LA SAVOIE - Le Chablais & pays de Gavot



LE CHABLAIS

LE CHABLAIS D'AUJOURD'HUI

LE CHABLAIS D'AUTREFOIS




AUJOURD'HUI

Historique du Chablais

Situé sur le grand axe nord-sud reliant l'Italie au travers de la Suisse à la France du nord, la Belgique, la Hollande et la vallée du Rhin, le long corridor du Chablais permet de joindre le lac Léman à la vallée du Pô par le défilé de St-Maurice, le col du Grand St-Bernard et la vallée d'Aoste. L'importance de cet axe international remonte à la préhistoire.
Étymologiquement parlant, le Chablais vient de « caput lacense » et signifie « situé à la tête du lac ». Ce terme n'est pas utilisé avant le Moyen-Âge et désignait les possessions de l'abbaye valaisanne de Saint Maurice d'Agaune justement située à la tête du Lac Léman.

Cette grande voie de communication européenne intéressa les Celtes qui s'y installèrent durant le dernier millénaire avant J.-C. De même, les Romains ne devaient pas s'arrêter au sud des Alpes qu'ils franchirent en annexant la région à l'Empire en 15 avant J.-C. Ils en firent un passage important sur l'axe de communication reliant Milan à Mayence.

Le Vème siècle sera celui des invasions qui aboutissent à la fin de l'Empire romain d'Occident. Les Burgondes, venant de la mer du Nord, apparaissent après trois siècles de pérégrination en Europe et sont battus par le général romain Aetius qui leur propose, en 443, de s'établir dans un territoire qui s'étendra de Lyon à Martigny au nord et au sud du lac Léman.

Au siècle suivant, les Francs attaquent les Burgondes et vont dominer la région. Dès 534, l'extension française aboutissant à l'empereur Charlemagne en 800 inclut le Chablais dans son empire. D'autres barbares, les Lombards venant d'Italie, envahissent le territoire en 574 où ils seront battus et refoulés à Bex.

En 814, à la succession de Charlemagne, le Chablais passe à Louis le Débonnaire dont un fonctionnaire utilise pour la première fois le mot Chablais (tête du lac, Caput Iaci, Capo lago). Au traité de Verdun, en 843, Lothaire garde la région, le Valais, la Suisse romande et la Savoie, qui feront partie de la Lotharingie.

La dynastie savoyarde qui débute avec Humbert-aux-Blanches-Mains au Xlème siècle durera huit siècles et verra se succéder 42 princes, comtes, ducs et rois. Cette longue période de règne marquera l'histoire de l'Europe et en particulier celle du Chablais entre le Xlème et le XVème siècles.

En effet, en 1128, Amédée III de Savoie agrandit son domaine en ajoutant à ce que l'on appelait le " Vieux Chablais " (le triangle qui aurait pour base la droite Evian-Vevey et le sommet à la Croix d'Ottans près de Vernayaz, sur la rive gauche du Trient), la région de l'Arve jusqu'à la Dranse d'Abondance, formant ainsi le " Nouveau Chablais ". Saint-Maurice était alors la capitale du Chablais.

En 1476, le territoire sera attribué à la République de L.L.E.E. de Berne par la convention de Fribourg. Ce tournant décisif, dû aux intrigues de la Savoie, de la France, de la Bourgogne, de Berne et des dizains haut-valaisans, entraînera le retrait du Chablais vaudois du Duché de Savoie. Cette enclave bernoise, embryon de la Suisse romande, n'aura aucune frontière commune avec la Suisse jusqu'à la conquête du Pays de Vaud en 1536,

Le 15 Janvier 1536, Genève, menacée par le blocus de la Savoie, fait appel à Berne qui s'empresse de déclarer la guerre à la Savoie, simultanément attaquée par la France. Les Bernois conquièrent le Pays de Vaud et se déploient jusqu'à Thonon rejoignant leurs alliés valaisans. ces derniers prennent possession d'Evian, d'Abondance jusqu'à Thonon. Deux traités fixent la délimitation encore actuelle entre le Chablais valaisan et le Chablais savoyard, à savoir la Morge de St-Gingolph et de Novel, Le premier, le traité de Lausanne entre les ducs de Savoie et les Bernois à lieu en 1564; le deuxième, le traité de Thonon, est signé en 1569 entre les ducs de Savoie et le Valais. Il faudra attendre le XlXème siècle avec l'entrée dans la Confédération de Genève et du Valais pour que ces frontières soient définitivement entérinées.

La Géographie du Chablais savoyard

Le Chablais est la région la plus septentrionale des Alpes Françaises. C'est une région de près de 900 km2 qui correspond au niveau administratif, à l'arrondissement de Thonon-les-Bains (hors canton de Boëge). Celui-ci comprend 6 cantons et regroupe 61 communes.
liste des cantons et communes
C'est une région bien peuplée avec près de 101 000 habitants, soit une densité de 111 habitants par km2, ce qui la situe dans la moyenne française. 

 

Organisation géographique et géologique d'ensemble 

Le Chablais forme avec les préalpes vaudoises et fribourgeoises les Préalpes Charriées. Le Chablais géologique est constitué de quatre nappes
Les préalpes inférieures (ultrahelvétiques)
Les préalpes médianes: médianes plastiques avec des plissements assez bien marqués tels les anticlinaux d'Autigny et du mont Chauffé, l'écaille monoclinale de la Dent d'Oche. Ici le calcaire massif du malm bien travaillé par l'érosion (eau, neige) forme l'ossature des hauts sommets favorable à l'escalade.
La nappe de la Brèche: la brèche du mont Brion est formée de cailloux anguleux agglomérés par un ciment calcaire.
La nappe supérieure des préalpes avec les reliefs mous de flysch schisteux de la pointe des Follys où se développent les pistes de ski d'Abondance.
Ces masses charriées venues du Piémont il y a douze millions d'années ont buté sur la cuvette lémanique remplie de molasse.
Le massif de la Dent d'Oche est situé à proximité d'un niveau de base très profond (Léman 372 m.), ce qui explique la violence de l'érosion régressive. Les montagnes du Chablais sont aérées, car la proportion de roches tendres est grande (flysch, complexe schisteux, calcaire marneux de la couche rouge du crétacé supérieur, que l'on retrouve dédoublée dans les Cornettes de Bise).
La vallée d'Abondance emprunte une zone de faiblesse (zone de flysch) entre Médiane au Nord et Brèche au sud. Les glaciers quaternaires locaux et une diffluence du glacier du Rhône par le Pas de Morgins ont élargi la vallée. Ici, le phénomène d'arrachement glaciaire a prédominé sur l'abrasion déblayant plus facilement les roches tendres encaissantes. La plupart des têtes de vallons sont nappées de placages glaciaires et des vallums morainiques, subsistant dans les cirques orientés au Nord (lac glaciaire de Tavaneuse).
Les glaciers disparus et les torrents ont construit des cônes de déjection (la Chapelle d'Abondance est construite sur le cône formé par le torrent de Chevenne). La plupart des pentes au pied des parois de calcaire sont recouvertes d'éboulis (gélifraction) et parfois d'éboulements (chaos rocheux du lac d'Oche ou du lac de Darbon).
Les avalanches continuent à modeler les versants (elles sillonnent, par exemple, le versant Ouest de Lanchenaire au Nord des Cornettes de Bise, certaines peuvent même atteindre l'alpage de Bise). Les avalanches catastrophiques ne sont pas exclues en Chablais; dans la vallée de la Manche en amont de Morzine l'avalanche descendue de la face nord de Nant-Golon en 1980 a coupé la route, escaladé le versant opposé, occasionnant des dégâts importants au hameau "Les Allamands"
(destruction d'un oratoire bicentenaire et d'un chalet).

Cette région des Alpes du Nord appartenant à la Haute Savoie constitue un promontoire sur le lac Léman (également appelé lac de Genève), et fait face à la Suisse. C'est le "Balcon du Léman

Délimitation géographique du Chablais 

Au Nord, le lac Léman constitue une frontière naturelle avec la Suisse voisine mais cette dernière est aisément franchissable grâce aux nombreux bateaux qui assurent la navette entre les deux rives.


A l'Est, la vallée de la Morges puis la ligne de crête depuis la Dent du Velan (2058 m) au Nord à la Tête de Bossetan (2406 m) au Sud en passant par les Cornettes de Bise (2432 m), constituent une barrière 
quasi infranchissable entre le Chablais et la Suisse. Avec la RN5 longeant le lac jusqu'à Saint-Gingolph, le pas de Morgins est la seule véritable liaison routière vers la Suisse. Cet espace frontalier constitue un ensemble plus vaste : Les Portes du Soleil

Vers le Sud, les limites sont moins nettes et il faut se tenir aux limites administratives qui, dans un premier temps suivent la ligne de crête séparant le bassin versant de la Dranse et du Giffre au sud-est, puis la D907, depuis St-Jeoire jusqu'au niveau du village de Bonne. A partir de là, il faut suivre la départementale 903 qui jouxte la banlieue d'Annemasse et remonte vers le Nord. 

Les Limites occidentales du Chablais sont de nouveau marquées avec la frontière Suisse. 

La MORGE : torrent frontalier 
Le traité d'Evian signé en 1569 va fixer le torrent de la Morge comme frontière naturelle entre la Savoie et le Valais, et par là même coupant définitivement la bourgade de Saint-Gingolph en deux parties.
La Morge justifie bien son appellation, puisque d'origine gauloise "morga" signifie frontière. Cette rivière prend sa source en amont de Novel et se jette dans le Léman à Saint-Gingolph après un cours de 7 kilomètres entièrement en France. Seule sa rive droite marque la limite entre la France et la Suisse.
L'histoire de Saint-Gingolph est marquée depuis l'antiquité par sa position frontalière. Dès la préhistoire, elle est située à la limite des peuplades allobroges et nantuantes. La Morge sert déjà de référence frontalière. Au Moyen-Age, Saint-Gingolph dépend de l'abbaye d'Abondance. En effet, ce bourg était doublement asservi par des seigneurs laïques qui y avaient un châtelain et par l'abbaye d'Abondance qui dès le XIIe siècle y entretenait un métral. Lors de la sécularisation en 1760, son fief fut réuni aux domaines de Saint-Maurice et LazareLe bourg fort pittoresque qui s'élève en amphithéâtre sur l'eau, est coupé par le ravin de la Morge en deux sections qu'un pont réunit. L'une à la Suisse, l'autre à la Savoie et c'est sur cette dernière qu'est placée l'église desservant tout le village, de telle sorte que les citoyens du quartier Valaisan, tant qu'ils restent à leur domicile, ressortissent logiquement du diocèse de Sion, et qu'ils sont de celui d'Annecy quand ils assistent à la messe. Du XIVe au XVIIIe siècle, lorsque l'évêque de Sion terminait à Saint-Gingolph ses visites pastorales, il n'allait pas jusqu'à l'église mais s'arrêtait au milieu du pont, où le curé était tenu de descendre à sa rencontre en vêtements sacerdotaux, portant la croix, et de lui présenter un calice plein de vin.
En 1858, sur l'initiative du Conseil Fédéral, les Suisses avaient entamé des démarches pour détacher le village de Saint-Gingolph à demi-valaisan du diocèse d'Annecy, et l'incorporer à celui de Sion. Elles n'avaient pas abouti, mais deux ans après, lors de l'Annexion de la Savoie à la France, quand la Suisse s'efforça d'étendre sa frontière valaisanne jusqu'à l'embouchure de la Dranse, le clergé du Chablais, inquiet d'un tel précédent, redouta de se voir un jour détaché du diocèse. Aussi réveilla-t-il le sentiment de la nationalité savoisienne et, favorisant avec énergie les idées françaises, conservatrices de l'unité diocésaine, il contribua efficacement à mettre obstacle, par un vote presque unanime.  

Topographie et histoire géologique 

Le Chablais est relativement fermé au Sud et à l'est par un massif montagneux et ouvert vers le Nord et l'Ouest sur la Suisse. Deux sous-ensembles s'y distinguent : 

  • un haut Chablais montagneux et isolé en massifs séparés par des vallées relativement profondes (vallée d'Abondance, vallée d'Aulps...) 
  • un bas Chablais formé de plaines et de bas plateaux tournés vers le Léman et la Suisse. 

Le Chablais fait partie de ce que l'on appelle "les Préalpes" mais, à la différence des Préalpes françaises telles que l'on peut le voir plus au sud, elles ne constituent pas une entité géologique homogène comme le Vercors ou la Chartreuse. En fait, il s'agit d'un ensemble assez tourmenté composé par différentes nappes de charriages (le haut Chablais) qui sont venues se déposer sur un avant pays mollassique (le bas Chablais) donnant au paysage chablaisien sa dualité topographique. 

Les Alpes ont commencé à se former vers - 70 millions d'années, au début du tertiaire pour se poursuivre pendant tout le tertiaire et le quaternaire. Cette dernière période a laissé l'empreinte des glaciers à cet ensemble. Aujourd'hui, les phénomènes érosifs contribuent à un remodelage progressif et lent des paysages. 

Le haut Chablais 

Le haut Chablais est construit par un empilement de nappes de charriages venues du coeur des Alpes. Ces nappes sont composées essentiellement de matériel calcaire et marno-calcaire constituant des massifs à l'allure imposante (Mont de Grange, Roc d'Enfer) ou des reliefs plus aérés tels que le massif de la Dent d'Oche.



Ces nappes non homogènes et tourmentées dans leur mise en place ont donné aux montagnes du haut Chablais leur orientation générale Est-Ouest venant mourir sur le bas Chablais par un front montagneux imposant au niveau des Mémises, et moins important au niveau du Massif des Voirons.

Les grandes barres calcaires, propices aux sports de montagne et les pentes escarpées sont le fruit de cette mise en place mais aussi de l'action érosive des torrents et notamment de la Dranse qui avec un bassin versant de plus de 535 km2 draine toute la partie orientale du haut Chablais.

