la seconde moitié du XVIIIème s. L’immense façade qui se développe sur l’autre trottoir, au-delà de la rue Joseph-Vernet, a été réalisée en 1856 par Jean-Baptiste Reboul pour le négociant Joseph Vernet. Le fronton triangulaire qui coiffe l’avant-corps central porte dans un écusson, au milieu de la rue Saint-Charles un vestige des anciens remparts a été conservé.

Chapelle Saint-Charles
Il ne reste rien des bâtiments conventuels du grand séminaire Saint-Charles-de-la-Croix qui avaient été édifiés par Jean-Baptiste Franque entre 1718 et 1728. Toutefois, le grand portail d’entrée donne accès à un cloître inachevé et à la chapelle, constructions réalisées par François Franque à partir de 1749. La chapelle, consacrée en 1758, attire l’attention par ses couvrements, de la voûte plate de la tribune à celle en arc de cloître du chœur, à la stéréotomie (art de tailler et de poser les pierres) particulièrement soignée. Transformé en caserne à la Révolution, redevenu séminaire diocésain de 1824 à 1901, puis centre administratif du département, Saint-Charles est en grande partie détruit en 1955 pour faire place à une gendarmerie. Les éléments conservés ont été affectés dans les années 1980 au Service départemental d’archéologie. Au bout de la rue Saint-Charles nous trouvons à gauche, compris entre la rue Violette et le boulevard Raspail, l’hôtel de Caumont, où est installé la Collection Lambert, et l’hôtel de Galéans-Gadagne.

Hôtels de Caumont et de Galéans-Gadagne
L’hôtel édifié pour J. de Seytres, marquis de Caumont, entre 1720 et 1733 est dû à l’architecte J.-B. Franque. Seul exemple avignonnais d’hôtel à la parisienne, entre cour et jardin, il présente encore deux belles façades sobres. Les aménagements intérieurs ont été détruits par les utilisations postérieures : école normale, caserne en 1899, université en 1970. En 1999, l’édifice, offert par le département à la ville est aménagé pour accueillir la très riche collection d’art contemporain d’Yvon Lambert. Plus modeste à son côté, l’hôtel de Galéans-Gadagne a été construit en 1751 sur les plans du même J.-B. Franque. La façade est dominée par un fronton triangulaire et s’ouvre sur le jardin par deux belles portes rejetées près des angles. Après avoir accueilli la faculté des lettres, le bâtiment abrite aujourd’hui l’école d’art d’Avignon. Avant d’atteindre le cours Jean-Jaurès nous prenons, à droite, la rue du Portail-Boquier.

Noviciat des Jésuites Saint-Louis
Grâce aux libéralités de Louise d’Ancezune la construction du noviciat des Jésuites peut commencer en 1601. La chapelle, attribuable au frère Marlellange, est consacrée en 1611 sous le vocable de Saint-Louis. Ce petit édifice en forme de croix grecque est la première manifestation du nouveau style dans une ville encore toute gothique et présente la première coupole en deçà des Alpes. Les bâtiments, disposés en quadrilatère autour d’un vaste préau entouré de portiques, ont été réalisés à partir de 1623 par F. Royers de La Valfenière, puis par J. et J.-B. Péru, constructions échelonnées sur plus d’un siècle. Après la Révolution, l’établissement devient succursale des Invalides de Paris, puis hospice municipal à partir de 1852. En 1987, il est en partie affecté à un hôtel de prestige, le reste étant réservé à des activités culturelles. Nous remontons ensuite, à gauche, le cours Jean-Jaurès. Au feu rouge, nous prenons à gauche pour un rapide aller-retour dans la rue Joseph-Vernet. Nos yeux se porteront tout d’abord sur la Caisse d’épargne qui occupe l’ancien hôtel Montillet, de 1880, auquel on a rajouté une rotonde en 1925.

Collège Saint-Nicolas d’Annecy
Egalement nommé Grand Collège, ce collège est fondé en 1426 par Jean Allarmet, cardinal de Brogny, dans l’ancien couvent de Notre-Dame-des-Fours. Après deux siècles de prospérité, malgré l’adjonction du collège du Roure en 1705, l’établissement décline, jusqu’à s’éteindre à la Révolution. Depuis 1901, les bâtiments sont propriété du Musée Calvet qui en a réalisé récemment la restauration. La porte est encadrée de pilastres ioniques surmontés d’un fronton cintré. La cour a conservé son esprit de cloître grâce à Pierre II Mignard qui, entre 1704 et 1705, en a repris les façades en superposant deux rangs d’arcades en plein cintre. Au nord, en arrière-plan, dominent une tour d’escalier édifiée par La Valfenière en 1642 et les murs gothiques de la chapelle à laquelle on accède par la rue du Collège-d’Annecy. Revenus sur nos pas, nous remontons la rue de la République jusqu’à la rue Frédéric-Mistral.

Chapelle du collège des Jésuites - Musée lapidaire
Le collège des Jésuites, fondé en 1564, nécessite au XVIIe s. le remplacement de certains bâtiments vétustes. L’église, superbe témoignage d’architecture baroque, a été édifiée à partir de 1620 par F. Royers de La Valfenière sur un plan à nef unique vraisemblablement inspiré du frère Martellange. La façade présente deux étages séparés par une puissante corniche, la partie haute, plus raide, ayant été achevée après 1661 par un autre architecte. Le fronton triangulaire porte l’écusson de la Compagnie de Jésus. Après la Révolution, l’église ne redevient chapelle du lycée qu’en 1857. En 1933 elle est affectée au Musée Calvet pour y présenter les collections lapidaires. Ces antiques se composent aujourd’hui de sculptures et objets égyptiens, étrusques, grecs, romains et gallo-romains ainsi que de nombreux vestiges de l’antiquité avignonnaise. La rue Frédéric-Mistral est, dans sa presque totalité, occupée sur ses deux côtés, réunis au moyen d’un arceau, par l’ancien collège des Jésuites. Devenu après la Révolution un lycée d’Etat, il accueillit Frédéric Mistral et prit le nom de ce glorieux élève, chantre de la Provence, prix Nobel de littérature en 1904. Au bout de la rue, nous nous engageons dans la rue du Laboureur où nous trouvons la livrée Ceccano, et le musée Angladon-Dubrujeaud.