D'axe Sud-Nord, cette rivière a du parfois entailler des gorges imposantes comme aux Gorges du pont du Diable pour se frayer un chemin vers le Léman. Depuis de nombreuses années, les flots tourmentées de la Dranse accueillent les sports d'eaux vive tels le canoë-kayak, le raft, l'hydrospeed, et les affluents offrent aux passionnés de sports extrêmes des descentes vertigineuses de canyons. 

La partie occidentale du haut Chablais est dans l'ensemble moins élevée, les sommets sont moins tourmentés et s'ouvrent vers le Sud, vers la vallée de l’Arve, par une série de petites vallées parallèles et verdoyantes telles que la vallée de la Risse et de la Ménoge. Les sommets moins élevés (1503 m à la pointe des Brasses, où 1607 m à la montagne d'Hirmentaz) accueillent l'hiver de petites stations de ski.


Sommet Altitude (m)
Hauts Forts 2466
Cornettes de Bise 2433
Mont de Grange 2432
Roc d'Enfer 2243
Dent d'Oche 2222
Château d'Oche 2197
Pointe de Nantaux 2170
Roc de Tavaneuse 2156
Mont Chauffé 2093
Pointe de Bénévent 2069
Les principaux sommets du Chablais

 

A la différence de cette partie occidentale peu élevée, la partie orientale du Haut Chablais offre aux skieurs une gamme complète de stations de ski qui culminent à plus de 2250 m à Avoriaz. Cette dernière constitue le pivot central d'un ensemble de stations depuis Les Gets, Morzine et Châtel qui forme le domaine des Portes du Soleil, auquel il faut rajouter des stations de plus basse altitude de la vallée d'Abondance et de St Jean d'Aulps ainsi que les stations Suisse de Torgon et Morgins.

Le Bas Chablais 

Le Bas Chablais est, à l'opposé du haut Chablais, un ensemble de plaines bordières et de bas plateaux. C'est sur cet ensemble que sont venues reposer les nappes de charriages du haut Chablais et que l'action des grands glaciers quaternaires a été la plus forte. De part et d'autre de la Dranse, la configuration topographique n'est pas identique.

 


Sur le plateau de Gavot. Au fond (nord) : le lac Léman et la Suisse

A l'Est, Il n'y a pas de plaines à proprement parler mais un plateau : le plateau de Gavot (Champanges, Larringes, St Paul, Vinzier) qui domine le lac à 800-900 m d'altitude. Ce dernier à une largeur de près de 10 km en bordure de Dranse et se rétrécit progressivement pour s'estomper au niveau du village de Thollon. Le plateau domine par un talus d'une centaine de mètres une frange littorale qui va en se rétrécissant vers l'Est et disparaît au niveau de Lugrin. Cette dernière offre une pente douce vers les eaux du Léman. A partir de Lugrin et jusqu'à la Frontière Suisse, les montagnes plongent dans le Lac et ne laissent qu'une étroite bande de terre aux localités de Bret et St Gingolph et à la RN5 qui suit le bord de lac. 

A l'Ouest de la Dranse, l'espace plan est nettement plus présent. Entre Thonon et Sciez, le Bas Chablais prend l'aspect d'une série de marches d'escaliers butant progressivement contre les Monts d'Hermone et le Haut Chablais.
A l'Ouest de Sciez, le Bas Chablais a l'allure d'une plaine qui s'élargit progressivement, avec localement des collines dominant le paysage comme la Colline de Ballaison.




Plateau Gavot depuis la Pointe de Peluaz. Au couchant : le lac Léman et la Suisse 

La configuration topographique de cet ensemble est étroitement liée à l’action des glaciers quaternaires et la présence du lac. En effet, à l'ère quaternaire, la totalité de la région est occupée par le glacier du Rhône et les écoulements d'organismes fluviatiles comme la Dranse, sont bloqués par la glace. De ce fait, les alluvions apportés par cette rivière viennent s'accumuler contre la paroi de glace. Lors du retrait glaciaire, les sédiments accumulés restent et forment le plateau de Gavot.
A l'Est de la Dranse, les marches d'escaliers sont en fait des terrasses qui marquent les étapes du recul glaciaire. Sur ces formations d'origine glaciaire, on peut apercevoir dans le paysage, de petites dépressions qui sont en fait des culots de glace qui, en fondant, ont provoqué de petits effondrements. Ces petites dépressions portent le nom de Voua

La source Cachat à Evian
L'impact glaciaire est important pour la région dans la mesure où il a laissé de nombreux dépôts qui se sont révélés être de bons filtres pour l'eau. Les eaux d'Evian et de Thonon issues de ce complexe glaciaire, et le thermalisme qui leur est associé, font la renommée de la région

C'est donc un paysage contrasté qui nous est offert ici, avec le lac, des plaines et bas plateaux et des massifs montagneux coupés par des vallées. 

 
Le lac Léman 
 

 

Le lac reste un élément fondamental du paysage chablaisien. Avec 73 km dans sa plus grande longueur (Genève - Villeneuve) et 13,5 km dans sa plus grande largeur (Amphion - Baie de Morges) et une superficie de 582 km2, le Léman est un des plus grands lacs Alpins.
Le niveau du lac relativement stable puisque depuis 1892, est régulé par le barrage du Pont de la machine à Genève qui le maintient à la cote de 372 m. C'est le principal attrait pour le tourisme et il constitue un moyen de passage privilégié pour les nombreux travailleurs frontaliers de la région. 

La vue du Chablais depuis le lac est magnifique et fait de la région, une "petite côte d'Azur" dans le Nord des Alpes. En effet, tout comme la région Niçoise vue depuis la mer, on retrouve au premier plan, "la riviera" avec les villes d'Evian, Amphion, Thonon ou Yvoire, puis au second plan, les Alpes enneigées l'hiver. 

 

Climat, végétation et hydrographie

Le Chablais est aussi un espace très verdoyant. La forêt, les paysages forestiers et les pâturages y tiennent une grande place (plus de 36 % de l'espace). Ces deux éléments naturels permettent une exploitation forestière ainsi que le développement d’une activité agro-pastorale avec un élevage bovin laitier (race d’Abondance) à l'origine de nombreux fromages (Abondance, Reblochon). 

Les précipitations sont dans l'ensemble abondantes (près de 1000 mm à Thonon) en plaines et augmentent avec l'altitude où elles dépassent 1500 mm dans les montagnes, ce qui leur assure un bon enneigement hivernal. 

Les hivers sont tranchés: doux et humides sur les bordures du lac, froids et relativement secs dans les montagnes ce qui donne de la neige et un bon ensoleillement pour la pratique des sports d’hiver. En revanche, les étés sont plutôt frais dans les massifs alors que sur les bords du lacs, ils sont chauds avec une assez forte humidité. Cette douceur est liée à la présence du lac, dont l'inertie thermique pondère les températures l'hiver et rafraîchit les températures l'été. 

 

PLATEAU GAVOT

C’est un ensemble de marais et de tourbières d’une exceptionnelle richesse, avec de nombreuses espèces uniques ou rarissimes pour la région rhône-alpine (plantes, libellules,...).

La morphologie du plateau Gavot résulte de l'empalement de reliefs préexistants par des dépôts glaciaires würmiens. Situé en avant des Préalpes chablaisiennes, le plateau comporte un chapelet de petites dépressions (vovas), résultant de la fonte tardive de gros blocs de glace emprisonnés dans les sédiments lors de la débâcle. La zone actuellement proposée concerne les territoires protégés par arrêtés de biotope (zones humides du Pays de Gavot, marais de Cré Bouchet et Léchère, marais et zones humides du plateau de Laprau).

L’origine du mot “Gavot” varie suivant les historiens. Deux versions paraissent dignes d’être retenues:

- Gavot de “gave”, rus, ruisseaux descendant vers le lac Léman.

- Gavot signifie en langue populaire “cidre”: de tout temps, chaque famille pressait à l’automne pommes et poires pour encaver dans des “demi-muids” le cidre, la boisson de la famille pour toute l’année.

- Gavot probablement de même origine que le mot provençal gavot, « habitant de la partie montagneuse de la Provence », du patois gava, « gorge, goitre », en raison du grand nombre de goitreux dans les régions alpines.

De nos jours, certains agriculteurs font encore du cidre, rafraîchissant tiré au tonneau en cave, mais encore plus apprécié consommé frais, doux, en “maude” avec des châtaignes grillées à l’automne. Nombreux “Gavotins” mettent le cidre en “chèvre”, tonneau spécial où le cidre se transforme en mousse sous pression : c’est la boisson conviviale de l’été après les travaux pénibles.
Partie intégrante du pays du Léman, le pays du Gavot est un plateau qui domine le Lac Léman et s'adosse aux Alpes. A mi-chemin entre lac et montagnes, il offre les attraits de l'eau et les plaisirs de la nature.
Composé de sept communes vous y découvrirez des habitants attachés aux traditions dont le passé a forgé le caractère. Facilement accessibles, ces villages "du bout de la France", méritent tous un détour.

  • Bernex
  • Champanges
  • Feternes
  • Laringes
  • Saint-Paul-en-Chablais
  • Thollon les Memises
  • Vinzier

De taille modeste (34km²), il surplombe, au nord, les communes riveraines du lac Léman et s'adosse, au sud-est, aux sommets du Chablais. Les gorges de la Dranse complètent la limite naturelle du plateau vers le sud-ouest.
Tout autant lémanique que chablaisien, le Pays de Gavot n'a rien à envier aux contrées voisines. Il dispose de caractéristiques propres, notamment une richesse fabuleuse en zones humides, de quoi faire rêver les naturalistes les plus blasés.
Si l'eau est peu distribuée dans les cours d'eau ( principaux : Maravant et Ugine qui se déversent dans les gorges de la Dranse), en revanche les marais collectent près de 30% des eaux de pluie par ruissellement, alors qu'ils ne représentent que 10% de la surface du Pays de Gavot !

 

DESIGNATION

Marais (végétation de ceinture), Bas-marais, Tourbières,    60 % 
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées    30 % 
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes)    3 % 
Forêts mixtes    3 % 
Forêts caducifoliées    2 % 
Forêts de résineux    2 % 

TYPES D'HABITATS PRESENTS % couv. SR(1)
Tourbières basses alcalines 20 % C
Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Carex davallianae* 10 % C
Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux (Molinion caeruleae) 8 % C
Tourbières hautes actives* 6 % C
Sources pétrifiantes avec formation de travertins (Cratoneurion)* 5 % C
Tourbières boisées* 5 % C
Tourbières de transition et tremblantes 1 % C
(1)Superficie relative : superficie du site couverte par le type d'habitat naturel par rapport à la superficie totale couverte par ce type d'habitat naturel sur le territoire national (en %). A=site remarquable pour cet habitat (15 à 100%); B=site très important pour cet habitat (2 à 15%); C=site important pour cet habitat (inférieur à 2%).

Un héritage glaciaire

L'empilement de couches géologiques différentes aboutit à une structure assez exceptionnelle : une couche poreuse filtrante, sableuse, protégée et encadrée par deux épaisses couches moraniques argileuses et imperméables. Cette exception naturelle favorable à la présence de nappes guide d'importants volumes d'eau vers les communes riveraines du lac Léman. Le plateau de Gavot constitue à ce titre, pour une majeure partie de son territoire, l'impluvium naturel des Eaux d'Evian.
L'eau de pluie va profiter des reliefs, des dépressions naturelles pour s'infiltrer très lentement et atteindre la zone sableuse du sous-sol. Là, elle circulera à la vitesse moyenne de 300 mètres par an. Ainsi, l'eau qui s'infiltre sur le plateau bénéficie d'un minimum de 15 ans de filtration à travers des sables plus ou moins fins, avant de rejoindre la nappe souterraine qui est exploitée par les Eaux d'Evian. Les fragments de roches alpines parmi lesquels elle circule lui confèrent une minéralisation particulière, caractérisée par sa teneur en calcium et en magnésium.
La présence d'une couche supérieure imperméable protège l'aquifère et permet de le maintenir sous pression. Ainsi l'eau jaillit naturellement, de façon artésienne, à la source Cachat, sur la commune d'Evian-les-Bains.

Calcium 78
Potassium 1
Chlorures 4,5
Magnésium 24
Bicarbonates 357
Sodium 5
Sulfates 10
Silice 13,5
Nitrates 3,8
Résidu sec à 180° C 309
pH 7,2

Les 3,8 mg/l de nitrates sont principalement issus d'un processus naturel : le transit par les premières couches du sol, où l'humus libère depuis "la nuit des temps" une petite dose de nitrates consécutive à sa minéralisation.

Gavot, pays de vergers...

Les nuits froides donnent au fruits un taux de sucre plus important, aussi les traditions familiales de cultures fruitières se perpétuent et conduisent à l'omniprésence de vergers dans le paysage local.
Certains deviennent vétustes, colonisés par le gui ; leur fonction économique est devenue illusoire mais le Pays de Gavot reste fidèle à la richesse fruitière des vallées hautes-savoyardes, avec ses poires à rissoles, encore nommées "cils cossus", et ses pommes, les cressons.
La forte présence du gui s'accompagne d'une récente tradition de récolte par des italiens, dans les semaines qui précèdent Noël. Une exportation de taille modeste mais qui peut suppléer l'entretien difficile des vieux fruitiers formés en haut-jets. Si les sols profonds et plutôt calcaires conviennent bien au noyer, modestement présent, c'est plutôt le châtaignier que l'on remarque. Les habitants ont su valoriser cet arbre, proche ici de sa limite d'altitude, pour profiter de ses fruits, encore récoltés de nos jours.
Quant au noyer, il conserve ses lettres de noblesse dans l'artisanat local en offrant ses services au moulin de Champanges spécialisé dans la production d'huile de noix. A Féternes subsiste, près de la chapelle de Châteauvieux, un des plus beaux tilleuls du département.
La recherche de bois de chauffage a amené progressivement à une sélection des feuillus : le chêne sur quelques sols riches, sélectionné pour la fabrication des charpentes, le hêtre partout ailleurs. Pour cela, dans les boisements privés, se pratiquait le furetage, c'est-à-dire la coupe des résineux tout jeunes. La sylviculture maintient toutefois des forêts mixtes ou résineuses en propriétés communales.