Livrée Ceccano
La livrée désigne à Avignon un palais édifié pour un cardinal. Celle d’Annibal de Ceccano, construite vers 1340, est acquise entre 1564 et 1569 par la ville pour y installer le collège des Jésuites qui accueille jusqu’à 1600 élèves au XVIIe s. et développe alors de nouvelles constructions. En 1768, les Jésuites sont chassés par le roi de France qui occupe la ville. L’établissement tenu par d’autres religieux se maintient jusqu’en 1791. Il est alors transformé en caserne. En 1810, il devient lycée d’Etat qui, sous le nom Frédéric Mistral, fonctionne jusqu’en 1960. La livrée, particulièrement défigurée a été restaurée entre 1981 et 1983. Elle a retrouvé son aspect originel de maison forte et l’intérieur présente un ensemble de décors peints d’un grand intérêt. L’édifice abrite depuis 1982 la Bibliothèque municipale.

Musée Angladon-Debrujeaud - Hôtel de Massilian
L’hôtel de Massilian, grâce à une restauration récente présente l’aspect chaleureux d’une habitation, conformément à la volonté des donateurs, Jean et Paulette Angladon-Debrujeaud, qui ont voulu offrir au public, dans leur demeure, l’héritage familial provenant du grand couturier parisien Jacques Doucet (1853-1929). Le musée, créé selon leur souhait et géré par une fondation, offre aux visiteurs une partie des biens engrangés par ce célèbre collectionneur et mécène. Au rez de chaussée est exposé un ensemble exceptionnel de peintures aux signatures illustres : Daumier, Degas, Sisley, Vuillard, Cézanne, Van Gogh, Picasso, Modigliani,... L’étage se présente comme un intérieur d’amateur d’art où, à côté de belles pièces d’arts décoratifs, on peut découvrir les travaux personnels des deux fondateurs. A l’extrémité de la rue Laboureur nous trouvons la place Saint-Didier où l’on dressait jadis l’échafaud en concurrence avec la place du Palais.

Collégiale Saint-Didier
Le nom de l’église Saint-Didier apparaît pour la première fois dans un texte en 1068. Grâce au legs du cardinal Bertrand de Déaux, mort en 1355 et inhumé dans le chœur, l’église devenue vétuste et exiguë, est entièrement rebâtie entre 1356 et 1359. Erigée rapidement, sans transformation notable depuis, elle forme un édifice homogène considéré à juste titre comme l’église la plus caractéristique du gothique avignonnais. L’intérieur, où subsistent dans la première chapelle nord des peintures murales de la fin du XIVe s., présente un ensemble d’œuvres d’art conséquent d’où émerge le haut relief du Portement de croix, sculpté par Francesco Laurana pour le roi René en 1478, qui provient de l’église des Célestins. Le clocher, également caractéristique, avec sa puissante tour coiffée d’une flèche octogonale à crochets, abrite un célèbre carillon. A gauche de l’église Saint-Didier nous empruntons la passage couvert qui nous mène au plan Saint-Didier. Nous y trouvons la porte principale de l’église et le bel hôtel de Forbin de la Barben, à la façade sobre, édifiée vraisemblablement dans les années 1740. Nous remontons ensuite la rue Théodore Aubanel et nous prenons, à droite, la rue Figuière. Vers le milieu se trouve l’ancien hôpital Saint-Antoine, fondé au XIIIème s. Le grand poète français Alain Chartier fut inhumé en 1449 dans l’église aujourd’hui transformée en cinéma. Par la petite rue Saint-Antoine nous rejoignons la rue Galante où nous tournons à gauche.

Maison Palasse
A la fin du XVIe s. les maisons en encorbellement fort nombreuses à Avignon doivent être abattues par mesure d’hygiène. Celle du parfumeur François Palasse fait partie du lot, mais seule la façade est touchée. Les travaux sont exécutés entre 1679 et 1682 par Jean Rochas. Cette façade, très ornée, avec buste de femme, masques évoquant les quatre saisons, rinceaux, présente un décor quelque peu archaïque pour l’époque. C’est la réminiscence d’un style déjà vieux d’une quarantaine d’années qui peut s’expliquer par le fait que Rochas a beaucoup travaillé avec La Valfenière mort en 1667. Cette maison, avant appartenu au peintre François Palasse (1717-1791), est devenue propriété des époux Palun en 1910. Ceux-ci l’ont offerte en 1919 à l’Académie de Vaucluse dont elle constitue toujours le siège.

Il nous suffit d’aller tout droit pour regagner la place de l’Horloge. A droite, au milieu des cafés, s’ouvre la rue de Mons au fond de laquelle nous trouvons la Maison Jean Vilar.

Maison Jean-Vilar - Hôtel de Crochans
L.- H. de Guyon, doyen de la Rote, s’installe en 1671 dans une ancienne livrée cardinalice. A la fin du siècle, son fils, le seigneur de Crochans, en entreprend la reconstruction. Le portail d’entrée est édifié en 1680 par Pierre II Mignard. En 1823, l’hôtel de Crochans accueille Mgr de Mons et reste le siège de l’archevêché jusqu’en 1905. Devenu propriété de la ville en 1974, il est affecté en partie au Festival d’Avignon et en partie, en 1979, à la Maison Jean-Vilar. Cet établissement qui unit le département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale et l’Association pour une fondation Jean Vilar, est dépositaire de l’œuvre du créateur du Festival d’Avignon en 1947 et témoigne de son apport au théâtre contemporain. Au-delà, son action s’ouvre sur les arts du spectacle par l’intermédiaire d’une bibliothèque, d’une vidéothèque et d’expositions.

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Promenade des Teinturiers

De l'église Saint-Martial à la rue de la République
Des grilles qui prolongent l’Office de Tourisme et qui entourent le square Agricol-Perdiguier nous avons la plus belle vue d’ensemble sur l’ancien monastère-collège de Saint-Martial.