L'épicéa a été favorisé par les plantations. Sur les parcelles communales, en 1914,, les résineux se répartissaient ainsi :

  • sapin 80%
  • épicéa 20%
En 1996, la situation est inversée. Mais ne nous trompons pas ! Localement, l'appellation sapin s'applique plutôt à l'épicéa. Le véritable Abies alba prend plutôt le nom de vuargne.

 

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AUTREFOIS

Nostalgie

Le bas Chablais, par exemple, a perdu la plupart des peupliers qui faisaient son charme. Les vignes ont disparues des collines. Quand aux crosses, ces écots de châtaigniers desséchés sur lesquels la vigne pousse comme une liane, elles n'existent plus guère que sur le plateau de Gavot, alors que chaque jardin en possédait...
L'on ne voit plus cette caractéristique du bord du lac : ces toits en tuile courbe aux couleurs si douces fabriquées dans les tuilières du pays, elles même fermées les unes après les autres.
Plus de haies emplies de trésor : prunelles, poires à Bon Dieu, gratte-à-cul, feuilles de ronces pour la tisane... Plus, ou guère de bois de châtaigniers, de noyer bordant les routes. Sur les marais, dans certaines carrières, on a construit des villas. Les arbres fruitiers qui limitaient les champs ont été arrachés peu à peu. Du coup, les craisonniers et les poiriers maude (arbres du pays et qui, comme leur nom l'indique, produisaient les fruits pour le cidre) ont disparu à leur tour. En montagne, le béton remplace le bois, la tuile ou la tôle prennent la place des tavaillons ou de l'ardoise, fût-elle du pays. Les vieux ponts sont devenus rares : ceux en bois de la vallée d'Abondance, ont disparu...
Dans les bourgs, les maisons anciennes sont tombées comme châteaux de cartes pour faire des "rénovations", pratiquer des espaces "conviviaux", édifier en un temps record des bâtiments sans caractère, ou du moins, ne tenant pas compte de l'esprit des lieux.
Il faut comprendre nos prédécesseurs : à l'école, ils avaient appris le danger des toitures en chaume ou en bois, la proximité des fumiers et des mares stagnantes. L'hygiène, tel était le mot à la mode !
Que dire de la disparition des scieries, des moulins, des forges que chaque ville possédait, parfois à plusieurs exemplaires ? Et de celle des coopératives ou épiceries de village, à la fois marchandes de vaisselle et de chaussures, avec leur odeur mêlée de café, de cuir, de poissons salés, de légumes frais de la vallée du Rhône à la belle saison, où l'on pouvait acheter pour dix sous un cornet de drops ? Sans oublier celle de la fruitière, emplie des aigres effluves du lait caillé, où l'on achetait le beurre à la motte et son petit pot de lait ; ou celle de la barrière ou du talus où l'on accourait dès qu'on entendait siffler ou haleter la locomotive, quand elle montait la rampe, simplement pour la minute de son passage.

Pour évoquer les paysages d'autrefois, la carte postale est un intéressant point de repère, même si le plus souvent le photographe s'est tenu à des sujets classiques : vue générale, rue principale, église, monument...Une observation plus fine de ces véritables clichés en noir et blanc tirés avec le gros et lourd appareil à soufflets (encombrant, certes, mais combien précis) permet de juger à quel point et avec quelle rapidité les paysages se sont modifiés.
Ces souvenirs, les vieux journaux, aussi, nous les restituent quelque peu. Les nouvelles locales avec leurs faits divers, sont autant d'évocations de lieux familiers ou aimés, de parents, de voisins ou d'amis aujourd'hui disparus.

La Zone franche

La Zone franche de la Haute-Savoie (vulgairement appelée la Zone, tout court) est une partie du territoire français exempt de tous droits de douanes et librement ouverte (comme un vaste port franc) aux marchandises de toute provenance.
Les lignes des Douanes françaises sont placées en arrière de la région appelée la Zone franche, dont l'accès est ainsi absolument libre.
Aux termes du traité du 24 mars 1860 décidant la réunion de la Savoie à la France, et de la loi promulguée par le Gouvernement français le 30 mars 1899, la Zone franche de la Haute-Savoie comprend tout le territoire qui a les limites suivantes :

Limites étrangères
A l'est, la frontière italienne et celle du canton du Valais,
Au nord, le lac Léman,
A l'ouest, jusqu'au fort de l'Ecluse, la frontière du canton de Genève.

Limites françaises
En résumé composées de :
Tout l'arrondissement de Thonon-les-Bains,
Tout l'arrondissement de Bonneville,
Tout l'arrondissement de St-Julien, excepté les communes de : Allonzier, Cercier, Chilly, Clermont, Desingy, Droisy, Menthonnex-sous-Clermont et Seyssel, qui sont hors de la Zone, excepté encore une partie du territoire des communes de Contamines-sous-Marlioz, Frangy, Marlioz et Musièges, qui sont traversées par la ligne des Douanes.

La Zone franche avait été installée au moment de l'Annexion pour faciliter l'économie genevoise, désormais étouffée de tous côtés par la France, mais il y avait des postes en Val D'Arly et Beaufortin.


Des guérites furent installées tout le tour de la frontière ainsi qu'à une quarantaine de kilomètres de celle-ci, et, dans cet espace, hors douane, les produits étrangers étaient exonérés de taxes. On imagine combien les différences de prix dans des régions éloignées d'à peine quelques kilomètres (entre 5 à 10 fois moins cher en zone) incitaient à la contrebande et combien les contrebandiers jouissaient de l'aide et de la sympathie de la population... Les denrées coloniales : café, cacao, chocolat, thé, poivre et les allumettes, cartes à jouer, poudres, bijouterie et orfèvrerie, tabac, tout passait en contrebande. Que d'exploits, que d'histoires amusantes à raconter à la veillée, telle la légende de Mandrin et ses aventures. Car Mandrin était très connu en Savoie et avait dans tout le Chablais et le Faucigny des centres de ravitaillement et de caches. Sa mémoire n'est pas près de s'éteindre, avec plus de 500 ouvrages écrits sur lui !

De 1860 à 1923, nombre de Savoyards se sont improvisés fraudeurs, déployant des trésors d’ingéniosité pour tromper la vigilance des douaniers. Quasiment du jour au lendemain, à partir de 1860, les riverains de la Grande Zone vont s’improviser contrebandiers. La contrebande de zone est un phénomène unique, car elle s’effectue à l’intérieur même du territoire national : ce sont des Français qui font de la contrebande en France ! Rien de commun avec le trafic traditionnel entre deux Etats, tel qu’il se pratiquait par exemple au temps de Mandrin (entre la Savoie et la France) ou qui se développa entre la France et l’Italie à partir de 1860, puis entre la France et la Suisse après la suppression de la Grande Zone en 1923.

Cordon douanier.
Dès l’instauration de la frontière douanière, en juin 1860, l’administration des douanes (crée en 1801 par Napoléon) met en place un dispositif de surveillance pour en assurer l’étanchéité – rappelons qu’il n’y a aucun douanier à l’intérieur de la zone franche – Les bureaux de douane sont installés à tous les points de passage. A côté de ces postes fixes sont installées des brigades volantes qui s’échelonnent sur toute la longueur de la limite de zone. Chaque brigade contrôle un territoire de quelques kilomètres carrés, appelé penthière (terme dérivé de pantière, filet à oiseau). Derrière ce premier cordon se trouvent deux autres lignes de surveillance, situées plus en retrait, afin de renforcer le dispositif. On estime à environ 1.500 le nombre de douaniers affectés à la surveillance. La vie de ces gâpians, comme les appellent les Savoyards, n’a rien d’une sinécure. Ils vivent au milieu d’une population qui ne les aime guère… Etrangers au pays, leur méconnaissance du terrain est un inconvénient de taille face à des contrebandiers qui en connaissent les moindres recoins. Notons que les premiers gâpians d’origine savoyarde apparaissent à partir des années 1900, au moment où la douane se dote de skis. Evidemment, on ne les affecte pas dans leur commune natale…

Douaniers et contrebandiers vont de pair. Là ou se trouvent les premiers apparaissent inévitablement les seconds, car dés qu’il y a des droits à payer, on trouvera toujours quelqu’un pour tenter de frauder. On mesure également la vitalité du phénomène au fait que, rapidement, les autorités douanières ont établi une typologie des contrebandiers : les pacotilleurs, les colporteurs, les bandes organisées.
Les pacotilleurs.
Ce sont généralement des non-zoniens qui viennent en individuels dans les épiceries de la zone acheter de petites quantités de marchandises destinées à leur consommation personnelle : café vert, café torréfié, chocolat, tabac, beurre, sucre, tissu, saccharine… Les pacotilleurs sont en majorité des femmes, voire des enfants, qui passent devant les bureaux de douane en dissimulant les produits illicites par devers elles. La garde-robe offre des ressources insoupçonnées : jupes avec grandes poches, ceintures, chapeaux, chignons sont autant de caches possibles !
Les colporteurs.
Est considérée comme colporteur toute personne passant plus de 5 kg de marchandise ou plus de 10 m de tissus. A la différence du pacotilleur, le colporteur pratique la contrebande à des fins de revente. Il se déplace de préférence la nuit, portant sur son dos une « balle » en toile lourdement chargée. Cette activité est très répandue chez les riverains de la limite de la zone, qui, grâce à leur parfaite connaissance des lieux, trouvent là un moyen de se faire quelque argent. Les risques encourus sont la saisie de la marchandise et une forte amende.
Les bandes organisées.
A partir de trois personnes, une équipe de colporteurs est considérée comme une bande organisée. Ces bandes sont la cible prioritaire des douaniers, la quantité de marchandises étant importante. Lors d’une expédition ils marchent en colonne à quelque distance les uns des autres. Devant eux chemine un éclaireur qui, à la moindre alerte, siffle l’ordre de dispersion. De sorte que, si les premiers seront peut-être pris, les autres auront le temps de s’enfuir.. En cas d’arrestation, les membres d’une bande organisée sont punis de prison : aussi préfèrent-ils souvent abandonner leur « balle » dans la nature plutôt que de défier les douaniers armés.

De l’esprit fécond des Savoyards sont nés maints autres stratagèmes pour tromper la vigilance douanière. On avait recours aussi à la voie fluviale, la fraude ferroviaire par certains voyageurs. Certains chauffeurs des PLM ne sont pas en reste, qui profitent de leurs nombreux voyages pour trafiquer… De fait, les gabelous sont bien impuissants à enrayer la fraude. Cette vigueur contrebandière sera l’un des arguments mis en avant par les partisans de l’abolition du régime d’exception de la Haute-Savoie.
Avec le rétablissement en 1923 de la frontière douanière sur la frontière géographique avec la Suisse, la contrebande de zone perd sa raison d’être. Mais les contrebandiers ne disparaissent pas pour autant : les douaniers sont désormais à la frontière franco-suisse.

NOUVELLES LOCALES

  • Evian : 42 kg; de tabac et 380 litres d'absinthe ont été trouvés dans une barque saisi au quai "porte d'Allinges" à Evian. Les deux bateliers sont arrêtés et conduits à Thonon.
    Le Léman - 18 novembre 1894


  • Saint-Gingolph : La gendarmerie de la brigade de St-Gingolph a interpellé un individu qui dissimulait sous ses vêtements un paquet suspect. L'individu a déclaré s'appeler JJ., 29 ans, carrier à Meillerie. Il avait 4 paquets de tabac italien de 90 grammes chacun, un paquet de tabac suisse de 45 g et un paquet de 17 cigares suisses, le tout acheté dans un bureau de tabac suisse. Pris en flagrant délit de colportage de contrebande, J. a été arrêté et sa provision de tabac saisie. Il a été conduit à la maison d'arrêt de Thonon-les-Bains.
    Le Messager agricole - 3 mai 1913


Le désenclavement

Pauvre en grande partie à cause de la Zone, le Chablais l'était aussi à cause de son isolement. Mis à part les riches estivants d'Evian ou Thonon venus par le lac et propriétaires de yachts, le pays ne connaissait pratiquement pas de touristes, faute de moyens de communications. Seuls les Suisses (les Genevois, en langage local) arpentaient les bois du Bas Chablais ou ceux des Voirons à la poursuite des champignons ou des mûrons, puis quand le tramway de Douvaine et le chemin de fer Annemasse-Le Bouveret furent construits, commencèrent à hanter les montagnes du Pays de Gavot et des vallées.

Les 21 km. séparant Evian et Le Bouveret, ce charmant port de plaisance du Valais, en Suisse, répondait à la dénomination : ligne du Tonkin.
Cette ligne était autrefois un important axe de communication. Elle faisait partie intégrante du projet français appelé "chemin de fer d'Italie" destiné à desservir les localités du bord du lac. Ainsi en 1880, le rail est arrivé à Thonon-les-Bains, et deux ans plus tard à Evian-les-Bains. En 1885, la voie ferrée a franchi la frontière à St-Gingolph, pour rejoindre la gare du Bouveret et être ainsi raccordée au réseau suisse. De nos jours encore, cette gare marque la limite de l'exploitation des réseaux suisse (C.F.F.) et français (S.N.C.F.). Quant à l'appellation Tonkin, elle aurait été donnée par des ingénieurs travaillant à la construction de la ligne St-Maurice-Le Bouveret, en 1858. Les conditions de travail dans la plaine marécageuse du Rhône leur aurait rappelé une région du Viétnam du Nord appelée le Tonkin, dans la plaine du Fleuve Rouge, l'appellation étant ensuite étendue à la ligne rejoignant Evian-les-Bains.
A moins, que ce ne soit par moquerie vis à vis d'un projet qui n'a jamais abouti : la ligne d'Italie faisait partie d'un tout dont le but était de rejoindre l'Extrème-Orient, en passant justement par le Tonkin...
Mais le 4 mai 1938, la S.N.C.F. cessa le trafic voyageurs sur ce tronçon et, en 1988 la fin du trafic marchandises, seules subsistent quelques circulations touristiques exceptionnelles qui rappellent de bons souvenirs, cette voie faisant partie du patrimoine.
HISTORIQUE
En 1860, après l'annexion de la Savoie, le gouvernement dut examiner les mesures à prendre pour relier les nouveaux départements au réseau de l'Empire. On décréta d'utilité publique, un chemin de fer, qui partant de la ligne de Lyon à Genève, près de Collonges, rejoindrait à Thonon la ligne concédée à la compagnie du chemin de fer d'Italie. Ce chemin de fer, d'une longueur de 62 kilomètres, fut concédée à la compagnie de Paris à Lyon et à la méditerranée, moyennant une subvention de 13 millions.
La compagnie d'Italie qui avait d'abord réclamé cette la concession de cette ligne, y renonça et abandonna en outre ses prétentions sur la concession du chemin de fer du Chablais, de Thonon à Saint-Gingolph, fronière du Valais. Par suite de cette renonciation, un décret prononça, le 13 avril 1864, l'annulation de la concession faite par la loi sarde en 1857, de la ligne de jonction entre le canton de Genève et le chemin de fer du Valais. La compagnie de la ligne d'Italie fut remboursée du cautionnement d'un million de francs affecté à la garantie d'exécution de cette ligne.
Le gouvernement a donc cru devoir comprendre ce tronçon dans les nouvelles concessions faites à la compagnie Lyon-Méditérranée (P.L.M). La longueur de ce chemin est de 27 kilomètres, la dépense évaluée à 8 millions 500 milles francs, soit environ 315 milles francs du kilomètre.
1856: Le comte Adrien de la Valette voulait faire du Bouveret le "Port Saïd Helvétique", ce qui explique l'ampleur de la gare du Bouveret crée cette même année.
Dès 1857 un projet de ligne baptisée "Chemin de fer d'Italie" a été élaboré pour desservir depuis Bellegarde et Annemasse les localités du Chablais français sur la rive méridionale du lac Léman. Contesté, remis en question, ce n'est que 23 ans plus tard (1880) que le rail atteignit Thonon-les-Bains, puis Evian-les-Bains en 1882.
1859: Mise en service de la section de ligne: Le-Bouveret - Monthey - Saint-Maurice (Valais).
Le 1er Juin 1886: La Compagnie du P.L.M inaugure la section de ligne: Evian-les-Bains - Saint-Gingolph (+ 17.9 km) - Le-Bouveret (+ 21 km). La frontière fût ainsi franchie pour atteindre Le-Bouveret, et permettre ainsi de se raccorder à la Compagnie de chemin de fer: Suisse-Occidentale-Simplon (S.O.S).
1936: Création d'un train "direct": Genève-Eaux-Vives - Milan "via" Annemasse, Evian-les-Bains, Le-Bouveret, Saint-Maurice (Valais), Sion, Brig-Simplon et Domodossola.
Le train "direct" du retour: Milan - Evian-les-Bains est réservé aux ressortissants Suisses.
Le 9 Mai 1940: Le trafic ferroviaire "transfrontalier" est suspendu jusqu'au 9 Juillet 1941.
Juillet 1941 reprise du trafic. La gare de Saint-Gingolph voit circuler des locomotives à vapeur de type "C 5/6" des C.F.F. Ces locomtives tractaient des trains de Saint-Maurice jusqu'à Grenoble.
Mais certaines locomotives de cette série circulaient au delà de Grenoble vers Valence, Porte-les-Valence, Avignon et Sète.
Entre Juillet 1941 et 1946 la gare de Saint-Gingolph fut l'unique point de transit ferroviaire entre la Suisse et la zone-libre française. Cette petite gare voyait transiter 280 à 300 wagons par jour "tractés" par les puissantes locomotives C5/6 du dépôt C.F.F de Saint-Maurice ou des 140 J du dépôt d'Annemasse. Quand à la gare du Bouveret elle a jouée un rôle important pendant la seconde guerre mondiale, pour l'acheminement des trains de la Croix-Rouge à destination de la France par le "sillon Alpin" avec des trains complets de ravitaillement.

Le pays avait pourtant pu espérer son désenclavement : un projet franco-suisse élaboré dès les débuts du chemin de fer (mais hélas ! avorté à peine conçu) d'une voie ferrée Genève-Simplon passant sur la rive savoyarde du Léman ; et puis l'annonce, fin 1912, de la mise à l'enquête de l'avant-projet "en question depuis 15 ans", d'un tramway Genève-Douvaine, puis du chemin de fer Annemasse-Le Bouveret améliora quelque peu les échanges, malgré le manque de liaison avec la France et surtout avec le reste du département...
En pensant à l'isolement des hautes vallées, à leurs routes étroites et dangereuses, à la difficulté d'y faire vivre de grandes familles sur des terres souvent ingrates, on comprend le désir d'expatriation de certains de leurs habitants.

NOUVELLES LOCALES

  • Amphion : L'établissement d'une halte du chemin de fer au passage à niveau qui domine les Bains est décidé par la compagnie PLM... Mais pour commencer les travaux, elle attend le versement d'une subvention de 1150 F., qu'elle a réclamée et qu'un certain nombre de propriétaires, parmi lesquels M. Bevan, le baron Blanc, la princesse de Brancovan etc. se sont cotisés pour fournir. Les travaux n'exigent d'ailleurs que peu de temps car on se contentera d'établir un trottoir le long de la voie et de munir la maison du garde d'un auvent et d'un guichet.
    La Croix de la Haute Savoie - 25 juillet 1893


  • Nos tramways : La voie étroite de Douvaine à Genève ne facilite pas les communications avec Thonon. En effet, hiver comme été, le courrier en voiture de Thonon arrive à Douvaine vers 1h1/2. Il trouve parti depuis une demi-heure le tram qui pourrait porter à Veigy voyageurs et dépêches. Pour celles-ci surtout, l'inconvénient est grand ; car, mises à la poste de Thonon, à 10 heures du matin, elles pourraient être distribuées 3 heures plus tard à Veigy si la correspondance existait. Tandis qu'avec les horaires jusqu'ici en usage, elles ne sont distribuées que le lendemain après-midi, de sorte qu'une lettre met plus de temps pour aller de Thonon à Veigy que de Thonon à Paris !
    Le Léman républicain - 19 août 1894

Economie
LE LAC

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Carte du lac en 1634
On ne peut dire que la situation du Chablais d'autrefois était florissante ! Le lac permettait tout juste de vivre à de nombreuses familles de pêcheurs dont les prises abondantes (d'après les articles de journaux) étaient écoulées à Genève, pêcheurs professionnels qui vivaient les trois-quart de l'année de la vente de leurs lottes,perchettes, friture mais aussi des nobles salmonidés : omble chevalier, féra, lavaret, orgueil des tables des grands hôtels ; et à celles des bateliers qui assuraient le transport des marchandises et des voyageurs à travers le Léman.

Pêcheur sur le lac

De vieilles lithographies montrent des pêcheurs amenant la « monte » (chalut) dans leur bateau.. Depuis longtemps, des dizaines de famiIIes de pêcheurs (autrefois souvent pêcheurs et agriculteurs) ont vécu des produits du lac. Mais avec la pêche, d'autres professions liées de près au lac se sont développées : les ouvriers des carrières de pierre de Meillerie (les premiers en Haute-Savoie à créer un syndicat). Pierres qui servaient à la construction en Suisse et à Genève en particulier. Ces barques à voile dites barques de Meillerie présentes dans le souvenir de beaucoup sont l'image symbolique d'une période passée où le lac a permis une activité économique importante.
En 1930, il y avait, en Chablais, 300 pêcheurs dont 200 professionnels.
En 1945, il restait encore à Thonon une quarantaine de pêcheurs contre 5 aujourd'hui.



La pêche est la profession la plus « dépendante » du lac, pendant « la saison » (été - automne) les seuls arrêts ne sont pas les samedis et dimanches mais les jours de forte bise et de violents orage. Les heures de pose et de relève des filets sont conditionnées par l'heure de prise du poisson. L'apport technologique de ces dernières décennies n'a eu que peu d'impact sur la pratique du métier. Pour l'anecdote, j'ai entendu une fois un vieux pêcheur de St Gingolph affirmer que la principale innovation qui ait notablement « changé sa vie » a été l'apport du ciré (remplaçant les vestes de feutre). Toutefois, le moteur introduit dans les années 25/30 a permis aux pêcheurs de faire une grande économie de temps et de fatigue. Plus tard, le congélateur installé dans la guérite leur a permis une souplesse plus grande dans la vente du poisson et une dépendance moins forte des marchands. Mais les techniques de pêche, sont restées pratiquement les mêmes :
- pêche à la monte pour les perches, (sorte de chalutage au bord du lac, le bateau étant ancré)
- pêche « aux pics » pour les féras et les truites (filets dormants et dérivants posés au large et repérés à leurs bouts par une lampe à pétrole)
- pêche aux ménières pour les perches (filets formants non dérivants posés près du bord).
- pêche aux tramails pour les lottes l'hiver selon une technique analogue à celles des ménières
- les nasses.

Partant généralement de bonne heure le matin pour relever ses filets, le pêcheur doit ensuite nettoyer son poisson, remettre ses filets en ordre et préparer la tendue de l'après-midi. La plupart disposent d'une petite guérite au bord du lac leur permettant de ranger leur matériel et de travailler par le froid. Les barques de pêcheurs connues pour leur qualité de bonne tenue aux vagues sont un exemple où fonctionnalité et esthétique ne font souvent qu'un. Mais, que de catastrophes sur le lac ! Les vents subits (la fameuse vaudaire) surprenait les marins pourtant éprouvés, déchirant les grands voiles, fracassant les mâts, projetant les embarcations contre les enrochements et les chargements de poissons, de bois, de gravier ou de pierres de Meillerie à l'eau.

 

La force et les principaux vents du Léman

Sur le Léman sa force et sa direction sont changeantes et parfois très brutales. Les avis émis par les feux tournants orange sont à prendre très au sérieux. Le relief particulier des abords du plan d'eau attise les effets de vitesse et accentue la rapidité et la force des vents qui s'abattent sur le lac. Le tableau suivant est propre au lac et n'est pas comparable aux vents et force de la Méditerranée.

  • Force 0, correspond à 0-1 km/h le lac est plat, le moteur est de rigueur
  • Force 1, correspond à 2-6 km/h. le lac est ridé, toutes les voiles à poste 
  • Force 2, correspond à 7- 10 km/h, le lac a de petites vaguelettes, clapotis
  • Force 3, correspond à 13-18 km/h, de petits moutons apparaissent, la gîte commence
  • Force 4, correspond à 19-26 km/h, vagues avec moutons, plus de gîte on réduit un peu
  • Force 5, correspond à 27-35 km/h, longues vagues écumes, prise de ris, moins de monde sur le lac
  • Force 6, correspond à 36-45 km/h, lames et brouillard d'eau, plus personne sur le lac, faire route deviens difficile
  • Force 7, correspond à 45-60 km/h, le lac devient pénible, mieux vaut être dans un port
  • A partie de force 7, être sur le lac sans obligations de secours tiens de l'inconscience. La voile est un plaisir et ne doit pas devenir un drame.

Principaux vents:

  • Le Jaman thermique nocturne, il souffle depuis le Nord - Est force 1-4 Bf , très irrégulier
  • La Bise vent dominant depuis Lausanne traverse le lac plus fort   en milieu de journée 3-6 Bf, il est le résultat d'une haute pression au nord et basse sur l'Italie, si la pression au sud est élevée la Bise devient Bise noire et est humide ( en Automne et en hiver )
  • Le Morget vent thermique de fin de journée et soirée, il se lève vers 15 - 16 h et s'établi parfois jusqu'à 19 h, il souffle de Morges 2-6 Bf., s'il est faible il prends le nom local de Morgeasson, il est irrégulier près des rives il se stabilise au large.
  • Le Vent annonce l'arrivée du mauvais temps, il souffle de l'Ouest à Sud Ouest de 3-6 Bf Il est régulier, le Vent est dévié dès son arrivée dans le haut lac. Ses signes particuliers de gros nuages sur Genève et le Jura
  • Le Bornan vent dominant traître, brusque et fort, région de Thonon, Evian, Meillerie il souffle du sud jusqu'à 7-8 Bf. Surveiller la montagne au dessus de Meillerie ( Thollon-les-Mémises antenne radio ) si cela se couvre de nuages noirs, méfiance.
  • La Vaudaire vent dominant du Bouveret à Lausanne annonce et précède l'arrivée du mauvais temps 5-8 Bf. voir plus, très violent. Il diminue en force à la hauteur d'Evian et cesse de sévir vers Yvoire. Il souffle du Sud Est dans le haut lac, du sud Est à Est dans le grand lac
  • Le Joran signes particuliers de gros cumulus noirs sur le Jura il y puise son nom et prend sa source. Vent dominant, imprévisible et violent il souffle après le passage d'une perturbation, très changeant en direction, il s'établit du nord ouest à 3-6 Bf et meurt sur les côtes françaises. Si le Joran s'établit au Nord, arrivée probable du beau temps
  • La Maurabia  Sa vie est principalement établie l'été. Il annonce l'arrivée du mauvais temps. Il souffle du Sud Ouest tournant dans le haut lac
  • Le Séchard vent thermique diurne, il souffle de Villeneuve et peut souffler sur tout le lac pendant les orages 2-5 Bf.
  • Le Birran thermique du soir, il souffle du sud dans la région de Ripaille et Dranse 2-4 Bf. régulier
  • Le Molan et la Fraidieu, brises thermiques nocturnes 1-4 Bf. il souffle depuis Yvoire jusqu'à Genève vents réguliers et établis, ce sont des vents agréables pour les navigations nocturnes

Les vents locaux et moins connus

  • La Marinée se lève devant St Gingolph jusqu'à 200 m de la côte. Elle provient du couloir de Marin qui est en même temps la vallée de la Morges.

  • La Molindre, elle fait de même devant Meillerie et elle est séparée par le célèbre trou de Meillerie où les airs font défaut

  • Les Altrans, sont des airs descendant du massif du Grammont on les découvrent de la pointe de Ripaille à St Gingolph.