Temple Saint-Martial
Sur cet emplacement la reine Jeanne possédait un palais dans lequel avait été signée en 1348 la vente d’Avignon à Clément VI. Offert en 1363 par Urbain V aux Bénédictins de Cluny, le cardinal Pierre de Cros y fonde en 1373 un prieuré-collège sous le vocable de Saint-Martial. L’église, édifiée entre 1383 et 1388, au chœur flamboyant, reçoit le monumental tombeau du cardinal de La Grange et un cénotaphe d’Urbain V. En 1700, Pierre II Mignard reconstruit le grand portail et les bâtiments conventuels. Ravagé à la Révolution, l’établissement accueille au XIXe s. le premier musée de la ville et le muséum. Il est mutilé par le percement du cours Jean-Jaurès. L’église, pour sa part, est affectée à l’Ecole normale d’instituteurs, puis, en 1881, comme temple pour le culte de l’Eglise réformée de France. Nous contournons ensuite l’Office de Tourisme en prenant la rue Jean-Henri-Fabre où se situe l’entrée de l’église Saint-Marthial. Au feu rouge, nous tournons à gauche dans la rue des Trois-Faucons. Au n°14, l’hôtel d’Albert de Luynes, du milieu du XVIIIe s., a une façade malheureusement défigurée par des magasins. Plus loin, aux n°4-6, l’hôtel de Rochegude a été restauré par le Comité interprofessionnel des Côtes-du-Rhône. La façade, réalisée e 1683, en avait été dessinée par Louis-François de la Valfenière. La porte d’entrée, dont l’avant-corps porte un balcon orné d’un magnifique rambarde en ferronnerie, fut rajoutée en 1732. Après la place Saint-Didier, nous tournons à droite dans la rue du Roi-René.

Hôtels de Crillon et de Fortia de Montréal
C’est le petit- neveu du brave Crillon, Louis III de Berton, baron de Crillon, qui fait édifier cet hôtel en 1648 sur l’emplacement de la livrée de Pampelune. Domenico Borboni, originaire de Bologne, en est l’architecte. La décoration, très abondante, utilise de façon un peu archaïque un vocabulaire maniériste à base de décors floraux et de mascarons. Comme son vis- à -vis, moins exubérant, l’hôtel de Crillon évoque les demeures romaines.
En face, l’hôtel édifié en 1637 par F. de Royers de La Valfenière pour Paul de Fortia de Montréal, capitaine de la Marine royale, est le premier bâtiment privé moderne d’Avignon. L’imposante façade, aux puissants frontons alternativement curvilignes et triangulaires sur les baies de l’étage noble, présente un caractère italien bien marqué. L’hôtel d’Honorati de Jonquerettes, au n°12, s’associe aux deux précédents. Bâti au XVIIIème s., il servit de prison pour femmes pendant la Révolution. Plus loin dans la rue, nous trouvons dans un renfoncement le couvent des Clarisses.

Couvent de Sainte-Claire
« Laure,... longtemps célébrée dans mes vers, est apparue pour la première fois à mes yeux, au temps de mon adolescence, en l’an de grâce 1327, le 6 avril, en l’église Sainte-Claire d’Avignon ». C’est ainsi que le célèbre poète et humaniste François Pétrarque immortalise le couvent créé en 1239 par les religieuses de Sainte-Claire, un des plus anciens de la ville. Reconstruit au XIVe s., il est saccagé à la Révolution, puis vendu comme bien national et morcelé en plusieurs propriétés. En 1987, sensibilisée à la dégradation de ce lieu de mémoire, la ville fait procéder au dégagement des vestiges et à la réhabilitation du site. De l’église, il ne reste que quelques chapelles latérales et l’abside. Un petit jardin marque l’emplacement du cloître. L’espace est en partie affecté au Théâtre des Halles. Au début de la rue Grivolas, sur la gauche, se trouvait au XVe s. la maison du roi René décorée par Nicolas Froment. Ces bâtiments furent transformés pour accueillir le couvent des Ursulines Royales en 1625. Aujourd’hui, ils sont affectés à une structure spécialisée dans la formation pour la réhabilitation du bâti ancien. Nous tournons ensuite à gauche, dans la rue Bonneterie. Au n°44, nous trouvons l’hôtel de Cambis de la Falesche, dont la cour ouvre sur la rue par un grand portail à carrosses. Plus loin, au n°35, nous pouvons admirer la maison Raoulx construite en 1696 par Jean Péru. L’envergure du projet et le dessin soigné de la façade qui, selon Alain Breton, « dérive étroitement de l’hôtel de Beauvais qu’Antoine Lepeautre dressa (à Paris) en 1654 près de la rue Saint-Honoré », lui donnent toutes les qualités d’un hôtel aristocratique. A côté, au n°33, se dresse la maison de l’architecte Pierre Bondon, du XVIIIème s., avec une belle niche d’angle ornée d’une vierge. Au n°17, à l’angle de la rue Trémoulet, se situe la maison natale du peintre Joseph Vernet. Au n°11, en levant les yeux, nous pouvons voir la façade sud de l’ancienne église paroissiale Saint-Geniès. A l’extrémité de la rue, nous tournons à gauche pour pénétrer sur la place de la Principale.

Eglise Notre-Dame-la-Principale
Les origines de cette église, chef de l’une des sept anciennes paroisses d’Avignon, ne semblent pas remonter au-delà du Xe s. Toutefois, des travaux d’urbanisme récents ont permis de constater qu’elle s’appuie en partie sur un important monument gallo-romain, sans doute des thermes. Reconstruite au XIVe s. elle connaît encore d’importants travaux au siècle suivant comme en témoignent des voûtes avec liernes et tiercerons. Le clocher est élevé sur le modèle répandu à Avignon à l’époque pontificale. Au début du XIXe s., l’église devient chapelle des Pénitents Blancs autrefois dans l’enceinte du couvent des Dominicains. La façade est alors refaite par l’abbé Pougnet. La confrérie s’éteint en 1948. C’est aujourd’hui une salle de théâtre affectée au Festival d’Avignon et à l’Institut supérieur des techniques du spectacle.
Nous quittons la place de la Principale en longeant la grande façade sur plusieurs plans de l’hôtel de Joannis de Verclos, édifié en 1680, probablement sur des plans de Louis-François de la Valfenière. Le petit passage de la Principale nous amène dans la rue Rouge. Quelques mètres plus loin, nous arrivons sur la place du Change. Imaginons que cette placette a été, bien que beaucoup plus réduite, la plus grande place d’Avignon avant la création de la place du Palais en 1404. A droite, au début de la rue de la Rappe, l’hôtel Peilhon de Faret conserve, à l’intérieur d’une galerie marchande, deux atlantes. Au bout de la rue, nous prenons à gauche la rue des Marchands. En passant nous remarquons une vieille boutique de chapelier protégée au titre des Monuments historiques. Par la rue Edmond-Halley, sur la droite, nous rejoignons la place Nicolas-Saboly que nous traversons pour prendre la rue de l’Arc-de-l’agneau. Nous débouchons ainsi sur la place Saint-Pierre.