  • Le Vauderon du Bouveret, souffle dans la même direction que la Vaudaire mais en force nettement plus faible

  • Le Boeland, qui souffle entre Vevey et la Tour de Peilz, il se forme dans la petite vallée de la rivière Ognona. Sa direction est perpendiculaire à la côte jusqu'à 500 m des rives

Les forces maximales sont exprimées dans les rafales, ces vents savent souffler calmement, c'est d'ailleurs le cas la plupart du temps

Tous les vents thermiques du lac peuvent souffler jusque tard dans la soirée, voir la nuit. 

Plusieurs de ces vents peuvent vous mener loin sur le lac, il n’est pas rare de « descendre » sur Genève avec du vent portant, ( les régatiers du Bol d’Or les aiment particulièrement bien).


Même s'ils échappaient à la mort, les marins et leur famille étaient ruinés la barque étant leur seul capital et leur moyen de subsistance. Il existait un grand trafic avec Genève, par les naux, ces grandes barques à voile qui transportaient les pierres des carrières de Meillerie.

Les marchands à voile

C'est aux bernois et à leur goût affirmé pour l'économie que le Léman doit ses merveilleuses barques de commerce à voile latine.

Lorsqu'à Genève la construction de l'immense frégate "Le soleil" prend forme, Leurs Excellences bernoises regardent cette bizarre entreprise sans bien en comprendre l'utilité. Et puis, peu à peu, l'émulation les gagne. Bientôt et tout à fait hors de propos puisque les temps ne sont plus à la guerre, Elles estiment qu'après tout, Leur Magnificence mériterait, Elle aussi, d'être rehaussée par une flotte militaire.

Mais, d'abord, il faut trouver qui financera, à leur place, ce petit caprice!

Heureusement, quelqu'un a l'idée toute simple d'imposer aux entreprises vaudoises de cabotage sur le lac, l'usage d'un modèle de bateau qui puisse être réquisitionné et armé en cas de guerre. Cela ne coûtera rien aux caisses de l'État et l'armée pourra disposer d'une flotte nombreuse et toujours bien entretenue, aux frais des particuliers.

C'est de cette brillante idée que va naître la barque du Léman.

Les barques du Léman

photographie ancienne

Aujourd'hui encore, les historiens se disputent pour identifier le génial architecte de ces bateaux : Il était soit italien et se serait inspiré des galères méditerranéennes, soit hollandais et aurait adapté au Léman les bateaux utilisés sur les canaux de son pays.

Une galère du Leman

vue par O.Gonet

Ce sont en effet les italiens qui, par tradition, servaient d'ingénieurs et d'artisans dans la construction des flottes lémaniques et ils ont introduit beaucoup de mots techniques et de "tours-de-main". En plus, la proportion longueur-largeur de ces barques correspond à celle des galères de l'époque.

Les constructeurs locaux (Saint Gingolph, Locum et Thonon) empruntent à la fin du XVII siècle des éléments à la galère : sa voilure, la structure de sa membrure, ses apoustis et de nombreuses analogies se rencontrent dans la terminologie utilisée. Durant le XVIII siècle, période de transition, subsistent côte à côte la nau primitive, la barque à voiles latines et une forme intermédiaire, la nau à voiles latines. A partir du XIX siècle, l’étrave très inclinée se redresse progressivement et son prolongement, réminiscence de l’éperon des galères, disparaît pour faire place à un tête d’étrave ronde. Les flancs, arrondis à l’origine, deviennent beaucoup plus évasés (entraînant un relèvement de l’avant) et les apoustis plus étroits. La voilure se modifie également : la voile plus grande que le trinquet perdra cette caractéristique et la barque portera deux voiles égales. A la même époque, M. Roussy introduit les rails sur les antennes.
Désormais la barque ne connaîtra plus de transformations majeures.

D'ailleurs, il suffit de regarder ces bateaux pour en deviner l'origine fluviale : Un fond plat avec très peu de tirant d'eau, ce qui n'est pas utile pour naviguer sur un lac profond ; un pont aux raz des vaguelettes, ce qui est plutôt dangereux en pleine eau ; un très fort gouvernail qui rappelle les péniches hollandaises (les Tjalks) ; les flancs élargis par des "apostis" (nom d'origine italienne il est vrai) qui sont des passerelles inutiles aux rameurs mais dont les matelots se servent pour marcher le long de la coque lorsqu'il faut pousser le bateau à la perche. Ce sont bien là des caractéristiques d'embarcation faite pour naviguer sur un canal peu profond.

Large de sept à huit mètres, longue d'une trentaine au maximum, la barque a deux mâts, de très longues vergues obliques : les antennes, sur lesquelles se tendent deux voiles triangulaires (les Tjalks ont aussi des voiles latines). Vent arrière, les voiles sont disposées "en ciseaux", au port, les antennes rabattues se profilent au-dessus de la coque, sur toute sa longueur. Par calme plat ou lorsque les vents sont contraires, les barques sont halées "à la cordelle" par les matelots qui la tirent depuis le rivage. (Autre caractéristique fluviale). Jusqu'à la fin du XIX ème siècle, il y eut à cet usage un sentier sans arbres tout autour du lac. Ce n'est que lorsqu'il fut interrompu par de trop nombreux jardins privés que les bateliers munirent enfin leur barque d'une quille assez importante pour remonter le vent au plus près.

Barque du Léman halée "à la cordelle"

photographie ancienne

Le premier armateur qui fut obligé, par les bernois, de construire ce modèle de bateau, s'appelait Hofer. Il s'en servit pour faire du cabotage commercial entre Morges et Genève et il fit avec sa nouvelle unité de si bonnes affaires que ses concurrents s'empressèrent de l'imiter.

Il suffit alors de quelques années pour que les fameuses voiles croisées se marient au paysage familier du Léman.

Dès lors, les bords du lac se peuplent de tout un petit monde pittoresque de matelots, d'artisans et de patrons. Dans les villes côtières, les braves gens apprennent à reconnaître les accents de Genève, de Cully ou de Thonon.

La grande époque de la navigation commerciale a commencé.

Avec les galères, les charpentiers méditerranéens introduisent évidement leur vocabulaire, que leurs confrères lémaniques maintiennent et complètent. En 1904, Auguste Forel établit une terminologie d'une vingtaine de mots communs aux barques et aux galères. En 1923 Georges Lefranc recherche l'origine ( provençale, française, italienne, catalane, espagnole ) de ces similitudes. En 1958 Gérard Cornaz dresse une analogie de ce même vocabulaire commun également à d'autres bateaux méditerranéens comme le chébec ou la tartane, et d'autres mots ont encore été découverts par la suite. Certains n'ont pas changé depuis leurs introduction, d'autres ont été modifiés par l'usage et le temps, d'autres enfin sont propres au Léman et ne figurent pas dans les dictionnaires de marine, mais étaient utilisés au XXe siècle:

  • ANTALON : Pièce de chêne qui relie la quille à la rode et au tableau. ANTENNE : Espar sue lequel est enverguée la voile latine.
  • ANTILLER : Attacher la voile autour de l’antenne avec de la tille.
  • APOUSTIS : Galeries latérales à l’extérieur du pont, à hauteur du plat-bord.
  • APPOUS : Pièces transversales avant et arrière de la brouette permettant le chargement des pierres.
  • ARGUE : Cabestan de chantier pour sortir les barques de l’eau.
  • BACOUNI : Batelier (seulement sur la rive nord et à Genève)
  • BANCASSE : Pièce transversale supérieure du tableau.
  • BARIN : Tas de pierres soigneusement empilées en abord de la barque.
  • BARQUE : Bateau de charge avec ou sans pont, construit sur quille, à fond plat.
  • BERROT : Chariot à quatre petites roues pour charger et décharger les gros blocs.
  • BORDON : Extrémité inférieure de l’antenne.
  • BRAGUE : Poulie à un réa.
  • BRANCALARD (ou banlacard) : Support des apoustis qui prend appui sur le pont.
  • BRANCHE : Avant-train du berrot.
  • BRIGANTIN (ou brick dès le XIX siècle) : Petite barque.
  • CALER : Amener voile et antenne en cas d’urgence.
  • CAMBUSE : Espace sous le pont entre la grange et le magasin.
  • CAPER LA VOILE : La laisser pendre faute de vent.
  • CARCAGNOU : Partie couverte à l’avant des cochères.
  • CARENE : Quille.
  • CARQUE : Couchette du batelier dans la cambuse.
  • CASSER : Redresser l’antenne.

La « Neptune » appartient à la famille des grandes barques à voiles qui se multiplient sur le Léman à partir du 13ème siècle. Cette époque voit se développer la navigation lacustre et les premières galères, dont il a existé des versions militaires, servaient, en temps de paix, au transport de marchandises.

A Ripaille, près de Thonon, des entrepreneurs niçois construisaient et entretenaient des bateaux pour le compte de la Maison de Savoie. C’est à ses entrepreneurs que l’on attribue la réalisation des premières barques du type Neptune, dont les proportions sont différentes de celles des galères. Jusqu’au début du 20ème siècle, ces barques à voiles latines ont joué un rôle important dans l’économie genevoise.

Elles étaient affectées au transport des matériaux de construction dont le canton avait besoin, principalement des pierres de Meillerie (France) et du gravier extrait du Rhône à son embouchure, au Bouveret. Chaque voyage, qui nécessitait entre 6 et 12 heures de navigation, permettait de transporter 120 tonnes de matériaux, déchargés aux Eaux-Vives et aux Paquis.

La dernière grande barque construite au chantier de Locum (France ) en 1904, elle a comme toutes les barques du Léman un fond plat, deux voiles latines de 120 m², chacune sur antennes, et un foc de 35 m². D'une longueur de 27 m et de 8,5 m maximum de largeur, elle pouvait accueillir jusqu'à 120 tonnes de charge utile. « La Neptune » a effectué son dernier transport de pierres en 1968. Acquise en décembre 1971 par l’Etat de Genève, elle a été classée patrimoine historique.

 

Dans les auberges, les clients se racontent des histoires de l'autre bout du lac. Déjà, et bien avant que la mode en soit venue, le paysage lémanique s'attendrit de romantisme. Déjà, le promeneur Jean-Jacques Rousseau se laisse charmer par le spectacle de ces barques posées sur le lac, ces grands oiseaux dont le soleil couchant colorie les ailes.

Du rivage, on regarde les bateliers assis autour de l'homme de barre. Ils fument, ils boivent, ils rient, ils ont le temps. Lorsque le vent faiblit, ils taquinent gentiment le vieux bonhomme silencieux qui balaie des feuilles mortes sur le quai.

A la barre d'une barque du Léman

photographie ancienne

Avec des hauts et des bas, cette activité batelière va durer très longtemps. Jusqu'au milieu du XIXème siècle ; mais alors, les premiers chemins de fer lui feront une concurrence mortelle. Elle survivra pourtant jusqu'à la guerre de 1914 en transportant les pierres de taille savoyardes.

Après plus de deux siècles pleins de charme et de vie, elles ont disparu sans drames et sans cris, comme le font les vieilles idées fatiguées.

(Pour plus de détails sur ces barques, je conseille au lecteur de consulter le beau livre d'André Guex : "Mémoires du Léman".

L'une des dernière barque du Léman
"La Vaudoise"

Les barques de transport du Léman

L'histoire de toute une carrière
Ces barques sont signalées dès le XVIIe siècle, mais elles ont été transformées pour devenir au début de ce XXe siècle les splendides bâtiments symboles du Léman, voguant sur toutes les cartes postales de l'époque et sur tous les dépliants touristiques d'aujourd'hui. Elles sont indissociables de l'activité du village de Meillerie et de ses carrières.
Cette activité industrielle a débuté vers 1845, avec un maximum aux alentours de 1898 et un long déclin jusqu'en 1938. Si l'exploitation des carrières continue actuellement, malgré la concurrence du béton, les barques, elles, ont disparu dans les années 1950.

Meillerie : riche et industrieuse
A partir des années 1850, on construit beaucoup sur les rives du lac, on a besoin de pierres de taille, d'enrochements, de bois pour les voies ferrées, les immeubles ou les digues. La pierre est là à Meillerie, exploitée depuis fort longtemps mais pas encore à ce rythme. Le village va devenir le centre industriel et commercial le plus riche du département. Il va accueillir jusqu'à 150 bateliers et 600 carriers et ouvriers répartis de la frontière suisse à Meillerie.
On embauche des ouvriers dans les communes proches, Lugrin, Thollon, St Gingolph et même des "immigrés italiens". Le syndicat des bateliers-carriers est très puissant d'où les heurts avec les patrons qui sont souvent propriétaires des carrières et des barques, mais il existe aussi des patrons propriétaires et capitaines de leur bateau.
En raison de l'augmentation des tonnages, les chantiers navals du secteur vont mettre les bouchées doubles. F. Jacquier de Locum met à l'eau 11 barques en 12 ans. Il fallait aussi construire afin de réduire le nombre de voyages des unités de plus en plus grosses : la Bourgogne embarquera jusqu'à 150 m3, la Champagne, 120 m3.
Ces barques parcouraient environ 8 à 10 km à l'heure et quand le lac était calme il fallait la tracter avec le naviot, à la rame, ou alors la tirer depuis le rivage en suivant le chemin de halage, ce qui fera dire à un touriste de l'époque, prenant ces bateliers pour des bagnards : "Vous en avez pris pour combien ?"
Pour les gens qui veulent faire revivre le passé, il est bon de signaler que le travail des carriers et des bateliers restait dur. On devenait batelier dès 14 ans et carrier à 17 ans, on travaillait pour les seconds jusqu'à 13 heures par jour et sans retraite. A la suite des violentes grèves de 1898 et 1923 on descendra jusqu'à 10 heures. La vie des bateliers est plus libre, mais en contrepartie, il y avait les chargements et les déchargements pénibles des pierres, tout à la brouette ou au berrot.

Violente carre
En prime les dangers du lac, bien que les incidents demeurent peu nombreux (une dizaine en un siècle) ils existent : coups de vent, brouillards, blocs erratiques, bas-fonds. Cela demandait de la part des bateliers une fameuse connaissance du lac. Lisons à ce propos le cahier de pilotage du patron J.Ruffin : "Les carres de neige (coups de vent violent mêlés de pluie ou de neige) sont plus terribles que tous les orages qui peuvent surprendre le bâtiment à voiles, car non seulement la visibilité est nulle, mais elles amènent des forts orages et alourdissent la voilure. En ce cas, il vaut mieux se tenir au large jusqu'à ce que la carre soit passée...". A cause du temps, en hiver, tout transport était arrêté. Il fallait donc être costaud pour faire ces métiers, dira aujourd'hui un vieux batelier.
En feuilletant le livre de compte des années vingt d'un patron de carrière de Meillerie, on y lit au milieu de tous les chiffres bien calligraphiés des "Doit" et des "Avoir" de riches enseignements très actuels : 5F (anciens) de "vin pour enlever le danger au rocher" ou 1015F "pour la vie chère", comme pour rappeler entre les lignes, les aléas de professions, trop idéalisées sur les gravures colorées et les cartes sépias représentant des barques du Léman qui glissent, les voiles "en oreille", sur un lac d'huile dans le soleil couchant.

La reconstruction de la barque "La Savoie"

L'association "Mémoire du Léman", sise à Meillerie et fondée en 1992, s'est constituée pour réaliser et mener à terme un projet, soutenu par quelques passionnés d'architecture navale : la construction à l'identique de "La Savoie", l'une des plus grandes barques qui naviguaient autrefois sur le Léman. D'une capacité de charge de 110 m3 (soit 200 tonnes), d'une longueur de 35 m et d'une largeur de 8 m, avec ses 390 m² de voiles "latines", elle avait été réalisée en 1896, au chantier de la Belotte, un chantier naval proche de Genève, par Prudent Borcard de Saint-Gingolph pour un «Peray» de Meillerie en 1896, cette barque compte parmi les plus représentatives des bateaux de ce type : elle navigua plus de 30 ans sur le lac.
Ces barques spécifiques au Léman étaient destinées au transport de volumes importants de marchandises, en particulier les pierres provenant des carrières de Meillerie.
Le projet mis en oeuvre en juin 1997 a permis de faire découvrir le savoir-faire des charpentiers de marine grâce à un chantier ouvert au public situé sur le port de Rives à Thonon.
Les plans de la nouvelle "Savoie" sont rigoureusement identiques aux plans des embarcations de l'époque, grâce aux gabarits fournis par Maurice Jacquier, petit-fils de constructeur naval à Locum, tout comme le matériau principal utilisé le bois. Ce sont les origines de ces essences régionales - chêne, sapin, mélèze, épicéa et châtaignier - utilisées pour construire les différentes parties de la barque que nous découvrons.

La quille :
A la fin du XIXe siècle, les chantiers navals du Léman se rendaient déjà dans la vallée de Joux (canton de Vaud, en Suisse) choisir le sapin destiné à devenir la quille des embarcations en construction. Aussi, la commune du Sentier, réputée pour ses forêts, a offert un sapin président -nom donné aux sapins qui dépassent la forêt - long de 47 m et âgé de plus de 180 ans. Sa veine très fine due à une croissance lente, il mesure 1,70 m de circonférence à la base. Il fut abattu en octobre 1995 dans la forêt du Risou, côté forêt pour amortir la chute. On le descendit jusqu'à Lausanne où il fut mis à l'eau. On lui fit traverser le lac à couple contre un chaland, jusqu'au chantier de Thonon. Pièce maîtresse de la barque, ce sapin fut découpé par des scieurs de long sur le site de Rives pour devenir une quille longue de 27 m.

La proue :
La difficulté dans la réalisation de la proue était de trouver une pièce de bois à la forme concave, forme caractéristique des Chantiers Navals de Construction des Barques Françaises de Locum, en 1900. C'est un chêne rouge du Domaine de Ripaille qui a été offert par la ville de Thonon.

Les membrures :
Les 62 membrures - pièces de la coque placées perpendiculairement à l'axe du navire et reliant la quille au pont - sont en chêne provenant principalement des forêts de Messery, complétées par d'autres des rives françaises du Léman. La mise en place des membrures s"est effectuée, non pas de l'avant vers l'arrière de la barque, mais selon la disponibilité des pièces courbes fournies.

Les coque et contre-coque :
Pour assurer la bonne rigidité de la barque, on avait besoin de pièces de mélèzes à veine très fine et longues d'au-moins 20 m. On les a trouvées dans les Hautes-Alpes, avec des mélèzes venus d'Aiguilles, dans le Queyras. Ces arbres ont poussé lentement au nord, sur un sol pauvre, et en hauteur pour chercher le soleil, fournissant ainsi un bois sans noeud. De plus, le mélèze, bois très gras, imputrescible, a la qualité de bien "glisser" sur l'eau. Notons que le pont de la "Savoie" est également en mélèze.

Le gouvernail :
Il est réalisé en chêne, provenant des forêts de Ripaille et Messery. La barre, en forme de " S ", est en châtaignier d'Orcier, en raison de la noblesse de son bois, agréable au toucher.

Les antennes :
Ces pièces très fragiles supportent les voiles. Elles sont formées avec des épicéas, longs de 32 m, avec 40 cm de circonférence à la base. Cet arbre a été choisi en raison de la faiblesse exceptionnelle de son rapport section-longueur. Ils ont été offerts par la commune de Châtel qui les a pris dans la forêt du Recardet.

Les mâts :
Les deux mâts en mélèze mesurent 17 m. Ces bois très réguliers et très allongés, à la décroissance très faible, ont été coupés dans la "forêt marine" d'Oulx, en Italie, qui cultive cette essence en plein nord, à 1500 m, pour la confection de mâts de bateaux.

L'ameublement intérieur
Sera réalisé en châtaignier. Cette essence possède la propriété d'éloigner les insectes, les mouches et de ce fait, les araignées dont les mouches sont la principale proie.
Toutes ces essences sont travaillées "vertes", c'est-à-dire, aussitôt coupées, afin que le bois reprenne sa forme lors de la mise à l'eau. Le calfatage, l'étanchéité de la coque entre chaque bordée, réalisée autrefois avec de la fibre d'écorce de tilleul tressée, puis trempée dans du goudron, sont aujourd'hui réalisés en filasse tressée (ce calfatage sera écrasé quand le bois aura repris sa forme dans l'eau).

Cette barque "La Savoie" des rives françaises du Léman, vestige du patrimoine lémanique, va succéder à celles qui sillonnaient le lac jusqu'en 1950. Elle sera l'aboutissement de l'Association "Mémoire du Léman" qui a su, comme les marins, faire face aux nombreuses tempêtes rencontrées tout au long de son parcours. Elle entamera ensuite sur les flots du Léman sa nouvelle et double destinée, touristique et culturelle.

 

Les différents voiliers du Lac Léman


  • La Nau: Du 16ème siècle, c'était le plus représenté sur le lac, un bateau de charge utilisé pour le transport de marchandises

  • La Barque sans pont: Du 15ème au 19ème siècle, elle dérive des galères méditerranéennes, elle possède une quille, ses voiles sont carrées ou latines, elle est bien plus stable, elle se transforme au cours des siècles

  • Le Brigantin: Du 16ème au 20ème siècle, pour s'adapter au transport ses flancs s'évasent pour augmenter sa capacité et assurer une stabilité supérieure, aussi appelé " Bricks" elles sont de taille modeste et  très nombreuses, la Vaudoise en est une digne représentante

  • La Barque Latine: Du 16ème au 20ème siècle, elle évolue comme le brigantin, toujours plus grande et toujours plus large, elle ne transporte plus que de la marchandise du trafic local, bois, pierre, sable, tonneaux, chaux, produits alimentaires... elle trouve sont apogée avec la fin du 19ème siècle

  • La Cochère: Du 17ème au 20ème siècle, de même silhouette que la Barques, elle succède à la Nau, ses membrures sont montées sur un fond plat, sa voilure est latine. Elle a navigué jusqu'au 20ème, mais plus aucune unité n'existe, un grand bravo à l'initiative de l'association de la Cochère l'Aurore

Renseignements tirés des excellents ouvrages de Pierre Duchoud ( Le temps des barques) et du    livre ( Le Léman et les hommes) de J.-F. Bergier, de plus je ne peux que vous inciter à visiter le Musée des traditions et des barques du Léman: (St Gingolph) installé dans la partie suisse du village, dans le bâtiment du château datant de 1588.


Quelques photos des bateaux anciens du Léman 

 

Association des voiles latines du Léman

Cette association basée à Saint-Gingolph fut constituée en 1998. Elle a pour objectif la promotion des bateaux à voiles latines sur le Léman, à des fins culturelles, pédagogiques, sportives et touristiques. Elle regroupe les propriétaires de bateaux à voiles latines.
  • les Amis de la cochère, l'Aurore, à St Gingolph
  • la Confrérie des Pirates d'Ouchy, brick la Vaudoise - Lausanne-Ouchy
  • l'association Mémoire du Léman, barque La Savoie - Evian
  • La fondation Neptune, barque La Neptune - Genève
  • L'association Em-Barque-Ment Immédiat, La Barque - Vevey
  • la Liberté et port village SA, galère La Liberté - Morges

 

Les bateaux à vapeurs

La navigation à vapeur accentua le processus, si bien que les débuts d'une navigation non directement utilitaire (c'est-à-dire non vouée exclusivement au transport de marchandises ou à la liaison entre les différents ports) peuvent très bien être considérés comme l'indicateur d'une mise en tourisme des lacs proprement dits. Au départ les deux aspects s'imbriquent cependant. Le Léman est le premier lac à s'essayer à la navigation à vapeur avec le Guillaume-Tell, lancé le 28 mai 1823 et pouvant transporter 200 passagers. L'idée vient de l'extérieur puisque son promoteur n'est autre que le consul des Etats-Unis à Paris, Edward Church étonné de voir que ce genre de navigation n'existait pas sur le Léman alors qu'elle se développait dans son pays depuis les débuts du XIXe : "…. par un bizarre et inconcevable hasard, il n’y a pas encore un seul bateau à vapeur qui navigue sur ce magnifique lac".

Le « pyroscaphe » ne vous dit rien ? Pourtant, il s’agit de l’ancêtre du bateau à vapeur conçu en 1783 par Jouffroy d’Abbans. Ce premier succès n’apporte ni gloire ni fortune à son inventeur qui meurt ruiné et presque oublié. De nombreux obstacles retardent l’avènement de la navigation à vapeur. Jusqu’au début du XIXème siècle, aucune des diverses tentatives d’instauration de cette technique n’aboutit. C’est grâce à Robert Fulton que le premier vapeur est finalement exploité commercialement sur un service régulier en Amérique en 1806.

Le succès évident de la liaison Genève-Lausanne par le Guillaume Tell entraîne une grande compétition. Durant l'automne de 1823 une nouvelle compagnie ouvre ses portes à Genève l’Enterprise du Winkelried. Suivra le lancement du Winkelried depuis les Eaux-Vives, à Genève, en juillet 1824 pour une fiévreuse compétition entre les deux compagnies.
Le Winkelried était capable d'assurer le même trajet Lausanne - Genève en 4 heures 40 minutes à une vitesse d'environ 11 km/h, alors que le Guillaume Tell était plus lent et ne transportait que 200 passagers comparés aux 300 du Winkelried.
Dans les quelques années suivantes de nouvelles compagnies sont crées et de nouveaux bateaux toujours plus rapide et offrant plus de capacité sont lancés, les anciens réaménagés. 50 ans plus tard, après d'innombrables rivalités, les trois principales compagnies de navigation de l'époque, l'Helvétie, le Léman et l'Aigle, se regroupent afin de créer la Compagnie Générale de Navigation sur le lac Léman.

En 1838 le Léman II devient le premier vapeur à aubes sur le lac. Le dernier sera le Rhône III construit en 1927. Long de 66 m et transportant 1100 passagers à une vitesse maximum de 27.5 km/h.

L'Hirondelle du lac Léman :
Construite en 1855, l'Hirondelle fut le premier bateau du Léman entièrement construit en Suisse, par l'entreprise Escher Wyss de Zurich. Commandée pour faire face au trafic attendu en raison du développement du chemin de fer dans la région, sa capacité était de 800 places. Sa présence sur le lac fut de courte durée. Après s'être échouée une première fois en février 1857, le 10 juin 1862, en voulant éviter une barque de pêche, l'Hirondelle talonne sur un rocher devant La Becque-de-Peilz. Des travaux sont aussitôt entrepris pour essayer de la sortir de sa fâcheuse position mais, le 18 juillet de la même année, une violente tempête la fait définitivement sombrer.
Il faudra attendre 1968 pour que quatre plongeurs tombent par hasard sur son épave.

S/S Rhône, état proche de l'état d'origine en 1927
le même après révision générale de la machine en 2002/2003.

«C’est sur les plans d’un ingénieur russe que la maison Sulzer a construit ces machines. Des machines révolutionnaires pour l’époque, où la lubrification de toute pièce en mouvement était assurée automatiquement. Il a fallu six années pour les mettre au point, et aujourd’hui encore elles nous réservent régulièrement des surprises. Nous effectuons chaque jour une course contre la montre, où les machines sont poussées à fond pour maintenir notre plan horaire. Les mécaniciens ne chôment pas pour cravacher les 900 CV que daignent développer dames machines dans leur bons jours. Toutes les réactions du bateau sont à l’image de ses machines, lentes à réagir. Il nous faut toujours anticiper les manœuvres. Tous ces petits inconvénients en font son charme. Cela n’empêche pas qu’en fin de saison son charme commence à peser lourd dans nos têtes, mais l’année suivante, nous sommes tous au rendez-vous quand c’est le moment de larguer les amarres.»…

 

Actuellement, cette compagnie comprend 16 unités desservant 42 embarcadères sur l’ensemble du plan d’eau. Elle transporte environ 1 million et demi de passagers chaque année. 