Eglise Saint-Pierre
La tradition fait remonter au VIIe s. l’existence de cette église qui aurait abrité les tombeaux des premiers évêques d’Avignon, dont saint Agricol. Plusieurs fois ruinée, elle a été reconstruite à partir de 1358 grâce aux libéralités du cardinal des Prés qui l’érigea alors en collégiale. Le clocher ne date que de 1495 et la façade, au riche décor flamboyant parsemé d’allusions maniéristes, est réalisée entre 1511 et 1524. Les portes en bois, bel exemple de l’art de la Renaissance en Provence, ont été sculptées par Antoine Volard en 1551. L’intérieur conserve un ensemble d’œuvres d’art important dont le beau retable sculpté par Imbert Boachon en 1524. Le chœur en bois doré, qui donne un air baroque à cet édifice gothique, a été dessiné par F. de Royers de La Valfenière en 1659. Nous poursuivons notre circuit par la rue des Ciseaux-d’or puis, à la suite, la rue de Taulignan. Au début de celle-ci, au niveau du premier étage, une jolie baie gothique vient d’apparaître au cours d’une restauration. Nous arrivons dans la rue de la Banasterie.

Hôtel de Madon de Châteaublanc
Cet hôtel, édifié en 1687 par l’architecte Pierre Mignard, dit « le chevalier Mignard », est sans nul doute son chef-d’œuvre en matière de construction privée. De plan général en U, les ailes latérales se referment sur la rue par une quatrième aile plus basse, en partie aveugle sur l’extérieur, qui isole une cour intérieure pourvue d’une très belle mosaïque en galets due à Henri Barrelet. Cette petite aile forme l’élément central de la façade. Celle-ci, bien équilibrée, s’ouvre par une porte sommée d’un portique ionique encadrant une baie, le tout coiffé d’un fronton triangulaire. Les pavillons latéraux sont surélevés par un attique. Au rez-de-chaussée, les fenêtres, en arcs segmentaires, portent des mascarons aux agrafes tandis qu’à l’étage noble elles sont surmontées de tables sculptées de guirlandes, d’oiseaux et de motifs divers.
Nous revenons vers le centre ville en traversant la petite place Henri-Manguin où le peintre fauve avait eu un atelier, puis, plus loin, la place du Cloître-Saint-Pierre ou place des Chataîgnes. Après avoir contournée le chevet de l’église Saint-Pierre, nous traversons la place Carnot. A l’angle de la rue des Marchands nous remarquons une maison à encorbellement et colombages. Datable de la fin du XVème s., elle est le seul témoin d’un type de maison fort répandu à Avignon au Moyen Age. Elle est souvent dite, à tort, « maison de Rascas » du fait que sur son emplacement Bernard de Rascas, fondateur de l’hôpital Sainte-Marthe, aurait possédé une maison au XIVème s. Nous nous engageons dans la rue des Fourbisseurs. L’angle de la rue du Vieux-Sextier est occupé par un grand hôtel du XVIème s. encore entièrement gothique, l’hôtel de Belli. Il porte dans une niche d’angle flamboyante une belle Vierge de la même époque.
Nous prenons, gauche, dans la rue du Vieux-Sextier percée en 1754 par Jean-Baptiste et Jean-Pierre Franque qui y amenèrent, proche du marché de la place Pie, les bâtiments de la boucherie, de la triperie et de la poissonnerie. Il s’agissait de bâtiments formés d’arcades à refend ornées aux clefs de têtes de bétail et d’instruments propres aux métiers de l’abattage et de la boucherie que l’on peut encore observer derrière les aménagements des commerces. Une de ces arcades ouverte, sur la gauche, donne accès à la place Jérusalem. Ce passage constituait au XVIIIème s. l’une des trois portes de la « Carrière des Juifs ». Cantonnés dans le quartier depuis le déplacement de la Juiverie au XIIIème s., les Juifs étaient contraints d’habiter ce ghetto largement détruit par les travaux d’urbanisme du XIXème s.

Synagogue
L’ancien quartier juif était situé au nord-ouest de l’actuelle place du Palais. En 1221, la juiverie est transférée dans la paroisse Saint-Pierre, autour de l’actuelle place Jérusalem. Cette « carrière » était fermée par trois portes dont seul reste le portalet de la Calandre. Ses habitants bénéficiaient de la protection du pape. Supprimée à la Révolution, la plupart des maisons ont été détruites au XIXe siècle.
La synagogue, dite « escole », comportait le temple et les salles utiles à la vie de la communauté : réunions, mariages, boucherie, boulangerie,... Rebâtie entre 1765 et 1767 par Franque et somptueusement décorée, elle a totalement brûlé en 1845. Immédiatement reconstruite par les soins de la municipalité sur les plans de l’architecte J.-A Jeoffroy, l’intérieur présente, de manière inattendue, une rotonde néo-classique couverte d’une coupole.
De la place Jérusalem nous passons, à droite, à la place Saint-Jean-le-Vieux, puis nous traversons la place Pie pour rejoindre la rue Thiers, percée rectiligne réalisée entre 1869 et 1878. Au deuxième carrefour, à droite, nous prenons la rue Four-de-la-Terre. Au n°37, une belle porte signale l’hôtel de Montaigu édifié en 1668 par Louis-François de la Valfenière et Jean Rochas. L’escalier dit «à l’impériale» est grandiose. L’immeuble, propriété municipale, a été confié aux Compagnons qui y transmettent les métiers du bâtiment. A l’extrémité de la rue nous tournons à gauche, dans la rue Bonneterie, pour aller faire une visite aller-retour dans la rue des Teinturiers.

Rue des teinturiers
Sans doute l’une des rues les plus pittoresques de la ville, la rue des Teinturiers suit le cours de la Sorgue provenant de la fontaine de Vaucluse et qui alimentait autrefois les douves de l’ancien rempart du XIIème s. (rue des Lices, à partir de laquelle le canal est à nouveau couvert). Dénommée rue du Cheval-Blanc au XVème s. – du nom d’une hôtellerie -, elle était au XVIIème s. plantée de mûriers grâce aux libéralités de la confrérie Notre-Dame-du-Salut. L’eau était utilisée au XVIIIème s. pour les besoins des fabriques d’indienne, industrie particulièrement prospère à cette époque – réactivée au XIXème s., elle périclita pour laisser place à d’autres ateliers utilisant la force motrice de la Sorgue au moyen de grandes roues à aubes.
A l’angle de la rue Guillaume-Puy se trouve une très belle maison gothique dite du « Quatre de Chiffre ». A l’opposé, au carrefour de la rue des Lices, on aperçoit l’unique vestige de l’ancien couvent des Cordeliers, une chapelle absidiale de l’église qui était l’une des plus vastes d’Avignon. A mi-parcours de la rue des Teinturiers se dresse la chapelle des Pénitents gris, seule confrérie encore en activité et la plus ancienne d’Avignon. C’est là qu’en 1433 s’est produit un fameux miracle : lors de grandes inondations, le Rhône et la Sorgue ayant débordé, les eaux sont cependant restées suspendues à droite et à gauche le long des parois de la chapelle afin de laisser un passage aux confrères venus sauver le Saint Sacrement.

Couvent des Cordeliers
Les Cordeliers s’installent à Avignon en 1226 et, comme les autres ordres mendiants, ils construisent leur couvent à l’extérieur des remparts de l’époque, sur les bords de la Sorgue, près de l’ancien portail Imbert. Les murs s’élèvent à partir de 1233 et l’église, immense, n’est achevée qu’en 1350. D’illustres familles y élisent leur tombeau. Laure de Noves, l’égérie de Pétrarque, aurait été inhumée dans le caveau des Sade en 1348.
Le 16 octobre 1791, un notaire patriote, Nicolas Lescuyer, est traîné dans la nef et assassiné sur les marches de l’autel. Cet événement déclenche, en représailles, les effroyables massacres de la Glacière. Vendu comme bien national après la Révolution, l’ensemble des Cordeliers devient la proie des démolisseurs. Il ne reste aujourd’hui qu’un témoin pittoresque, une chapelle absidiale et le clocher, très érodé.

Chapelle des Pénitents Gris
Après le siège d’Avignon en 1226, le roi de France Louis VIII serait venu faire ses dévotions au vieil oratoire de Sainte-Croix. Il est reconnu pour avoir fondé à cette occasion la Royale et Dévote Confrérie des Pénitents Gris qui édifièrent leur chapelle sur ce lieu mémorable. Cette pieuse confrérie, née en contre-pied de l’hérésie albigeoise, s’était donnée pour mission l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, exposé en permanence dans le sanctuaire. Elle poursuit aujourd’hui encore ce vœu plusieurs fois centenaire. La chapelle, dont les différents éléments s’échelonnent du XVIe au XIXe s., est de plan irrégulier. Le 30 novembre, les confrères commémorent le miracle de la Séparation des eaux : ce même jour de 1433, lors d’une fameuse inondation du Rhône, les eaux se sont écartées dans la nef pour permettre le passage du Saint-Sacrement.

Maison du Quatre de Chiffre
Cette maison crénelée, flanquée de deux échauguettes, aux gargouilles figurant des animaux fabuleux, est l’une des dernières demeures gothiques d’Avignon. Un petit cartouche, aujourd’hui effacé, indiquait la date de construction de l’édifice : 1493. Elle est dite « maison du Quatre de Chiffre » en raison d’un décor gravé sur sa façade. Il s’agit d’une sorte de monogramme inscrit dans un écusson dont le sens reste jusqu’ici mystérieux aux plus savants. Il est souvent interprété comme une ancienne marque de commerce. Acquis par le Conseil général de Vaucluse, l’immeuble sert aujourd’hui de maison des associations. Nombreuses sont celles qui y ont leur siège et qui y tiennent réunion.
Revenus sur nos pas dans la rue Bonneterie nous prenons, à gauche, la rue de la Masse, riche en hôtels particuliers. Au n°19, l’hôtel Salvador, édifié entre 1706 et 1712 par Jean-Baptiste Franque, s’inscrit dans la partie la plus étroite de la rue. Après avoir tourné à gauche, nous suivons la rue Noël-Biret jusqu’à la rue des Lices dont le nom indique bien sa localisation sur le tracé des anciens remparts. Immédiatement à gauche se trouve l’ancien couvent des Dames du Verbe Incarné dont la chapelle fut construite entre 1725-1728 par François et Jean-Baptiste Franque. Un peu plus loin le collège Saint-Joseph, nouvel établissement des jésuites, édifié au XIXème s. sur l’emplacement du couvent des Cordeliers. Nous prenons, à droite, la rue des Lices.

Aumône générale
L’institution, créée en 1592, avait pour vocation de recueillir et d’assister les pauvres. L’œuvre se fixe en bordure de la rue des Lices en 1610. Plusieurs campagnes de travaux, échelonnées de 1669 à 1778 –les dernières par J.-B. et J.-P. Franque-, permettent d’édifier un vaste ensemble de bâtiments en U dotés de quatre rangs superposés de galeries en arcades. Une chapelle sépare la cour des hommes de celle des femmes. Sur la rue, un bâtiment bas, la « galère », accueille les femmes de mauvaise vie.
Au milieu du XIXe s. l’établissement est transformé en « caserne des Passagers », nom resté en usage. En 1890, l’aile orientale reçoit l’école municipale des beaux-arts. Entre-temps, la chapelle, la « galère » et bien d’autres parties ont été détruites. L’édifice a été vendu par la ville en 1998 pour permettre une réhabilitation immobilière.
Nous poursuivons notre chemin jusqu’au croisement avec la rue des Trois-Faucons marqué par un feu rouge. Nous bifurquons sur la gauche pour atteindre la place des Corps-Saints. Nous longeons sur la droite les immenses bâtiments de l’église des Célestins.

Eglise du couvent des Célestins
A l’origine, une tombe dans le cimetière des pauvres, celle du bienheureux Pierre de Luxembourg, jeune cardinal mort en 1387, sur laquelle se produisent des miracles. En ce lieu les Célestins édifient à partir de 1395 un monastère dont le roi Charles VI est le fondateur.
L’architecte lyonnais Pierre Morel réalise entre 1396 et 1401 l’abside et les deux travées de chœur. Repris entre 1422 et 1424, les travaux s’arrêtent par manque d’argent : la nef inachevée est fermée par un mur. Entre-temps, le tombeau du saint est réuni au monastère par une chapelle monumentale, perpendiculaire à l’église. Celle-ci, qui avait reçu le tombeau de Clément VII, puis les reliques de Saint Bénezet, est à la fin du XVIIIe s. l’une des plus somptueuses de la ville. Elle est totalement dévastée à la Révolution. Le cloître accueille chaque été des spectacles du Festival.