Sa flotte comporte 8 bateaux à roue dont 5 fonctionnent encore à vapeur :

 

- Le Montreux (1904) : Sa construction débute en 1903, en même temps que le Général Dufour. Il sera mis en service en 1904. Sa chaudière ayant présenté des signes de fatigue en 1956 son permis de navigation lui sera retiré en 1958. En 1962 il reprend du service avec un moteur diesel-électrique. Il a récemment subit des transformations pour être à nouveau équipé d'une machine à vapeur.- Voir -

Longueur : 67 mètres ; largeur 14 mètres. Nombre de passagers : 1100. Vitesse : 29 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

  

- Le Vevey (1907) :   Construit en 1905-1907, il se caractérise par une décoration intérieure de style néo-classique et art-nouveau. En 1953 il est doté d'un moteur diesel-électrique. - Voir -

Longueur : 65 mètres ; largeur : 14 mètres ; il peut embarquer 1000 passagers. Vitesse : 27 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

- L’Italie (1908) :   construit en même temps que le Vevey, l'Italie II est mis en service en 1908. Son salon de 1ère classe est en acajou et citronnier. Il est le bateau qui a effectué les plus grand nombre de courses sur le lac.- Voir -

Longueur : 65 mètres ; largeur : 14 mètres ; il peut embarquer 1000 passagers. Vitesse : 27 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

 

- La Suisse (1910) : C'est le plus grand des navires à aube du lac : - Voir -

Longueur : 78 mètres ; largeur : 16 mètres ; il peut embarquer 1500 passagers. Vitesse : 30 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

 

- La Savoie (1914)  a été construit en même temps que Le Valais (qui après de bons et loyaux services reste amarré, depuis 1966, en rade de Genève). La Savoie a longtemps assuré le service entre Genève et Saint-Gingolph. Après avoir subi des dommages à la suite d'une violente tempête dans le port d'Ouchy, et des travaux de modification de ses chaudières et de sa décoration intérieure, il est affecté au circuit touristique du Haut-lac. - Voir -

Longueur : 68 mètres ; largeur : 14 mètres ; constructeur : Sulzer. Il navigue à 27 Km/heure et peut embarquer 1100 passagers.

 

- Le Simplon (1915). Le Simplon III a été finalement mis en service en 1920 en raison du premier conflit mondial. C'est avec La Suisse le modèle le plus puissant d'Europe (1400 CV).Son salon est de type néo-classique et son ameublement de type Louis XVI, comme pour La Suisse. Il est à présent réservé à des courses spéciales.- Voir -

 Longueur : 78 mètres ; largeur : 16 mètres ; il peut embarquer 1600 passagers. Vitesse : 30 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

 

- L’Helvétie (1926) : est une réplique du Simplon. De 1964 à 1974, il est chargé des croisières translémaniques. Après diverses pannes, il est placé en réserve à Genève mais il est prévu de le restaurer.- Voir -

 Longueur : 78 mètres ; largeur : 16 mètres ; il peut embarquer 1600 passagers. Vitesse : 30 Km/heure. Constructeur : Sulzer.

 

- Le Rhône (1927) Après de nombreux problèmes techniques qui ont conduit la CGN à le transformer en restaurant Chinois à Genève, il reprend du service sur les longues distances.- Voir -

 

D'autres navires, actuellement hors service son amarrés à Genève :

- Le Genève qui est le premier bateau-salon commandé chez Sulzer a été inauguré en 1896. Son moteur sera remplacé en 1933-34. Il est mis en réserve en 1970 et hors service en 1973. Propriété de l'association Le Bateau Genève, il est actuellement ancré près du jardin anglais à Genève. Pour la petite histoire, s'est en s'apprêtant à monter à son bord que l'impératrice Sissi passa de vie à trépas.

- Le Valais   (voir La Savoie).


LA VIGNE

Ne croyez pas cependant, que la Savoie, c'est uniquement l'élevage et ses travaux annexes. La vigne est une culture importante depuis la nuit des temps et chacun la cultivait autrefois, puisqu'elle pousse jusqu'à plus de neuf cents mètres. Et en pays de Gavot, au-dessus d'Evian, quel étonnement, encore de nos jours, de voir pousser la vigne, comme du temps de la Bible, sur les crosses, ces grandes souches grises de châtaigniers qui soutiennent les pampres, en Chablais, du chasselas résultent le crépy de Douvaine et Ballaison, le marignan de Sciez, le ripaille, le féternes et le marin au-dessus d'Evian.


A côté du vigneron professionnel, il y avait le vigneron amateur qui avait a petite treille sur le mur bien exposé de sa maison ou sur deux ou trois crosses du jardin, mais la vigne ne rapportait guère. Depuis l'Annexion, la concurrence des vins d'Algérie ou du Midi de la France lui avait été presque aussi néfaste que le phylloxéra...

LE BOIS

Quant à la forêt, jusqu'à des dernières années, son exploitation tenait une grande place dans la vie des savoyards. Souvent communale elle obéissait aux même règlements que les alpages? Chaque habitant avait droit à son affouage, c'est-à-dire son bois de chauffage. En haut Chablais il pouvait obtenir du bois pour couvrir sa maison ou reconstruire son chalet brûlé ou emporté par une avalanche.


Au cours de l'hiver les forêts étaient nettoyées, on faisait des fascines d'épines pour chauffer les fours à pain ou d'aulne (verne, arcosse, drouzza, vorace), ou de bois mort pour allumer le feu. Partout des scieries marchaient sur les torrents, les ruisseaux, souvent accompagnées de moulins car l'eau est extrêmement abondante partout en Savoie, et elle assurait une force motrice utilisée depuis longtemps et qui est à l'origine de la rapide industrialisation des grandes vallées.

CULTURE

Bien que péniblement astreints à des travaux éreintants, ceux des grandes montagnes paraissaient effectivement plus aisés que ceux de l'avant-pays, grâce à leurs vastes alpages et leurs grands troupeaux. La grande montagne, avec ses locations et regroupement d'animaux, apportait l'aisance à ceux qui avaient les moyens de l'organiser. Mais la plupart des alpagistes étaient de petits exploitants vivant exclusivement du produit de leurs bêtes : à part un peu d'orge, de seigle et de pommes de terre, ils ne pouvaient pratiquer la polyculture comme dans la vallée, à cause de l'altitude et des saisons trop courtes.
La petite polyculture n'assurait que la survie : chacun avait son blé, ses pommes de terre, son cidre, ses légumes, sa part de bois ou de pâturage communal... Si les hautes vallées étaient un peu plus aisées, le bas pays était dans la gêne. Tout ce qui était vendable était vendu Le lait d'une ou deux vaches est entièrement porté à la fruitière, s'il en existe une, sinon on fabrique beurre et fromages que l'on va vendre soi-même, le produit du poulailler, du clapier et du jardin est en grande partie écoulé auprès du coquetier qui passe régulièrement dans les villages avec sa carriole bâchée et ramasse les petits produits de la ferme : volailles, lapins (que personne n'aurait jamais mangés, hors les noces la vogue, la batteuse ou les fêtes importantes) les petites tommes de chèvre, les légumes, mais surtout les oeufs (les coquets) dont on usait très très modèrement et les petites sommes glanées çà et là permettaient tout juste d'acheter le sucre, le café ou les taillerins et fidés (pâtes)...

INDUSTRIE

L'industrie était pratiquement inexistante. La Zone en était responsable, disaient les anciens, car elle favorisait plutôt Genève que notre pays. Peu de travail sur place : les carrières de pierre de Meillerie, les ardoisières de Morzine et La Chapelle d'Abondance, les tuilières de Ballaison, Saint-Dizier, Marclaz, Corzent, Messery, Excenevex, Jussy, la tannerie de de Saint-Bon à Thonon occupaient quelques dizaines de personnes. Plus tard, la construction de la voie ferrée et la fabrique de pâtes assurèrent quelques nouveaux emplois.

ARTISANAT

Pendant les longs hivers, les gens prirent l'habitude de fabriquer des objets, avec les matériaux du pays (bois, paille), par besoin, d'abord, puis par distraction. Ce furent pour commencer les réparations d'outils (dents de râteaux, manches de fourches). Puis la fabrication elle-même d'outillage : seilles, seillots, barattes, bottaculs, moules divers à beurre et à fromage, récipients pour le salé, tonneaux, tonnelets, voire brindes (hottes en bois pour les liquides) dans les régions vinicoles, mais aussi rouets, berceaux, hottes en lamelles de frêne et de hêtre, sans oublier les bannetons en paille de seigle (bennons, paillats, paillassons) pour y déposer la pâte à pain. Pour certains villages, la boissellerie devint un artisanat organisé, comme celui de l'argenterie des Bauges : fabrication de poches (louches en bois contenant une assiettée de soupe), écuelles, couverts, cuillères et couverts de plâne (érable, sycomore). Artisanat particulier pour la vallée des Arves : les éclots, les sabots tout en bois, chaussures typiques de cette région, fourrés de paille en hiver. A Chamonix, on fabriquait des objets en corne (gobelets, liens de serviettes, trompes, boutons, etc.), de même que des clochettes de vache toujours fabriquées d'ailleurs.
Faune et flore alimentent de façon considérable le répertoire décoratif. L’edelweiss, par exemple, est gravé sur les portes des chalets, brodé sur les draps, les nappes et les serviettes, etc. Les savoyards ornent leur mobilier de fleurs, de paysages alpestres, mais aussi de motifs géométriques, de rosaces (étoile à six branches), de rouelles (soleil tournoyant), de cœurs, de croix, de nœuds de Savoie, etc. D’autres objets sont taillés dans le bois et servent souvent à décorer la maison : cannes, boîtes diverses, anges sculptés, statues naïves de saints, diables de Bessans.
Avec les colombes du Haut-Chablais que taillaient les bergers dans leurs alpages, on entre dans le domaine artistique. Car ces oiseaux sont taillés à l'opinel, (ustensile savoyard qui convient parfaitement à toutes les activités de la maison et qui a acquis une réputation mondiale puisqu’il figure à New York, au Museum of Modern Art, parmi les cent plus utiles inventions de l’humanité) dans seulement deux morceaux de sapin : un formera le corps dont la queue sera fendue en une vingtaine de lamelles délicatement écartées ensuite, alternativement à gauche et à droite, et l'autre formera les ailes ouvertes de la même manière, en une trentaine de lamelles chacune. Les deux parties sont ensuite réunies, par une entaille pratiquée au niveau du dos dans laquelle on enfonce les ailes.
Dans de nombreux villages où l'on cultivait le chanvre ou avaient des moutons, et aussi des fileuses, il y avait des tisserands qui faisaient à façon les grosses toiles de chanvre ou mélangées qui raclaient si fort la peau quand elles étaient neuves et qui duraient "la vie des rats".

Le mobilier
Le mobilier savoyard est dicté par le mode de vie lié à l’alpage et, s’il est assez sommaire, il est la preuve cependant d’une grande imagination créatrice. Certains meubles sont de véritables chefs-d’œuvre : table-buffet d’alpage, fauteuil-table, lit clos, buffet d’osier, écuellier, pétrin, rouet, quenouille, chaises tripodes, berceau à balancelle et à arceau, coffre et garde-robe de mariage fermant à clef, etc.

La poterie vernissée
La poterie vernissée est devenue le fleuron de l’art populaire savoyard : jattes, bols d’alpage, plat de mariage, assiettes, terrines, vases, topins (pots), etc. Cette tradition est aujourd’hui perpétuée par plusieurs ateliers : Poterie de Charly, Poterie Hermann, Poterie d’Aulp, Poterie de Marnaz, etc. A l’origine, les poteries savoyardes sont de couleur brique ou crème, constellées de pois. La palette des couleurs s’est très vite étendue aux verts, bruns et bleus. Outre le motif des pois et pastilles, trois autres types de motifs sont répandus : les oiseaux, les formes géométriques et les végétaux.

Les cloches
Pendues au cou des bêtes l’été et le long des granges l’hiver, les clochettes, clarines (en bronze), sonnettes ou sonnailles (« s’nailles », en acier) sont à la fois une source de fierté et un signe de richesse pour les alpagistes. Encore fabriquées de façon artisanale à Chamonix, elles sont indispensables pour signaler la position du troupeau et des bêtes qui se sont égarées. A Thônes, un bourrelier fabrique encore les magnifiques colliers pour sonnailles en cuir.
Les cloches Paccard résonnent, quant à elles, sur toute la planète (Liberty Bells aux Etats-Unis, cloche de la Paix à Hiroshima, la Savoyarde à Montmartre, etc.). La fonderie Paccard, créée en 1796, est la plus ancienne et la plus importante fonderie de cloches de France.


EMIGRATION

Petit à petit les artisans cessaient leur activité. Aussi les jeunes partaient-ils à Lyon ou Genève où le mot molardier n'était pas prononcé en vain, puisque c'est sur la place du molard qu'allaient se louer les ouvriers agricoles. L'émigration de la haute montagne venait du fait du long hiver pendant lequel, il fallait nourrir et entretenir; malgré tout, des familles nombreuses sans apport financier. Les uns partent dès la fin des travaux d'automne pour revenir au printemps : tels les colporteurs des Villards, de Magland ou de Valloire. Autre émigration lucrative : celles des maçons de la vallée du Giffre, qui eux, partaient en été. Hommes de métier, et de métier noble, bien organisés en confréries, ils surent se faire estimer en France et à l'étranger. Au XVIIe siècle, une émigration de la misère s'ajoute à cette émigration de qualité. Déjà à la fin du XVIe siècle, la plus grande ville savoyarde n'est plus Chambéry, mais... Lyon où un habitant sur cinq vient de Savoie. Néanmoins, les Savoisiens ne sont pas seulement portefaix ou manoeuvres, mais exercent cent quarante métiers différents notamment dans le textile et le bâtiment. Alors que le clergé essaie en vain d'empêcher les départs vers les pays "hérétiques", les souverains encouragent l'émigration saisonnière qui entraîne une rentrée d'argent, mais interdisent l'émigration définitive qu'ils considèrent comme une soustraction d'obédience. Au XVIIIe siècle, à cause du surpeuplement des régions de montagne, l'émigration prend une ampleur considérable. Si l'ancienne émigration des colporteurs en hiver et des gens de métiers en été se poursuit principalement vers la France, une nouvelle émigration de masse peuple Paris et les grandes villes françaises de travailleurs peu qualifiés tels les porteurs et les frotteurs. Fait nouveau : parmi ces gagne-deniers, toujours organisés en groupes très encadrés et solidaires, il y a de plus en plus de femmes et d'enfants... De saisonnière à dominante hivernale, cette émigration devient vite temporaire et même définitive. Comme la plupart des émigrants rapportent ou envoient de l'argent au pays, l'Etat sarde contrôle peu le mouvement migratoire.
Difficile de dresser un tableau complet de tous les émigrants. A côté de ses professions relativement lucratives, il y a eu des petits métiers et des émigrants gagne-petit. Munis de leur maigre baluchon, d'une faux, d'une pioche, leurs seules richesses et signes de leur savoir-faire, ils allaient labourer les vignes, aider aux foins, aux moissons, etc...bref accomplissaient les plus durs travaux, véritables "OS" de l'agriculture, logés à l'écurie ou à la grange, sans salaire parfois, simplement contre leur nourriture et leur "logement". Ces hommes comme les ramoneurs, occupaient le bas de l'échelle sociale dans la société des émigrants.