Du parvis de l’église, nous prenons l’avenue de Lattre-de-Tassigny pour contourner l’ensemble des bâtiments de l’ancienne caserne Hautpoul.

Caserne Hautpoul
Le long des remparts, depuis les bâtiments conventuels jusqu’au noviciat des Jésuites, s’étendaient les jardins du couvent des Célestins. Après la Révolution et jusqu’en 1850, la succursale des Invalides occupa les bâtiments de Saint-Louis, ceux des Célestins, ainsi que les vastes jardins dont les allées portaient les noms des victoires de l’Empire. En 1861, la Ville cédait à l’Etat les terrains pour que celui-ci y construise une nouvelle caserne afin de libérer le Palais des Papes.
La caserne Hautpoul, édifiée sur cet emplacement, fut terminée vers 1865. Le 1er régiment d’artillerie pontonniers y fut installé. Il deviendra le 7ème régiment du génie, celui qui a tant marqué la ville, notamment par l’organisation annuelle d’une grande fête populaire se déroulant lors de la Sainte-Barbe. La cour d’honneur était fermée par un lourde grille flanquée de deux corps de garde détruits en 1950 lorsque la caserne fut appropriée pour accueillir les services administratifs de l’Etat. Derrière, dans l’ancienne cour de Chine, des bâtiments modernes ont été édifiés sur les plans de Fernand Pouillon.
En face de la caserne se trouve la chambre de commerce. Elle occupe l’hôtel de l’industriel Olivier, édifié vers les années 1860-1870 par l’architecte Florent Olagnier. Pour terminer cette promenade nous remontons le cours Jean-Jaurès et la rue de la République.

Rue de la République
L’arrivée du chemin de fer à Avignon devait transformer considérablement la vieille cité pontificale. L’ouverture de la gare conduisit la municipalité Pamard à adopter un plan général d’alignement qui prévoyait la percée d’une large artère, traversant les remparts, et conduisant jusqu’à la place de l’Horloge. Après l’adoption par Napoléon III, en 1855, du plan général, la percée de la rue de la République se déroula en trois phases principales. De 1856 à 1857, on réalisa la partie basse, depuis les remparts jusqu’à la rue Joseph-Vernet.
En 1863, fut achevée la deuxième partie qui fit disparaître la vieille rue Saint-Marc. La troisième partie, celle qui aboutit sur la place de l’Horloge fut terminée vers 1867, supprimant à cette occasion un célèbre café où se trouvait le dernier jeu de paume d’Avignon. La percée réalisée, il s’agissait désormais d’édifier de nouveaux immeubles s’alignant sur la voie nouvelle. C’est ainsi qu’une nouvelle porte fut créée dans les remparts : la porte de la République.

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Promenade de la Carreterie

De la place Pie à l'ancien séminaire Sainte-Garde
Place Pie
La destruction, en 1562, de la maison de Jean-Perrin Parpaille, fils d’un ancien primicier de l’Université d’Avignon et ardent catholique converti au protestantisme, libéra un espace baptisé place Pie, du nom du pape régnant Pie VI. On y éleva une colonnade, premier élément d’une future halle destinée à abriter un marché aux légumes. L’ensemble ne sera terminé que vers 1624, la place étant élargie par la destruction d’un certain nombre de maisons. Un nouveau projet dû à Jean-Baptiste Franque entraîna la démolition de la halle, puis la reconstruction d’une nouvelle, à arcades de pierre, surmontée de greniers, appelée sextiers.
Baptisé place d’Armes sous la Révolution, le lieu continuait d’être un espace d’échange pour le commerce des fruits et légumes, puis il détrôna définitivement dans ce rôle l’ancienne place de l’Horloge. En 1844, sur la partie ouest de la place, une petite halle métallique installée devant l’ancienne commanderie augmenta la capacité commerciale du lieu. On détruisit sous le Second Empire la halle de Franque, on perça la rue Thiers (1869-1876) ouverte sur la place, on l’élargit encore par la tragique destruction de l’ancienne commanderie et on édifia, en 1899, de grandes halles métalliques, équipement nécessaire à l’approvisionnement de la cité. En 1972, les anciennes halles ont été remplacées par un nouvel édifice surmonté d’un parking.
Par la rue Saint-Jean-le-Vieux, qui se poursuit au-delà des terrasses de cafés, nous rejoignons la place Pignotte. Une institution du même nom, fondée en 1316, distribuait au pauvre de quoi subsister.

Chapelle de la Visitation
L’église du couvent de la Visitation est construite entre 1631 et 1638. Comme le rappelle l’inscription gravée sur la façade, le cardinal Mario Philonardi, vice-légat de l’époque, en est le mécène.
Ce chef-d’œuvre d’architecture, dû à F. de Royers de La Valfenière, adopte un plan en forme de croix latine. La façade, à deux niveaux séparés par une puissante corniche, l’inférieur composite, le supérieur corinthien, reprend la disposition de ce qu’on a appelé le style jésuite. Le riche décor sculpté s’associe à l’ensemble des formes pour donner un édifice tout d’équilibre et de charme.
Au XIXe siècle. les religieuses du Saint-Sacrement remplacent les Visitandines dispersées à la Révolution. Devenus propriété d’un particulier, la chapelle et les bâtiments conventuels bénéficient aujourd’hui d’une restauration et d’un entretien soignés.
A côté de la chapelle de la Visitation se trouve celle de la Congrégation des Hommes, édifiée entre 1751 et 1753 par François Lamy et Esprit-Antoine Rocas. C’est aujourd’hui le lieu de culte de la Mission italienne. Par la rue Paul-Saïn, à gauche, nous nous rendons au portail Matheron. Sur notre droite, le front de maisons, délimité par les rues Carreterie et Louis-Pasteur, constituait la façade de l’église du couvent des Augustins entièrement absorbé par des constructions post-révolutionnaires. Nous nous engageons dans la rue Louis-Pasteur. Au croisement avec la rue Guillaume-Puy, la place Louis-Pasteur présente, sous la forme d’une fontaine, un monument édifié en 1894 en hommage à Guillaume Puy, « le maire modèle » qui sut relancer l’économie de la ville au lendemain de la Révolution. Nous poursuivons notre route par la rue Louis-Pasteur. A l’extrémité de la rue on trouve l’hôpital Sainte-Marthe.

Hôpital Sainte-Marthe
En 1354, le chevalier Bernard Rascas, maréchal de justice, consacre dix mille florins d’or à la fondation de l’hôpital Sainte-Marthe. Le cardinal-légat Julien de la Rovère, en 1481, transforme l’établissement en hôpital municipal. Une série de chantiers échelonnés entre 1667 et 1830 permettent l’élaboration d’une somptueuse façade de cent soixante-quinze mètres de long. Jean Péru, qui y travaille entre 1689 et 1693 en impose le dessin : des travées étroites et serrées, à deux niveaux de fenêtres, coiffées d’une pittoresque lucarne. Sur ce modèle J.-B. Franque réalise l’aile orientale entre 1743 et 1745, puis, aidé de son fils François, il édifie le portique aux puissantes colonnes du pavillon central. (Cloître, Pharmacie, Parc) En fonction jusque dans les années 1980, l’hôpital Sainte-Marthe, entièrement réhabilité, accueille depuis 1997 l’Université d’Avignon. Si le portail de Sainte-Marthe est ouvert, nous traversons le domaine universitaire jusqu’à la porte des remparts. Une fois à l’extérieur nous suivons l’enceinte par la gauche pour pénétrer à nouveau en ville par la porte Saint-Lazare. Dans le cas contraire, nous poursuivons notre chemin par la rue de Rascas. A l’angle de la rue Sambuc nous trouvons la façade à deux étages, sommée d’un fronton, de la chapelle des religieuses de Saint-Joseph qui étaient en charge de l’hôpital. Edifiée en 1751 par Jean-Baptiste Franque « elle est la plus élégante et la plus gracieuse des constructions religieuses réalisées par lui »(J.Girard). Par la rue Saint-Bernard nous arrivons à la porte Saint-Lazare par laquelle nous sortons. La porte Saint-Lazare ne comportait à l’origine qu’une ouverture.
En 1568, au moment des guerres de Religion, elle fut fortifiée par un « ravelin », ouvrage de plan carré dont le vestige d’une tour ronde subsiste près d’un immense platane planté vers 1830. C’est par cette porte que se faisaient la plupart des entrées solennelles, royales et princières, comme celle de Marie de Médicis en 1600. Ces entrées empruntaient la rue Carreterie où nous nous engageons à présent. C’étaient des jours de liesse. Toute la population était concernée.
Le trajet de ces somptueux cortèges étaient jalonné d’arc-de-triomphe et de fenêtres pavoisées. Le carrefour en fourche avec la rue des Infirmières a conservé le nom de Belle-Croix d’une grande croix couverte du XVème s. Il s’agissait d’un édicule flamboyant, orné de pinacles, formant un baldaquin au-dessus de la croix. Le nom de la rue des Infirmières vient du nom de la vieille enceinte à partir de laquelle elle s’est développée. Le portail des Infirmières, signalé dès 1242, était peut-être ainsi dénommé à cause des « infirmeries » Saint-Lazare où l’on soignait les lépreux. Nous prenons, à gauche, la rue Cabassole qui nous ramène dans la rue Carreterie, puis nous tournons à droite.

Clocher des Augustins
Le pittoresque clocher qui domine la rue de la Carreterie est à peu près tout ce qui reste de visible de l’ancien couvent des Augustins édifié hors de l’enceinte romane dans la deuxième moitié du XIIIe siècle. Ce clocher, élevé entre 1372 et 1377, apparenté aux autres constructions avignonnaises de ce type, présente deux particularités : la première, d’avoir reçu une horloge publique en 1497 ; la seconde, d’avoir vu sa flèche tronquée en 1562 et remplacée par un campanile destiné à recevoir la cloche du couvent de Notre-Dame de Bon-Repos à Montfavet aujourd’hui conservée au Palais des Papes. Une récente étude archéologique a permis de relever dans les maisons actuelles les vestiges de l’église qui se développait le long de la rue et d’en rétablir le plan. Construite à la fin du XIIIe siècle et terminée sous Jean XXII elle était l’une des plus vastes de la ville.
Au n°29, nous passons devant la porte du couvent des Carmes que nous sommes en train de contourner. La place des Carmes, du fait que l’église fut le siège du Club des Jacobins et joua un rôle important durant la période révolutionnaire, fut un certain temps appelée la place de la liberté. En 1889, on l’avait même dotée d’une fontaine commémorative du centenaire de la Révolution, monument qui disparut en 1956 pour trois places de parking. Le dimanche matin, la place est toujours animée par un traditionnel marché aux puces.

Eglise et cloître des Carmes Les Carmes arrivent à Avignon en 1267. Ils édifient leur couvent à l’extérieur de l’enceinte, entre le portail Matheron et le portail des Infirmières. L’église est reconstruite au XIVe siècle grâce aux libéralités de Jean XXII, puis de Clément VI. La nef unique, bordée au nord et au sud par des chapelles suivant le rythme des travées, couverte à l’origine d’une charpente, n’est dotée d’une voûte qu’en 1836. La façade sur la place, très sobre, est ornée d’un gâble flamboyant et d’une rose réalisés au XVe siècle. L’église des Carmes joue un rôle important durant la Révolution. En 1803 elle reçoit le titre de Saint-Symphorien et devient église paroissiale en remplacement de l’ancienne église de la rue Banasterie détruite en 1795.