IMMIGRATION

C'est vers la même époque que d'autres savoyards suivirent le mouvement qui conduisit des centaines de familles du côté des Amériques. Le Canada, l'Argentine, accueillirent des familles entières des vallées de Bellevaux, Morzine ou Abondance et du plateau de Gavot. Certains villages allèrent en Algérie. Certains journaux suisses annonçaient des départs peu onéreux pour toutes ces destinations.. Parfois, ces émigrants lointains finissaient dans une misère plus grande que celle qu'ils avaient quittée chez eux. Certains eurent de quoi revenir, pris du mal du pays. La plupart, après avoir défriché des hectares de terres vierges, construit, établi des commerces, s'adaptèrent, acquirent une certaine aisance, firent même partie des édiles ou du gouvernement de leur nouveau pays. (tel Nicolas Girod de Cluses qui devient maire de La Nouvelle-Orléans en 1813)



Lorsque le bureau suisse Beck-Herzog, en mission pour le gouvernement argentin, a recruté des volontaires pour aller peupler les vastes étendues de la pampa, nombre de savoyards ont répondu favorablement, pour tenter leur chance là où leurs enfants auraient de l'avenir.Les témoignages ont encouragé d'autres savoyards à suivre cet exemple et s'il est impossible de donner un chiffre précis, aucun registre n'ayant été tenu, ils sont au moins mille voire deux mille concernés. Ils ont tout d'abord fondé la colonie San José, du nom du président, puis ce fut Colon, un port sur l'Uruguay, en 1860 et encore Villa Elisa (prénom de l'épouse du président) en 1890.

LES EFFEUILLES

La tradition pour les femmes et filles du bas pays était leur départ pour les effeuilles, au mois de juin, dans les grands vignobles des cantons de Vaud, de Genève ou du Valais, pour ôter les feuilles excédentaires qui font de l'ombre aux grappes qui commencent à grossir et les empêchent d'être à l'air et au soleil. Plus de quarante communes de l'arrondissement de Thonon fournissent des effeuilleuses au canton de Vaud au nombre de plusieurs milliers, et qui s'embarquent suivant le lieu de leur départ et celui de leur destination dans les différents ports de la rive savoisienne. En 1860, les effeuilleuses outre la nourriture et le logement percevaient en moyenne comme salaire la somme de 20 F. C'est ainsi que de Millerey, elles vont à Vevey, d'Evian à Ouchy, de Thonon à Rolle, Morges, St-Prex et d'Anthy-Séchy, Yvoire et Nernier à Nyon. Travail trés pénible, car l'ouvrière est penchée du matin à la nuit, la journée est longue et le soleil brûlant. Il dure en moyenne une vingtaine de jours après lesquels ils reviennent, la bourse garnie d'une petite somme qui apporte un bien être momentané dans la famille.

NOUVELLES LOCALES

  • La pêche : Les habitants du lac n'ont pas de chance cette année et les plus beaux se laissent prendre comme de simples sardines dans les filets de nos pêcheurs. Hier, c'étaient 2 brochets dont l'un pesant 9 kg, se laissait court-bouillonner avec aisance et facilité à l'Hôtel de France et l'autre se prélassait dans toute sa splendide voracité devant le magasin du sieur Braconnay, marchand de poisson. Il mesurait1m30 pour 16 kg. Aujourd'hui les curieux s'arrêtent devant le même magasin où l'on voit installées 2 truites monstrueuses dont l'une pèse 14 kg et l'autre 11 kg.
    Le Léman - 9 août 1863


  • Naufrage : Une grande barque Minerve chargée de gravier pour Genève est assaillie à hauteur de Corzent par une bourrasque de vaudaire (qu´ailleurs on nomme foehn), à 1 km. du large. L'eau plus le poids des pierres la coule par 80 mètres de fond. L'équipage (4 hommes dont le capitaine) se sauve sur le barquantin et peut arriver difficilement à gagner la rive. Perte : 8 à 9000 francs.
    L'Echo du Léman - 23 novembre 1913


  • Les effeuilles : Cette année la compagnie des vapeurs Chablais et Mnt-Blanc réunis dans le but d'être utile aux effeuilleuses et de leur faciliter les moyens de se rendre dans le canton de Vaud, a organisé un service de transport qui permet de s'embarquer sur tous les points de la rive française correspondant avec ceux de leur destination dans le canton de Vaud. Service à prix réduit.
    Le Léman - 2 juin 1869


  • Effeuilleuses : On demande 4 bonnes effeuilleuses connaissant bien la vigne pour faire une tâche de six poses. Prix : 50 F. par effeuilleuse + voyage payé. S'adresser à Ami Vulliez, à Crans (Vaud)
    Le Messager agricole - 27 avril 1907


  • Emigration : Départ régulier de Genève pour les deux Amériques, Mexique, Havane,Australie, La Plata, Pérou, Californie, aux prix les plus modérés. Le gouvernement offre gratuitement de vastes terres aux cultivateurs honnêtes et laborieux de préférence mariés avec famille. (40 ha par famille). S'adresser à Christ Simener, agent général d'immigration, rue de l'entrepôt;11,Genève.
    Le Léman - 20 août 1876


  • Colonie : Une lettre du 15 décembre de San José nous apprend que Monsieur François Crepy, de La Chapelle d'Abondance, doit revenir de San José (Argentine) Depuis 25 ans, il n'a pas mangé de vacherin.
    Le Chablais et l'Echo du Salève réunis - 14 février 1886

COMICES AGRICOLES ET FOIRES

Autorisée depuis 1724 par Louis XV

C’est en 1723, en Savoie sous le règne de Victor Amédée II, que Louis XV reçoit une supplique des habitants d’Abondance pour obtenir l’ouverture de deux foires le 27 mai et le 4 octobre et d’un jour de marché par semaine, ils argumentent qu’ils doivent se rendre à Thonon et Evian pour vendre leur produits ce qui leur coûtent cher en frais. L’avis est demandé à l’intendant de la province « Monet » qui répond favorablement précisant qu’il existe déjà deux foires dans la vallée en octobre à Vacheresse après la démontagnée à la Saint-Luc et le jour de la Saint-Denis à la Chapelle d’Abondance. La chambre des comptes demanda pour le bétail venant du Valais (Suisse) un dépôt de garantie consigné au bureau des douanes. La foire d’Abondance est depuis un événement incontournable du Chablais et l’occasion de se régaler du fameux « bouilli ».


NOUVELLES LOCALES

  • Le concours agricole : Le mercredi 3 octobre, Abondance était en fête à l'occasion du concours agricole. La veille , le Comité, plus nombreux qu'à l'ordinaire, après avoir traversé Vacheresse, escorté par la musique de cette commune, était arrivé à Abondance dans la nuit et avait reçu de M. le maire Folliet la plus cordiale hospitalité.
    Réveillé le matin du 3 au son des salves et des fanfares, le comité se rendait à neuf heures sur le local de l'exposition, accompagné par toutes les musiques de la vallée. Au milieu de cette belle place verdoyante, gracieusement décorée et pavoisée, s'étendant depuis la splendide entrée du vallon de Charmy, jusqu'au bourg d'Abondance, dominé et constitué en grande partie par l'imposante abbaye de ce nom, édifice déclaré depuis peu monument national, l'exposition présentait un ravissant aspect . Le concours réunissait :
    • 28 vaches laitières,
    • 9 taureaux,
    • 54 génisses,
    • 21 chevaux,
    • 7 laies et verrats,
    • 6 lots de moutons,
    • 4 lots de fromages de fruitière.
    Ici encore, comme à Boëge, le comité n'a eu qu'a s'applaudir d'avoir imposé, pour tout concurrent, la condition d'être membre du Comice ou de s'y annexer séance tenante ; car notre association qui n'avait que 22 membres dans le canton, en compte maintenant 65.Par suite des 2 concours de cette année, le comice est actuellement composé de 282 membres. Le Comité et le Jury choisi par les Maires et Adjoints du canton, ont été satisfaits de l'exposition des vaches et génisses, mais les autres catégories, celles des taureaux surtout n'ont pas répondu à l'attente générale.
    Heureusement les propriétaires intelligents sont nombreux dans la vallée, et il suffira certainement de signaler l'infériorité des taureaux reproducteurs pour l'effacer avant qu' il soit longtemps.
    Un banquet réunissait à une heure plus de 120 convives, parmi lesquels MM. les maires du canton, les exposants primés et les membres des musiques. M. Bartholomi, député de la Haute-Savoie, conseillé général d'Abondance et président du Comice, a chaleureusement rappelé les bienfaits et les progrès dont le département est redevable au nouveau régime qui a développé sur une si grande échelle les travaux publics dans notre pays ; il a fait voir comment, dans un avenir prochain, la vallée d'Abondance sera reliée aux deux villes du Chablais et au réseau de nos voies ferrées, par une route nouvelle qui est déjà commencée sur divers points et qui est l'objet de toute l'attention de l'administration ; lorsqu'il a montré enfin, combien de gloire, d'influence et de sécurité l'Empereur a rendu à la France, les cris unanimes de Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial ! ont éclaté de toutes parts.
    Plusieurs toasts ont ensuite été portés par les membres du Comité ; au Préfet de la Haute-Savoie, à M. le Sous-Préfet, ( ... ) et aux trois excellentes musiques de Vacheresse, de Châtel, et d'Abondance, par M. le président du Comice.
    Favorisée par un beau soleil qui étalait dans toute sa splendeur les pittoresques et sévères paysages de la vallée, organisée très brillamment par M. le maire d'Abondance, cette fête laissera un souvenir très agréable dans les annales du Comice agricole de Thonon.
    Le Léman - 7 octobre 1866


  • Thonon-les-Bains : Le premier livre du "Herd-book" (livre du troupeau) de la race chablaisienne dite d'Abondance vient de paraître. C'est un superbe volume donnant le signalement détaillé d'environ 2000 têtes de bétail inscrites au H.B au titre d'origine ainsi que la liste des propriétaires de ces superbes animaux de pure race.
    Le Léman - 1er mai 1898


  • Thonon-les-Bains : Selon la coutume pascale, MM. les bouchers de notre ville ont acheté pour la semaine de Pâques les plus beaux boeufs de la région, non seulement comme poids, mais aussi comme qualité.
    A un abattoir, on admirait de
    • M.M. Vernaz une paire de boeufs pesant 2270 kg., provenant de chez M. Joseph Balland, de Sciez ;
    • M. Leubaz une paire de boeufs pesant 1900 kg., vendue par M. Baudel, fermier de Mme Thiébaud de Larringes ;
    • et une seconde paire de 1720 kg. vendue par M. Pomel de Pessinge (Cervens) ;
    • M. Châtelet, une paire de boeufs pesant 1440 kg; prise chez M. Bochaton à Larringes.
    Voilà de merveilleux biftecks en perspective !
    Le Messager agricole - 30 mars 1907


  • Foires : Les foires de Châtel et de La Chapelle ont satisfait tout le monde. Beaucoup de transactions y ont été faites à des prix modiques, il est vrai, mais suffisamment rémunérateurs. D'ailleurs nos agriculteurs ne se montrent pas difficiles. Ils ont pu facilement, pendant l'été, entretenir dans les alpages un nombreux troupeau, mais à l'approche de l'hiver, ils sentent le besoin d'en éclaircir les rangs.
    La Croix de Hte-Savoie - 1er octobre 1893


  • Place de Crête Lundi 21 janvier, adjudication en deux lots, pour 3 années du bail à loyer : de la ferme des noix, feuilles et engrais de la place de Crête. Mise à prix : 25 francs. de l'emplacement nécessaire à l'établissement d'une cantine sur la dite place à l'occasion des fêtes et de la foire de Crête sur la mise à prix de 50 francs.
    Le Léman - 20 janvier 1884


  • Foire de Crête à Thonon : Favorisée par un soleil merveilleux, la foire de Crête, a attiré jeudi une foule innombrable de commerçants et d'agriculteurs.
    Cependant les transactions n'ont pas été actives en proportion. Plus de mille têtes de bétail étaient sur le champ de foire. Le plus beau lot était présenté par M. Richard Alexis, marchand de bestiaux bien connu.
    Une génisse superbe amenée par M. le comte de La Bédoyère a été acheté par M. Jacques Gerdil, de Sciez, au prix de 440 francs.
    • Les vaches se sont vendues de 300 à 500 F. ;
    • les boeufs de travail de 700 à 1000 F. ;
    • les génisses de 200 à 400 F. ;
    • les taureaux de 200 à 350 F. ;
    • les boeufs gras de 70 à 72 F. les 100 kilos ;
    • les cochons de lait de 25 à 35 F. pièce ;
    • les moutons de 29 à 40 F. pièce ;
    • les chèvres de 19 à 30 F. pièce.
    Les ustensiles de vendanges ne se sont pas tous vendus ; le prix en était moyen.
    Les instruments de vendanges étaient côtés :
    • bosses 40 à 45 F. ;
    • cuves 15 à 25 F. ;
    • brindes 15 à 20 F. ;
    • hottes 1.25 à 2.50.
    Nous publierons les prix pratiqués pour les blés, paille, etc... dans nos mercuriales de la semaine.
    Le Messager agricole - 16 septembre 1905





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