Au nord, se dresse encore le cloître qui est devenu, après réhabilitation, un lieu permanent du Festival d’Avignon. Au fond de la place des Carmes nous tournons à gauche pour rejoindre les rue et place des Trois-Pilats. Sur cette charmante placette pavée d’une calade nous remarquons, au n°16 l’hôtel de Gasqui construit dans le second quart du XVIIIème s. Un peu plus loin nous prenons à droite la rue Lafare. A son débouché sur la place du Grand-Paradis nous découvrons la façade et le mur méridional de la chapelle des Pénitents violets édifiée en 1740 par Jean-Baptiste Péru. Deux pas plus loin nous arrivons sur la place Saint-Joseph. Il suffit de lever les yeux devant le n°13 bis pour découvrir l’enseigne en faïence, datée de 1737, du maître faïencier Louis Carbonel. Au bout de la place se trouve la grande porte du lycée Théodore-Aubanel construit sur l’emplacement du couvent des Carmes déchaussés. Nous prenons à gauche la rue Palapharnerie (de « palefrenerie » ou écuries du pape), et nous regagnons les remparts. Avant de sortir par la porte de la Ligne, réalisée par Jean-Baptiste et Jean-Pierre Franque en 1757, nous nous arrêtons pour voir l’ancien grenier à sel édifié par Jean-Ange Brun en 1756, récemment restauré et aménagé par Jean-Michel Wilmotte. A l’extérieur, nous découvrons le Rhône et son port. Le quai de la ligne tient son nom de la legno (bois en provençal). C’est ici qu’était déchargé le bois à brûler. Nous traversons à nouveau les remparts par une poterne qui donne dans la rue Banasterie. Le quartier à droite, au pied du Rocher, est occupé par la prison, anciennement hospice des Insensés auquel était attachée la chapelle des Pénitents noirs de la Miséricorde.

Chapelle des Pénitents violets
La confrérie des Pénitents violets est née d’un schisme des Pénitents bleus en 1662. Ces pénitents, placés sous l'invocation de Jésus-Marie-Joseph, autrement dit de la Sainte Famille, font construire leur chapelle au Grand-Paradis sur un terrain appartenant au chapitre de Saint-Pierre. Les vestiges de cet édifice, la façade principale à fronton et la façade en retour au midi, témoignent du beau travail d’architecture dessiné par Jean-Baptiste 1er Péru en 1740, réalisé par les maçons Jean-Antoine Chambon et Pierre Mottard.
La confrérie est supprimée en 1792 et la chapelle vendue comme bien national. Elle devient alors magasin de garance, puis après différents usages, garage automobile. Ce monument, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1966 et toujours dans le domaine privé, mériterait une restauration.

Grenier à sel - Porte de la Ligne
Le grenier à sel, établi près du port du Rhône, a été construit par Jean-Ange Brun en 1756. Il présente une façade monumentale bordée de chaînes de refend aux angles. La porte s’ouvre dans un avant-corps encadré de piliers à bossages. L’édifice a été récemment restauré en vue d’activités culturelles et commerciales par Jean-Michel Wilmotte.
En face, s’ouvre la porte de la Ligne ainsi nommée du fait qu’elle donnait accès au port au bois, la legne ou ligne désignant en provençal le bois à brûler.
L’étroitesse de son ouverture et son état menaçant ont entraîné son déplacement au débouché de la rue Palapharnerie à l’angle de laquelle on venait d’élever le grenier à sel. Les travaux ont été réalisés en 1757-1758 sur un projet de J.-B. et J.-P. Franque dont le dessin prend pour base une arcature en plein cintre à refend.

Chapelle des Pénitents noirs
La confrérie des Pénitents noirs de la Miséricorde, fondée en 1586 par Pompée Catilina, se donne pour mission d’accompagner spirituellement et matériellement les prisonniers, d’assister les condamnés à mort, puis, au XVIIIe siècle, de s’occuper des aliénés dont l’hospice est alors voisin de leur chapelle.
Etablis en 1591 dans l’ancien prieuré Notre-Dame de Fenouillet qu’ils aménagent à leur convenance, les confrères commandent en 1739 à Thomas Lainée la restauration de leur chapelle : reconstruction de la façade, réfection du plafond, pose de boiseries intérieures. Lainée mort peu après, c’est J.-.B. Franque qui supervise le chantier. Le résultat est d’une rare élégance. La façade, particulièrement soignée, présente dans un grand relief au-dessus de la porte l’emblème de la confrérie : la tête de saint Jean-Baptiste sur un bassin enlevé par des anges.
La rue Banasterie, que nous continuons de suivre, présente de nombreux hôtels particuliers dont nous pouvons savourer l’architecture. Presqu’en face de l’hôtel Cohorn de Limon, au n°25, nous empruntons la petite rue Saint-Perpétue. En arrivant dans la rue Sainte-Catherine nous apercevons la façade d’une église transformée en théâtre. Il s’agit de l’église du couvent de Sainte-Catherine fondée vers 1251. Nous prenons à droite, puis de suite à gauche pour rejoindre la rue Armand-de-Pontmartin, puis de nouveau sur la gauche la rue de la Croix. Sur la place de la Bulle, la jolie façade de l’hôtel de Blanchetti occupe le petit côté d’un hôtel en réalité assez vaste. Elle date des environs de 1760 et pourrait-être l’œuvre de Jean-Pierre Franque. Par la rue Saluces, à gauche de cet hôtel, nous regagnons l’entrée du mont-de-piété.

Mont-de-piété
La congrégation Notre-Dame-de-Lorette, fondée en 1577, se donne pour but de soulager les pauvres. Érigée en mont-de-piété en 1610, elle devient apte à effectuer des prêts sur gage : c’est le premier établissement de ce type en France. Fort d’un succès continu, il repart d’un nouvel élan après le coup d’arrêt de la Révolution grâce aux talents des administrateurs qui ont l’idée de lui associer une Condition des soies destinée à apporter des subsides.
Le bâtiment principal se développe jusqu’en 1877 et s’orne de deux belles façades à chaque extrémité. La Condition des soies fonctionne jusqu’en 1928 et le mont-de-piété, devenu Crédit municipal, occupe les locaux jusqu’en 1986. Ceux-ci sont depuis affectés aux archives municipales qui offrent, en accès libre, un petit musée comportant des objets rappelant l’histoire et le fonctionnement des institutions qui les ont précédées.
Nous repartons par la droite en reprenant la rue du Mont-de-Piété, puis à gauche la rue de la Croix. Au portail Matheron, nous tournons à droite dans la rue Carreterie, puis au bureau de poste à gauche pour terminer notre promenade par la rue Général-Leclerc. Le palais de justice fut aménagé dans la première moitié du XIXème s. dans l’ancien séminaire Sainte-Garde, lui-même installé en 1752 dans le couvent des Annonciades Célestes. La chapelle fut édifiée en 1769 par Jean-Baptiste Lambertin. Désignée comme dernière construction religieuse de l’Ancien Régime, la chapelle a été transformée en salle d’audience.

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